ÉLEVAGE
Abattoirs : un maillon essentiel pour la filière

Pauline De Deus
-

L’Ardèche dispose de deux abattoirs, à Annonay et Aubenas. Au total, plus de 5000 tonnes de viande sont traitées chaque année dans ces deux outils.

Abattoirs : un maillon essentiel pour la filière
Avec plus de 1200 éleveurs de vaches et brebis allaitantes en Ardèche, les outils d'abattage sont essentiels.

Abattoir d’Aubenas : moderne et efficace

Chaque année, plus de 3900 tonnes de viande transitent par l’abattoir d’Aubenas. Des porcs surtout (2060 tonnes) mais aussi des bovins (1050 tonnes), des veaux (230 tonnes), des brebis et agneaux (560 tonnes) et quelques caprins (12 tonnes). Depuis une dizaine d’années, beaucoup de choses ont changé pour la structure. La fermeture de l’abattoir de Privas, d’abord, a incité beaucoup d’éleveurs à se tourner vers cet outil sud-ardéchois (une centaine de tonnes supplémentaires). Un nouveau grossiste a aussi poussé les portes de l’abattoir municipal albenassien. Les volumes traités ont ainsi progressé de 20 % en 10 ans.

« On est au maximum de la capacité prévue pour l’abattoir, précise André Loyer, 1er adjoint à Aubenas, notamment en charge de l’abattoir. On peut encore répondre aux besoins des éleveurs s’il y en a davantage, mais disons qu’on ne cherche pas 500 tonnes de plus. » L’évolution de l’activité a ainsi permis à la structure de s’équilibrer financièrement. « C’est important d’avoir un tonnage qui permet de rationaliser l’outil. Désormais, les finances de l’abattoir ne reposent plus sur des subventions communales, les comptes sont équilibrés et l’excédent qui est dégagé permet d’assurer la maintenance », détaille encore l’élu sous le contrôle d’Angélique Arsac, en charge de l’administration et de la gestion de l’abattoir. Un équilibre financier qui permet aussi d’employer 21 salariés à plein temps.

Une régie municipale

Cerné par les champs, l’abattoir d’Aubenas bénéficie d’un espace de choix. Les bâtiments, construits dans les années 1990 au quartier Saint-Pierre, facilitent le passage des camions sans créer de nuisance pour les riverains. Auparavant géré par un grossiste dans le cadre d’une délégation de service public, l’abattoir municipal est repris à 100 % par la ville d’Aubenas en 2012 (en régie directe). Un fonctionnement qui permet notamment d’assurer un service équitable pour tous les clients. « On est en dehors de tout circuit de commercialisation… C’est plus sain », résume l’élu en charge de l’abattoir.

Depuis la reprise, l’abattoir a connu de nombreuses rénovations. Un espace de stabulation pour réceptionner les animaux a notamment été créé, de même que des zones ombragées et ventilées pour améliorer le confort des bêtes et être en conformité avec la loi. « Nous avons également fait un certain nombre de travaux pour réaliser des économies d’eau et d’énergie », ajoute André Loyet. Ainsi, le nettoyage de l’abattoir est aujourd’hui effectué grâce à la récupération d’eau pluviale. Et si la structure n’est pas épargnée par la hausse du coût de l’énergie, la commune d’Aubenas cherche à proposer des tarifs accessibles à tous. « On a dû ajuster nos tarifs, mais on essaie toujours de les minimiser tout en a ayant un travail de qualité, assure André Loyer. Car c’est le seul abattoir de basse Ardèche… C’est un équipement de territoire essentiel. »

Annonay : un abattoir essentiel à l’économie locale

À 80 kilomètres à la ronde, c'est une trentaine d'éleveurs habituels et de nombreux particuliers qui travaillent avec l’abattoir d’Annonay. Cet outil de proximité est principalement dédié aux circuits courts et à la consommation locale. Le responsable actuel de la Société d’exploitation des abattoirs d’Annonay, Philippe Fauvet, est d’ailleurs lui-même éleveur et boucher dans le secteur. C’est dans les années 1990 que cette structure municipale a été reprise par une société de bouchers du secteur.

Aujourd’hui, l’abattoir traite 1500 tonnes de viande par an, « mais il a été conçu pour 2000 tonnes », précise Philippe Fauvet. Des porcs (près de 900 tonnes), des bovins (400 t), des veaux (150 t) et des ovins (50 t). Quelques caprins sont également acceptés, mais uniquement les semaines autour de Pâques.

S'adapter pour répondre aux normes

Si la structure affiche un chiffre d’affaires annuel de 800 000 €, atteindre l’équilibre économique n'est pas chose aisée. Avec une facture énergétique qui a doublé en un an, « on ne sait pas trop où on va », confie le gérant. L’atmosphère « anxiogène » de la filière est aussi inquiétante. « Entre les départs à la retraite qui arrivent et l’arrêt de certaines filières, comme les bovins lait, on se pose beaucoup de question », poursuit Philippe Fauvet.

Malgré tout, la société des abattoirs d’Annonay continue de s’adapter pour répondre aux normes et aux besoins des éleveurs. L'entreprise a pour projet d'équiper la structure en vidéo protection. Elle souhaite aussi moderniser le couloir d'amenée des animaux afin de sécuriser l'acheminement des animaux jusqu'au box d'assomage.

Pauline De Deus

Abattoir autogéré : un projet abandonné
L'abattoir de Privas a fermé ses portes en janvier 2022.

Abattoir autogéré : un projet abandonné

Après la fermeture de l'abattoir de Privas, en janvier 2022, plusieurs éleveurs ont manifesté une volonté de voir émerger un nouvel outil de proximité. « Depuis la fermeture, on fait plus de kilomètres et on perd une demi-journée pour aller faire abattre nos bêtes à Aubenas ou Romans-sur-Isère... Mais on se débrouille toujours », témoigne Laurent Cointe. Éleveur à Saint-Lager-Bressac et lui-même engagé dans la création d'un abattoir autogéré, il a aujourd'hui laissé tomber ce projet faute de soutien. « Ce n'est plus d'actualité, assure-t-il. Mais on croise les doigts pour qu'Aubenas ne ferme pas. Quand on travaille en vente directe, on dépend énormément des outils de proximité. » L'abattoir de Privas était le plus petit du département avec un volume d'environ 200 tonnes de viande traitée chaque année pour le compte de plusieurs dizaines d'éleveurs. Aujourd'hui, la majorité s'est tournée vers Aubenas pour l'abattage des animaux. 

Les autres outils d'abattage en Ardèche
L'Ardèche compte près de 150 éleveurs de poulets de chair.
VOLAILLES

Les autres outils d'abattage en Ardèche

D'après le dernier recensement agricole, plus de 900 000 volailles de chair sont élevées en Ardèche (contre 700 000 en 2010). Localement, quatre outils d'abattage répondent aux besoins de cette filière.

Les Fermiers de l’Ardèche à Félines

L'outil le plus important est celui des Fermiers de l'Ardèche. Sur ce site basé à Félines, en Nord Ardèche, 120 000 volailles sont abattues chaque semaine (85 % poulets labels, 9 % poulets bio et 6 % pintades labels). La viande est ensuite conditionnée sur le site puis expédiée dans toute la France. Les deux gammes principales sont l'IGP Ardèche et Traditions du Sud Est. Cet outil répond aux besoins de 250 éleveurs, situés à maximum 3 heures de route de l'abattoir. Au total, 150 salariés permanents travaillent aux Fermiers de l'Ardèche, ainsi qu'une trentaine d'intérimaires.

Abattage de volailles du Val d'Ay

L'abattage de volailles du Val d'Ay a été lancé en 2011 à Quintenas. Aujourd'hui, la Sarl est gérée par deux éleveurs du secteur et une vingtaine d'éleveurs profitent aussi des prestations de services (une dizaine régulièrement). Chaque année, environ 170 tonnes de volailles sont abattues sur le site, principalement des poulets (130 t), mais aussi des pintades (40 t), ainsi que des canards et poules de réformes (8 t). Quelques lapins sont aussi traités plus marginalement (50 kg par an). Depuis six mois, un atelier de transformation a aussi été ouvert au sein de la structure. Au total, six salariés y travaillent ainsi que deux bouchers autoentrepreneurs.

Esat Saint-Joseph à Veyras

Au domaine de la Barèze à Veryas, la filière viande a toujours représenté une activité importante. Cette structure, gérée par l'hôpital Sainte-Marie, est aujourd'hui l'Esat Saint-Joseph : un établissement ou services d'aide par le travail. Il y a deux ans, l'abattoir de l'Esat a été déplacé et modernisé pour développer cette activité. Aujourd'hui, des prestations sont proposées aux éleveurs et particuliers du secteur pour l'abattage de leurs volailles (sur rendez-vous). Environ 30 000 volailles sont traitées annuellement, un chiffre en constante augmentation. Cet outil est aussi utilisé pour les poulets de chair élevés en interne, au domaine de la Barèze. Selon les demandes des clients, la viande peut également être transformée sur place dans un atelier dédié. Au total, une dizaine de personnes, réparties en deux équipes, travaille à l'abattoir de l'Esat.

Le Plumadou à Lablachère

À Lablachère, l'outil d'abattage et de transformation Le Plumadou est installé depuis les années 1990. En 2021, quatre éleveurs du secteur ont racheté la structure en SAS. Actuellement, seuls ces quatre éleveurs abattent leurs animaux au Plumadou. Un jour par semaine, ils traitent entre 250 et 300 volailles. Ces volumes pourraient être largement augmentées, en utilisant l'outil chaque jour de la semaine, mais pour cela, il faut des éleveurs intéressés pour abattre eux-mêmes leur viande. Sans compter, qu'ils doivent au moins être quatre sur place pour faire fonctionner la chaîne. Aujourd'hui, aucune activité de prestation n'est proposée, faute de moyen humain.