LABLACHÈRE
Père et fille, main dans la main, pieds dans la vigne

Installé depuis 1989 à Lablachère, Jean-Luc Valette a accueilli sa fille Sarah, il y a près d’un an, sur l’exploitation viticole familiale. Salariée, la jeune femme fait ses premières armes dans le métier lors de cette phase « test »... avant de décider de la reprise ou non de l'exploitation. Portrait.

Père et fille, main dans la main, pieds dans la vigne
Diplômée de droit, Sarah Valette est revenue à Lablachère en mai 2022 pour faire ses armes dans le travail de la vigne.

Ce matin-là de février, nous retrouvons Sarah à la cave coopérative de Lablachère. « On retravaille les étiquettes et je donne un coup de main », explique-t-elle. Le retour de Sarah sur le domaine viticole familial ne date pas même d’un an, mais à la cave, tout le monde la connaît déjà. Il a fallu peu de temps pour que la jeune femme s’intègre à la petite famille coopérative.

Diplômée en droit, la jeune femme a travaillé pendant plusieurs années à Grenoble, dans un cabinet de notaire. « Mais être dans un bureau toute la journée, à gérer de la paperasse, ce n’était pas mon truc. J’ai vite compris que je ne resterais pas longtemps. » Après une expérience en station à Méribel, Sarah travaille à Vallon-Pont-d'Arc puis à Uzès, et se questionne sur l’avenir. « Mon père se rapprochant de la retraite, il commençait à s’interroger sur le futur de l’exploitation. Ma grande sœur, qui travaille à Paris, n’a pas a priori l’intention de revenir s'installer. La possibilité de reprendre était présente dans un coin de ma tête, mais sans être très concrète. L’approche de la retraite de mon père a un peu accéléré les choses… »

Une période de test pour se décider

En mai 2022, Sarah pose ainsi ses valises à Lablachère, où elle a grandi.  « J’ai commencé à travaillé avec mon père à ce moment là. Je me suis fixé les vendanges 2023 comme horizon, pour pouvoir prendre ma décision de faire mon expérience sur le domaine et de prendre ma décision de reprendre ou non. » Depuis lors, elle travaille comme salariée auprès de son père, qui lui apprend peu à peu le métier. « Je n’ai aucune formation agricole, donc j’ai tout à apprendre. » Épamprage, taille de la vigne, travaux d’entretien… La jeune femme se fait la main progressivement. « Je n’ai pas encore conduit la machine à vendanger, mais je commence à bien maîtriser le tracteur ! », s’amuse-t-elle.

L’agriculture, un vrai choix de vie

Reprendre ou non, son choix n’est pas encore fait. « J’ai toujours aimé le vin, mais aussi le travail de la terre, le végétal… Le métier a de vrais avantages : travailler en extérieur, près de la nature, pour soi… C’est très gratifiant. Il y a aussi des aspects plus difficiles : on est relativement isolés sur nos exploitations. Heureusement, il y a des lieux d’échange comme la cave coopérative, ou encore les Jeunes agriculteurs (JA). » Elle confie également : « Reprendre une exploitation, ce n’est pas un choix à faire à la légère. C’est engageant sur le long terme. » Elle sait toutefois que, retraité ou pas, son père ne sera jamais bien loin pour lui prêter main forte.

Mylène Coste

Carte d’identité

Sarah Valette incarne la 4e génération de l’exploitation familiale, implantée à Lablachère depuis presque un siècle. « Dans la famille, on a toujours travaillé la vigne. Mon grand-père Georges a rejoint la cave coopérative de Lablachère dès les années 1930. Il avait aussi quelques fruitiers, pêchers et fraisiers notamment, explique sa petite-fille. Dans les années 1980, à son retour du service militaire, il a commencé à renouveler le vignoble. » Un travail de replantation qui s’est poursuivi au fil des années.

Jean-Luc Valette s’est installé à son tour en 1989. Depuis la fin des années 1990, il se consacre exclusivement à la vigne, avec aujourd’hui 14 ha majoritairement en rouges (Gamay, Merlot, Cabernet, Grenache et Chatus) mais également blancs (Viognier, Chardonnay). L’exploitation écrit une nouvelle page de son histoire avec l’arrivée, temporaire ou pérenne, de Sarah. Et le renouvellement se poursuit : « Nous avons planté deux nouveaux cépages, Caladoc et Sauvignac. »

L’esprit coopératif, de père en fille !

Dans la famille Valette, la cave coopérative de Lablachère est une histoire qui suit les générations ! Preuve que les valeurs de coopération se transmettent, Sarah Valette semble avoir en hérité de la fibre. « J’ai rapidement appris à connaître les vignerons et l'équipe de la cave en travaillant à la réception des vendanges cet été, puis au caveau à l'automne. Ça m'a permis de m'intégrer plus rapidement et de voir d’autres aspects du métier à travers le travail en cave et la commercialisation. Ça donne un aperçu plus global et c’est vraiment intéressant. »