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Lavandin : la récolte bat son plein

La récolte de lavandin bat son plein depuis quelques semaines en Sud Ardèche. Les chaleurs un peu tardives ont légèrement retardé le début de cette campagne qui s’annonce satisfaisante. Le marché, quant à lui, est littéralement saturé…

Lavandin : la récolte bat son plein
L'Ardèche compte un peu plus de 580 hectares de cultures de lavande et lavandin, tenant le rang de 4e département français producteur.

Ancienne filière de niche, la lavande et le lavandin sont très prisés par les consommateurs ces dernières années et font l’objet d’une forte demande de la part des industries pharmaceutique et cosmétique. Dans ces conditions, ces cultures ont connu une forte expansion en France, avec une augmentation des surfaces de 47% en 10 ans et des prix très attractifs, entraînant une surproduction par rapport aux besoins.

Le département compte un peu plus de 580 hectares de cultures de lavande et lavandin, tenant le rang de 4e département français producteur. Et le marché du lavandin se dégrade fortement, alertant les producteurs ardéchois, dont le président de la Cuma de distillation de Saint-Remèze. « Nous espérons conserver notre potentiel pour maintenir l’activité de la Cuma. C’est notre patrimoine qui est en jeu et l’activité des futures générations. Nous avons toujours fait de la lavande ici. Si le marché continue de se dégrader, les producteurs vont se décourager », explique le président Pascal Franchi, producteur de lavandin sur une vingtaine d’hectares et viticulteur à Gras.

« Une bonne campagne »

Depuis début juillet, les premières semaines de récolte laissent entrevoir une belle campagne. « Les pluies sont arrivées au bon moment, à la pousse, et les chaleurs sont survenues un peu tardivement, mais cela a permis d’éviter de griller les épis », constate Sébastien Marquet, producteur de lavande et lavandin sur 12 ha et éleveur d’Aubrac à Gras. « La récolte a démarré le 8 juillet avec la lavande maillette, un peu plus tard que les années précédentes qui ont été très sèches. Ce devrait être une bonne campagne », ajoute Pascal Franchi.

35 tonnes d’extraits de lavandin ont été produits par la Cuma en 2020. « Une très belle année », précise son président, « mais les cours s’effondrent ! » Les inquiétudes se concentrent en effet aujourd’hui sur les prix et la commercialisation, face à un marché littéralement saturé. « En 2020, les prix du lavandin étaient de 24€/kg d’huiles essentielles au début de la récolte puis 16€/kg fin août. On sera peut-être à 12€/kg cette année, on ne le sait pas encore. »

Un rôle majeur dans l’économie agricole et touristique

Les cultures de lavandin et de lavande jouent aussi un rôle majeur dans le maintien et le développement de l’économie agricole et touristique. Elles permettent également à de nombreux agriculteurs de se diversifier, notamment en viticulture. « Les sols du plateau sont maigres, nous n’avons pas d’eau non plus. La lavande se suffit à ces terres et il y en a toujours eu ici. C’est une production complémentaire, on ne pourrait rien faire d’autres dans tous les cas », ajoute Pascal Franchi. « Les rendements de lavandin ne sont pas aussi importants qu’en vallée du Rhône ou sur des terres plus riches, entre 20 et 50€ / kg sur le plateau, d’où l’importance de pouvoir vendre à des prix satisfaisants et de les stabiliser pour maintenir les cultures et nos outils, que ce soit le matériel de récolte ou de distillation. »

A.L.

Photo de groupe
De gauche à droite : Georges Reynaud, retraité et travailleur bénévole à la Cuma de distillation, Sébastien Marquet, producteur de lavandin et éleveur d’Aubrac à Gras, Pascal Franchi, président de la Cuma, producteur de lavandin et viticulteur à Saint-Remèze, et la relève Jules Marquet, 11 ans.

ZOOM / Cuma de distillation de Saint-Remèze

La Cuma de Saint-Remèze distille la récolte d’une soixantaine de producteurs de lavande et lavandin installés sur un rayon de 30 km autour du plateau : de Vallon-Pont-d’Arc en suivant la Vallée de l’Ibie jusqu’à à Villeneuve-de-Berg, puis Saint-Thomé, Viviers, Saint-Montan, Saint-Just-d’Ardèche, Bidon et Saint-Remèze. En moyenne, elle produit entre 20 et 24 tonnes d’huiles essentielles chaque année. Après distillation, chaque adhérent gère la vente de sa production auprès de courtiers. Près de 80% de la production de la Cuma est destinée au secteur industriel pour la fabrication de lessives.