BRÛLAGE
« Les agriculteurs ne sont pas inconscients »

Propos recueillis par Marin du Couëdic
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Alors que la préfecture de l’Ardèche a prohibé l’emploi du feu sous toutes ses formes entre le 1er et le 9 février, Mickaël Giraud, éleveur ovin à Saint-Joseph-des-Bancs, rappelle l’importance du brûlage pastoral.

« Les agriculteurs ne sont pas inconscients »
Mickaël Giraud.

Quel est l’intérêt du brûlage pastoral ?

Mickaël Giraud : « Le brûlage reste une pratique très importante sur nos territoires de pentes. C’est une méthode d’entretien irremplaçable pour les zones agricoles non mécanisables. Nous aimerions bien passer le broyeur partout sur nos parcelles mais ce n’est pas possible ! Quant au pâturage, il permet de limiter l’expansion des végétaux mais ne suffit pas à leur régénération. Le brûlage présente aussi un intérêt pour les territoires comme la prévention des incendies et l’ouverture des paysages. »

Quel est votre sentiment face à cette interdiction de l’emploi du feu ? (abrogée depuis le 9 février 2022)

M.G : « Le risque avec cet arrêté, c’est de décaler la saison de brûlage agricole qui se pratique habituellement en ce moment, lors du repos végétatif hivernal. Les végétaux ont d’ailleurs beaucoup poussé l’année dernière, avec l’été relativement humide et chaud que nous avons connu en Ardèche. Si nous n’avons pas la possibilité de brûler au bon moment, nous risquons de le faire à d’autres périodes moins adaptées, au printemps par exemple, où le brûlage sera moins efficace et plus difficile à maîtriser. »

Les agriculteurs semblent pointés du doigt à travers cette décision…

M.G : « Les agriculteurs ne sont pas inconscients. Ils respectent la réglementation en la matière et font tout pour réduire les risques en privilégiant l’hiver et en ne brûlant pas les jours de vent. Un brûlage, ça se prépare aussi en amont avec le débroussaillage autour des clôtures, la déclaration du feu auprès des pompiers et la mise en place des coupe-feux par exemple. La plupart des débordements, dont ceux constatés ces dernières semaines, viennent des rares particuliers qui brûlent des déchets verts. Au final, ce sont les agriculteurs qui payent. Le printemps arrive et le travail n’est pas fait. »

L'emploi du feu réautorisé pour les agriculteurs et forestiers

L'emploi du feu réautorisé pour les agriculteurs et forestiers

RÉGLEMENTATION / Le préfet de l’Ardèche a abrogé mercredi 9 février l’arrêté préfectoral qui interdisait temporairement l’emploi du feu sous toutes ses
formes sur l’ensemble du département.

Après neuf jours d'interdiction, la préfecture de l'Ardèche a a réautorisé ce mercredi 9 février 2022 l'emploi du feu sur le département, sous des conditions strictes. « Seuls les agriculteurs et les forestiers sont à nouveau autorisés à incinérer les végétaux et leurs rémanents générés dans le cadre de leurs activités professionnelles », rappelle la préfecture.

Ces opérations, lorsqu’elles sont situées à moins de 200 m des bois, forêts landes, maquis et plantations forestières sont soumises à déclaration préalable en mairie et ne sont possibles qu’en dehors de la période estivale (1er juillet au 30 septembre).

Dans toutes les autres situations, le brûlage par les particuliers, les entreprises ou les collectivités de tous les déchets y compris les déchets de végétaux issus de travaux de jardinage ou d’entretien d’espaces verts reste interdit sur tout le département, comme sur l’ensemble du territoire national. En plus du risque de départ de feu qu’ils occasionneraient, de tels brûlages seraient responsables de l’émission de divers polluants, dont des particules fines et autres composés cancérigènes, entraînant un risque accru pour la santé.

Alors que plusieurs départs de feu ont nécessité l’intervention des pompiers et qu'une soixantaine d'hectares ont déjà brûlé depuis le début de l’année 2022, la préfecture avait motivé sa décision d'interdire l'emploi du feu sous toutes ses formes, le 1er février, par des conditions météorologiques défavorables (rafales de vent) et par « une mauvaise appréciation du risque lors de l’usage du feu, le non-respect des règles de sécurité et parfois même le non-respect de la réglementation dans le cas des brûlages de déchets verts ».