AUBRAC
Une race docile et des éleveurs passionnés

Jeudi 1er décembre, le Syndicat Aubrac ardéchois s'est réuni chez Stéphane Blanc au Crestet. L'occasion pour ces éleveurs de rappeler l'importance de la race Aubrac en Ardèche, toujours plus présente et plus adaptée à nos territoires.

Une race docile et des éleveurs passionnés
Fondé en 2018, le syndicat Aubrac ardéchois compte une vingtaine d'adhérents qui se retrouvent environ 4 fois par an pour des journées techniques, des voyages et autres évènements.

En quelques années seulement, l'Aubrac s'est imposée comme la première race de vaches allaitantes en Ardèche. Il y a aujourd'hui 6300 femelles sur l'ensemble du département, dont 3400 vaches mères. « C'est une race rustique, facile à élever, elle a de bonnes capacités de vêlage et elle s'adapte à tous les terrains. » Alain Benoit ne tarit pas d'éloge sur sa favorite. Président du syndicat Aubrac ardéchois, il a hérité sa passion de son père. « L'un des premiers, dit-il, à travailler avec des aubracs et à s'intéresser à la génétique de la race en Ardèche. »

Un pionnier en Ardèche qui a été suivi par d’autres éleveurs. Au Crestet, Stéphane Blanc s’est lancé dans l’aventure il y a 15 ans. Cet arboriculteur a commencé par 2 vaches, puis 10… Il élève aujourd’hui une 50aine d’aubracs dont 28 mères rigoureusement sélectionnées pour leurs qualités génétiques. Depuis, son fils Corentin l’a rejoint et il l’a même poussé à participer à des concours.

Une viande tendre

Les éleveurs d'aubracs croient en l'avenir de cette race, particulièrement en Ardèche. « C'est une des races qui s'adapte le mieux aux problématiques de sécheresse. Elle est peu gourmande et elle arrive quand même à produire du lait pour nourrir son veau », souligne Alain Benoit. Les effectifs donnent raison au président du Syndicat Aubrac ardéchois : + 65 % en Ardèche en l'espace de 10 ans et + 50 % sur l'ensemble du pays.

Outre leurs avantages biologiques, les qualités bouchères des aubracs font aussi la renommée de la race. « Il n'y a pas autant de viande que dans une charolaise mais elle est appréciée pour son rendement car elle a moins d'os que d'autres races. C'est une viande goûteuse, tendre et persillée… Une viande qui plaît », assure Alain Benoit.  

Pauline De Deus

Des Aubracs sans corne

Depuis quelques années, des Aubracs sans cornes voient le jour en France. « Cela concerne plutôt les éleveurs qui travaillent dans des périmètres serrés en stabulation libre », explique Alain Benoit, président du syndicat Aubrac ardéchois. « Ça permet d'éviter qu'elles ne se blessent entre elles ou blessent l'éleveur, mais ça enlève aussi une partie de l'authenticité et de la beauté de la race. » Autre problème : la génétique. « Utiliser des taureaux avec des gènes sans corne c'est repartir du début dans la sélection », fait remarquer le président du syndicat. Facilité d'élevage et nouveaux marchés au détriment d'une certaine qualité génétique ? En Ardèche, la question ne se pose pas ou peu. Avec le relief, les élevages extensifs dominent et 99 % du cheptel local disposent de belles cornes en lyre.

Les critères d'une bonne reproductrice
RACE

Les critères d'une bonne reproductrice

Après l'assemblée générale, les adhérents ont assisté à une démonstration de pointage de l'organisme de sélection de la race Aubrac. Une technique qui permet de classer ses bêtes selon leur morphologie.

Une vache racée

Une robe nuancée qui peut aller du froment au gris pâle, des yeux maquillés de noir et entourés d'une auréole blanche, des cornes en lyre et du noir aux extrémités (queue, cornes, mufle, oreilles, sabots)... Si votre vache coche toutes ces cases, il n'y a pas de doute : c'est une aubrac pure race !

Une allure soudée et trapue

Musclée, une culotte large et épaisse, bien descendue sur les jarrets, une ligne de dos bien tendue et une ligne de dessous proche du sol, des hanches développées... Des caractéristiques qui sont le marqueur d'une aubrac remarquable pour ses facilités de vêlage, sa valorisation des fourrages et pour ses qualités bouchères.

Une bête rustique

Des pattes courtes, des jarrets sains, des ongles noirs... Ce sont les signes d'aplombs solides. Grâce à ces qualités, l'aubrac se déplace aisément dans des grands espaces et elle peut aussi prendre du poids sans en souffrir. On parle même d’une vache accordéon, capable de perdre ou de prendre du poids selon les saisons. Quand elle allaite, notamment, l’aubrac met tout ce qu’elle mange dans le lait et elle retrouve son état normal une fois tarie.

Corentin Blanc aux côtés de ses jeunes Aubrac, fraîchement dressées.

L’inflation n’épargne pas les éleveurs

« On est étouffé par tout ce que l’on achète », regrette l'éleveur Corentin Blanc, au Crestet. Les engrais, le gazole, le matériel, tout a connu une augmentation ces derniers mois. Malgré la hausse des cours de la viande, leur revenu n’a pas augmenté, au contraire. D’autant qu’en Ardèche, nombre d’éleveurs d’aubracs vendent en direct. « Je vais essayer d’augmenter un peu mes prix mais ce n’est pas évident. Ou bien en allant vendre plus loin mais ça veut dire aussi plus de frais... » Comme beaucoup d’éleveurs, le jeune homme s’interroge sur la stratégie à adopter.

En quête d’autonomie

Pour l'heure, la famille Blanc pense à couper une partie de ses 12 ha de cerisiers. Les surfaces libérées par les arbres seront utilisées pour renforcer l’autonomie de l’élevage. Avec 50 ha de pâturage et 15 ha de terres irriguées dédiées au fourrage, la ferme dispose des ressources nécessaires pour l'alimentation en herbes. En revanche, la paille et les céréales doivent pour l'instant être achetées. « On veut optimiser au maximum nos ressources et acheter le moins possible », insiste Corentin.

Se lancer dans d’autres cultures ? Evidemment la question se pose. « On y réfléchit tous les jours », assure Corentin. « Mais il faut se diversifier sans s’égarer pour autant », avertit-il. Mais quoi qu'il en soit, pas question de décapitaliser son cheptel : « On passe du temps avec nos bêtes, on les dresse… Il y a de l’attachement ! »

PDD