OVIN LAIT
Ils ont adopté la monotraite !

Mylène Coste
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Depuis un an, le Gaec Baud du Mas des Tilleuls (Saint-Étienne-de-Lugdarès) s’est converti à la monotraite. Cette nouvelle organisation, qui devait d’abord être temporaire, semble donner satisfaction. Témoignage.

Ils ont adopté la monotraite !
Brigitte, David et Didier Baud ont opté pour la monotraite il y a un peu plus d'un an.

Installé depuis 2001 à Saint-Étienne-de-Lugdarès, avec son épouse Brigitte, Didier Baud élève près de 300 brebis laitières. Leur fils David les a rejoints en 2018 dans cette aventure familiale. Une partie du lait est vendue à la Fromagerie des Monts de Margeride (Chaudeyrol), et l’autre est transformée à la ferme, en yaourts et en lait en bouteilles, vendus en circuits courts.

Durant plus de 20 ans, la vie de l’élevage familial a été rythmée par un rituel bien huilé : la traite du troupeau le matin, et la traite de fin de journée. Mais durant le confinement de mars 2020, au plus fort de la crise de la Covid-19, ce rythme a été quelque peu chamboulé : « Avec la crise, appréhendant des difficultés de commercialisation, nous avons décidé de réduire quelque peu la production pour éviter les stocks. C’est comme ça que nous sommes passés à la monotraite, le matin », explique Didier Baud.

Un troupeau en meilleure forme

Ce changement, qui devait être provisoire, a finalement perduré : « Depuis un an, nous sommes en monotraite, et on se rend compte que l’incidence sur la productivité des animaux a été très faible. Nous sommes restés quasiment sur les mêmes litrages, soit environ 230 l / brebis en moyenne, indique Didier Baud. La monotraite a même eu des effets positifs sur la santé du troupeau : nous avons supprimé la traite de 18 h, qui nous contraignait à rentrer les brebis en bâtiment aux heures où la fraîcheur commence à revenir, notamment l’été. Avec la monotraite, elles demeurent dehors deux heures de plus, et c’est souvent à ces heures de la journée, quand il fait frais, qu’elles profitent le plus des prairies pour manger. Je pense que nous y avons gagné en matière de qualité de la nutrition. On l’a même observé au niveau de leur état physique, les brebis semblent plus vigoureuses. Elles ont été en meilleure forme à l’automne. »

Le troupeau du Gaec Baud est divisé en deux lots, avec un agnelage à l’automne, et un second en hiver. « À l’automne également, les brebis ont pu bénéficier des repousses des pâturages pour pouvoir continuer à manger dehors, poursuit l’éleveur. La lactation s’en est trouvé améliorée, elle s’est maintenue plus longtemps avec la même productivité. Nous avons même eu un peu de mal à les tarir ! » Autre constat : les performances de reproduction semblent s’être améliorées, avec « une arrivée des chaleurs plus facile au contact du bélier ». 

Un gain de confort pour les éleveurs

Si le troupeau semble moins stressé depuis la suppression de la traite du soir, les éleveurs aussi ont gagné en confort au travail. « Cela nous permet de dégager du temps pour l'activité de transformation, la commercialisation et les autres travaux de la ferme, ou tout simplement pour avoir un peu de temps pour nous », souligne Didier Baud. Il conclut : « Nous avons encore peu de recul, mais pour l’instant, le passage à la monotraite a eu des effets plutôt positifs ! »

Mylène Coste

Monotraite : les éléments à connaître

Le passage à la monotraite peut apporter de nombreuses améliorations, concernant principalement l’état sanitaire des animaux et leurs performances de reproduction. Si la monotraite est adaptée pour des régimes pâturants, elle ne convient pas à un régime très énergétique, où le maïs ensilage serait majoritaire. Il convient donc d’adapter l’alimentation, et de supprimer les concentrés de production dans la ration. Outre les effets positifs sur la pénibilité du travail de l’éleveur, d’autres effets sont à prendre en compte à commencer par une baisse de la production laitière, qui peut varier d’un animal à l’autre. La monotraite peut aussi constituer un facteur aggravant en matière de concentrations cellulaires ; d’où l’importance d’estimer la situation cellulaire du troupeau avant de se lancer.  

Didier Baud et son fidèle compagnon à quatre pattes.
Didier Baud et son fidèle compagnon à quatre pattes.