JEUNES AGRICULTEURS

Rencontre avec Norbert Gamon, éleveur de brebis laitières

Norbert Gamon a grandi sur l’exploitation familiale, à Gilhoc. Après un BEP Agro-équipements, il est finalement revenu à l’élevage, et a travaillé durant dix ans sur la ferme aux côtés de ses parents, Gilles et Françoise. « Je me suis installé en 2019, lors du départ à la retraite de mon père. Aujourd’hui, je suis seul sur l’exploitation, mais avec un bon entourage, et de gros aménagements ont été faits. Avec les voisins, on s’entraide, on se file des coups de main. Il y a une très bonne entente. »

Son exploitation ? « J’élève environ 350 mères, avec une centaine d’agnelles de renouvellement chaque année. » Norbert fait partie des rares éleveurs ovins du secteur à faire du lait. « Je livre ma production à la Fromagerie du Val d'Ormèze, qui est aux mains de mon frère et ma sœur… On ne peut pas faire plus local ! Il explique : La Fromagerie a été créée par mes parents. Auparavant, ils faisaient de la brebis viande, mais lors de la crise des années 1980, ils ont décidé de se tourner vers le lait et c'est à ce moment-là qu'ils l'ont créée. »

« Prendre soin du troupeau, mais aussi des terres ! »

Son troupeau ? « Je suis en 100 % lacaunes laitières, comme mes parents avant moi. J’ai amélioré le troupeau grâce à la génétique, et ça a bien fonctionné : la production laitière est passée d’environ 120 l /brebis à près de 320 l aujourd’hui. » Les brebis ont un agnelage par an, « fin août à début septembre pour les mères, puis en janvier pour les jeunes agnelles. Ce sont des périodes très chargées, c’est pourquoi je prends une employée pourles mises bas, pour faire téter les petits. »

Norbert Gamon possède 96 ha de surfaces entre Gilhoc et Colombier-le-Jeune, dont une vingtaine en céréales, 18 h de prairies naturelles, et le reste en luzerne. « Lorsque j’ai repris l’exploitation, j’ai décidé de reconcentrer les terres autour de la ferme, quitte à en abandonner certaines. C’est plus simple pour moi, d’autant plus que je suis seul. » Sur les traces de ses parents, le jeune éleveur est resté en bio, et va même plus loin. « Je ne laboure quasiment plus depuis 5 ans, je travaille les sols seulement superficiellement. Je m’inspire de l’agriculture de conservation, je fais beaucoup d’essais, je me remets toujours en question et j’essaie toujours de m’améliorer… j’adore ça ! » affiche ce passionné. Il enchaine : « On parle beaucoup de bien-être animal, mais il ne faut pas oublier de prendre soin de ses terres et de la vie qu'elles abritent. »

Objectif autonomie fourragère

Pour avoir du lait de qualité, l’alimentation des brebis doit être riche et de qualité. « L’an dernier, j’étais autonome en fourrage mais cette année, avec la sécheresse, il va manquer une centaine de tonnes en luzerne et prairies temporaires… On aura aussi des pertes en céréale. » Si le lait de brebis est bien valorisé, les prix des aliments a flambé, de même que toutes les charges. « Aujourd'hui je suis obligé d'acheter des concentrés pour avoir un bon niveau de production, mais cela me coûte toujours plus cher. » À l’avenir, il souhaite faire davantage de luzerne, méteil et protéagibeux et surtout investir dans le séchage en grange. « Cela me permettrait de gagner en qualité pour le fourrage et de diminuer l'achat de concentrés. »

Mylène Coste