TERRITOIRE
Les priorités agricoles de la préfecture

Pauline De Deus
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Aide d’urgence viticole, simplifications administratives, plan loup, ou encore usage de l’eau, la préfète de l’Ardèche, Sophie Elizéon, revient sur les actions menées en faveur de l’agriculture après les mobilisations agricoles du début d’année.

Les priorités agricoles de la préfecture
La préfète, Sophie Elizéon, entourée de la sous-préfète de Privas, Isabelle Arrighi, de Gwenn Jeffroy, directeur de cabinet de la préfète et de la directrice départementale de la sécurité publique, Christelle Pinchon.©AAA_MMartin

Des mesures d’urgence et de simplifications mises en route

Dès la fin des mobilisations agricoles, la première mesure mise en place en février a été une aide d’urgence de soutien aux exploitations viticoles les plus en difficulté. L’Ardèche a été dotée d’une enveloppe de 1,45 million d’euros, sur une enveloppe globale nationale de 80 millions d’euros. Environ 100 bénéficiaires ont été concernés par ces aides, versées mi-avril.

Autre sujet étendard des revendications des agriculteurs, la demande de simplification administrative et de l’empilement de normes au quotidien. Sur ce thème, plusieurs adaptations locales ont été mises en œuvre depuis le début de l’année. Une révision de l’arrêté cadre des baux ruraux pour que soit plus accessible la contractualisation entre un agriculteur et un propriétaire a été actée. L’arrêté est prévu pour cet automne.

Du côté de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, celle-ci s’est engagée à trouver des pistes pour accompagner les récents installés en difficultés administratives.

Concernant l’usage de l’eau, la préfète Sophie Elizéon a rappelé les enjeux. « Depuis la signature du protocole sur les retenues en 2021, nous avons un double objectif : ramener dans la conformité les retenues qui continuent de prélever en période d’étiage et accompagner l’agrandissement ou la création de retenues. » Quinze retenues ont été créées ou agrandies depuis juillet 2021. Sur les quinze signatures d’autorisation, la préfète de l’Ardèche, depuis son arrivée, en a signé cinq.

La procédure a été simplifiée pour la création ou l’agrandissement de retenues dans certains cas, afin d’accélérer les projets. Selon les enjeux environnementaux, l’autorisation via des arrêtés préfectoraux ne sera plus automatique, il suffira d’effectuer un dossier de déclaration.

Un contrôle sur l’origine des produits alimentaires agricoles accru

Concernant les contrôles de loyauté de l’information sur l’origine des produits agricoles alimentaires, plusieurs visites dans des établissements ont été menées. Depuis le 1er janvier 2024, 37 visites ont eu lieu dans 24 établissements, 38 % étaient en anomalie. Les suites données portent principalement sur des défauts d’affichage dans l’origine des viandes ou encore des origines erronées sur des fruits et légumes de la grande distribution.

Loup : « La question du zonage et des cercles sont sur la table »

Actualité oblige, devant les attaques de loup non écarté de ce début d’année, la préfète Sophie Elizéon, a longuement évoqué la situation qui cristallise les inquiétudes des éleveurs et éleveuses autour du loup et ses conséquences sur le pastoralisme ardéchois.

Si elle a d’abord rappelé les nouveautés du plan loup 2024-2029 autorisant en fonction des situations et sous réserve de formation, les tirs à plusieurs et la possibilité pour l’OFB et les louvetiers d’opérer des tirs nocturnes, elle n’est pas revenue sur les délais de ces formations, qui devraient s’organiser en partenariat avec la chambre d’agriculture et la fédération des chasseurs.

Pourtant, les syndicats agricoles s’impatientent. Dans un communiqué publié jeudi 2 mai, la FDSEA et JA (Jeunes agriculteurs) Ardèche pressent les services de l’État de mettre en place des actes sur des sujets, évoqués, selon les syndicats, par les services de l’État comme la formation ou l’entrée de l’ensemble du territoire en cercle 2 du zonage des aides à la protection des troupeaux contre la prédation du loup. « Les travaux ont été entamés, avec au moins trois sessions de formation qui pourraient être délivrées. La question du zonage et des cercles sont sur la table », a précisé la préfète.

Le 7 mai a été organisée une réunion entre éleveurs et services de l’État afin d’entrevoir ensemble une mise en action concrète des mesures de protections demandées.

En 2023 selon la préfecture, il y a eu 34 constats et 17 attaques de loup non écarté. « Cette année, on est déjà à 14 », pointe la préfète. « Nous devons envoyer un message d’inhospitalité. Aujourd’hui, la protection contre le loup ne vise pas à l’éliminer, mais vise à protéger les élevages avec une posture graduée, les éleveurs vont devoir s’adapter en misant sur plusieurs solutions. »

M.M.