SYNDICALISME
Des avancées encore attendues sur les prix

Sophie Chatenet
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SYNDICALISME / Les élus de la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes se sont retrouvés en début de semaine à Aubière. Alors que les prix des produits à la consommation ne cessent de progresser, avec un bénéfice très limité voire inexistant pour les producteurs, le réseau réclame l’application de la loi alimentation.

Des avancées encore attendues sur les prix
Le réseau FRSEA Auvergne Rhône-Alpes réclame une application sans délai de la loi alimentation pour sortir de la spirale des prix bas qui asphyxie les agriculteurs. Comme en octobre 2019, l’automne pourrait être rythmé par de nouvelles mobilisations.

Obtenir un prix des produits agricoles qui couvre les coûts de production. Tel est le combat des responsables professionnels FNSEA-JA, qui dans cette perspective, ont obtenu dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la promulgation d’une loi qui poursuivait cet objectif. Deux ans après, « si la loi a généré des avancées, force est de constater que pour les agriculteurs, le compte n’y est toujours pas », suggère Michel Joux, agriculteur dans l’Ain et président de la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes. Preuve de ce sentiment d’inachevé : des demandes « timides » de la part des opérateurs qui hésitent, ou pire, refusent de faire des propositions de prix au diapason des coûts de production ; et des filières dont le déséquilibre cantonne toujours l’amont comme seule variable d’ajustement des prix.

Reprendre la main

Pour sortir de cette spirale, « il faut reprendre la main sur l’économie en poussant chacun dans nos filières. Les agriculteurs doivent s’emparer des indicateurs de marché qui sont mis à leur disposition chaque semaine », estime Jonathan Janichon, éleveur dans l’Ain et président de la section régionale bovine. Pour Pascal Girin, agriculteur dans le Rhône et président de la FDSEA, « les collectivités qui veulent favoriser les circuits de proximité dans la restauration hors-domicile notamment, doivent elles aussi intégrer le coût de production ». Cette reprise en main est d’autant plus urgente selon Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et secrétaire général adjoint de la FNSEA que la valeur existe bel et bien : « Cela fait plus de trente ans que l’État ne fixe plus les prix. De la valeur s’est créée, pour autant nos opérateurs n’ont pas été la chercher. Les logiciels n’ont pas changé, les agriculteurs doivent être l’aiguillon de ces changements ».

Des actions coup de poing

La grande distribution a été sans conteste la grande gagnante de ce modèle et la crise sanitaire l’a encore une fois démontré : « Durant le confinement, l’État a clairement mis les grandes surfaces en situation de monopole. Depuis le 15 mars, les marges de la grande distribution ont explosé. Ce sont des milliards d’euros qui ont échappé aux producteurs », témoigne Yannick Fialip, agriculteur en Haute-Loire et secrétaire général de la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes. Pour avancer sur ce dossier stratégique, la FRSEA a créé ces derniers mois un groupe inter-filières. Celui-ci s’est, dans un premier temps, appuyé sur la Direccte1 pour obtenir une lecture précise de la loi avant d’aller rencontrer les opérateurs. « Nous avons accompagné les organisations de producteurs dans leurs demandes et demandé au Préfet une réunion avec l’ensemble des acteurs pour faire le point sur la mise en place de la loi alimentation », explique Stéphane Joandel, éleveur dans la Loire et président de la section régionale laitière. Les négociations commerciales qui vont démarrer sont l’occasion de renverser la vapeur. « La promesse de campagne de revalorisation des prix aux producteurs avec la loi alimentation n’est pas atteinte. Le politique a aussi un besoin de résultats », estime Patrick Bénézit. D’où l’intérêt pour les pouvoirs publics de muscler la loi pour la rendre plus efficace. Sans résultat, le réseau syndical prévient : « Nous organiserons des actions coup de poing auprès de ceux qui ne respecteraient pas les nouvelles règles du jeu ».

Sophie Chatenet

1. Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.

Plan de relance : des opportunités à saisir !

Région moteur pour obtenir un volet agricole dans le plan de relance, annoncé la semaine dernière, par le Premier ministre, la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes se félicite d’avoir obtenu des perspectives au moins sur 2021 et 2022 dans le cadre de ce plan. « Aujourd’hui, nous avons les moyens de financer tous les dossiers de modernisation des bâtiments d’élevage et d’avoir des dossiers complémentaires pour l’adaptation au changement climatique. Ne soyons pas timides, allons bien faire les demandes de dossiers », résume Yannick Fialip.