PETITS FRUITS /
La saison des cerises est lancée !

Anaïs Lévêque
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PETITS FRUITS / Dans le sud du département, la récolte de cerises a démarré cette semaine et suit un protocole sanitaire strict. Malgré les difficultés posées en matière de recrutement, de travail et de commercialisation, les arboriculteurs restent optimistes.

Les pluies de fin mars permettent d'envisager une belle récolte de cerises. Elle a commencé cette semaine à Orgnac-l'Aven chez Christel Cesana.

Sur une quinzaine d'hectares de cerisiers à Orgnac-l'Aven, Christel Cesana vient tout juste d'entamer la cueillette des cerises précoces. « Cette année, on s'attend à un petite récolte dans l'ensemble. Il y a eu une mauvaise floraison puis le gel et le froid qui ont impacté les vergers. Les pluies ont un peu fendu les premières cerises aussi mais nous avions trop besoin de cette eau qui servira pour les prochaines cerises. » Dans le secteur d'Aubenas, la cueillette des cerises commencera d'ici trois semaines. Là aussi, les pluies de fin mars permettent d'envisager une belle récolte.

« Il faut tout apprendre ! »

Avec la fermeture des frontières, elle n'a pas pu faire appel à son équipe de salariés espagnols qu'elle emploie habituellement. Le recrutement est local cette fois-ci pour une récolte envisagée sur trois semaines. Une vingtaine de salariés locaux sont au rendez-vous : « Ce sont que des personnes qui n'ont jamais ou peu travaillé sur des cerises. Il faut tout apprendre ! C'est difficile car c'est un fruit minutieux. Il ne faut surtout pas écraser les cerises sinon elles ne se conservent pas, cueillir seulement les mûres, trier, trier... » Elle ajoute avec humour : « Je suppose qu'ils ne vont pas ramasser 10 ou 12 kilos de cerise à l'heure tout de suite ! »

Sur les secteurs où la cueillette commencera d'ici trois semaines, les recrutements ne sont pas finalisés. « Nous avons des appels de personnes souhaitant travailler mais c'est compliqué car il faut avoir le temps de former ceux qui ne sont pas habitués à ce travail méticuleux, s'assurer qu'ils soient disponibles sur toute la récolte, qu'ils ne décident pas finalement que ce travail ne leur convient pas, pour des raisons de pénibilité, d'horaires ou autres... Toutes les dispositions à mettre en œuvre sur l'exploitation ne facilitent pas la tâche non plus, les informations changent tous les jours... », indique Bernard Habauzit qui cultive 2,5 ha de cerisiers à Vesseaux.

Eviter la contagion de toute l'équipe

La propagation du virus sur un chantier de récolte peut poser d'importants problèmes sanitaires et mettre en péril la récolte. « Nous mettons tout en œuvre pour éviter une contagion de l'équipe. Si l'un de nos salariés attrape ce virus, nous devrons tout arrêter. Toutes les personnes qui l'auront côtoyé seront confinées », indique Christel Cesana, qui appelle au bon sens et à la prudence de chacun.

Comme dans toutes les filières, les amplitudes horaires sont modifiées, les embauches décalées, les pauses fractionnées, le temps dédié au nettoyage augmenté, afin de limiter les contacts entre les personnes. « Nous devons suivre tout un protocole communiqué par la MSA, la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), la FNSEA. Nous mettons à disposition du matériel individualisé pour chaque salarié – escabeau, panier, etc – ou avoir un bidon d'eau et du savon à disposition pour se laver les mains... » Les consignes sont très nombreuses (voir ci-contre). « Dans les vergers, nous faisons des groupes de 3 à 4 personnes maximum. Nous n'hébergeons personne et chaque salarié utilise sa voiture, ajoute Christel Cesana. Sur le port du masque : À ce jour, il n'est pas obligatoire dans les champs si une distance d'un mètre entre les individus est respectée ».

« On ose être optimiste »

Malgré les difficultés que pose les consignes sanitaires actuelles, « nous y arriverons », ajoute-t-elle. « Je pense que tout est faisable. C'est plus la pression psychologique qui dérange car elle demande beaucoup d'énergie mais on ose être optimiste et espérer que les consommateurs se jetteront sur les cerises ! »

Comme dans de nombreuses filières actuellement, la perturbation des circuits de commercialisation inquiète. En 2019, les cerises se sont vendues à 3 € le kilo en moyenne : « Les prix étaient très bas sur les premières cerises puis le marché s'était un peu soutenu. Nous avions eu du vent, la qualité n'était pas au rendez-vous », explique Christel Cesana. « Cette année, j'espère qu'on dépassera au moins les 3,5 € - 4€ / kg. Rien n'est sûr pour le moment. »

Les arboriculteurs espèrent que l'achat de fruits locaux sera privilégié par la clientèle. Ils s'attendent à vendre surtout en grande et moyenne surface. Pour les petits calibres qui se valorisent bien sur des marchés de gros habituellement, tout dépendra de l'évolution du déconfinement d'ici fin mai et fin juin. Même inquiétude concernant l'export. Quant au secteur de la restauration qui n'ouvrirait pas avant début juin selon les dernières annonces gouvernementales, la saison des cerises sera passée de moitié.

Anaïs Lévêque

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