PRÉDATION
De nouvelles attaques survenues à Berzème et Coucouron

La préfète de l’Ardèche, Sophie Elizéon, s’est rendue au Gaec de Vacheresse à Berzème où une attaque de loup sur un troupeau ovin a eu lieu dans la nuit du 6 au 7 octobre. Une seconde attaque a été confirmée sur l’estive Villeverte près de Coucouron, le 6 octobre également. 

De nouvelles attaques survenues à Berzème et Coucouron
La préfète de l’Ardèche, Sophie Elizéon, a échangé avec Christophe Guilhon, éleveur ovin au Gaec de Vacheresse, et les représentants de la profession agricole.

À la tête d’un cheptel de 500 brebis et d’une centaine d’agnelles, Chris­tophe Guilhon du Gaec de Vacheresse (Berzème) a retrouvé plusieurs brebis mortes et blessées, attaquées au niveau du cou dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 octobre. « Une brebis est morte sur le coup, 2 autres ont été euthanasiées et 2 autres ont été soignées par le vétérinaire », confie l’éleveur, qui a déjà subi des attaques fin novembre 2022 (7 brebis tuées) et en avril dernier (7 brebis tuées).

Dans la nuit de vendredi à samedi, les brebis « heureusement vides » pâturaient dans un parc. « Nous avons encore de l’herbe, les châtaignes et les glands de chênes tombent… C’est tout à fait normal que les bêtes soient dehors en ce moment », explique Christophe Guilhon. Pour cette nouvelle attaque, « l’origine du loup ne fait pas débat », ajoute-t-il. Pour la préfecture de l’Ardèche non plus, qui a annoncé, selon la formule consacrée que la responsabilité du loup « n’est pas écartée », ouvrant des droits d’indemnisation à l’éleveur.

6 attaques décomptées depuis 2022 à Berzème

Lundi en fin de journée, à l’invitation de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs de l’Ardèche, la préfète Sophie Elizéon s’est rendue au Gaec de Vacheresse pour rencontrer Christophe Guilhon. Un déplacement visant à soutenir l’élevage ardéchois, « bien consciente qu’il s’agit là d’un sujet qui dépasse le simple enjeu économique ». Une soixantaine d’éleveurs étaient au rendez-vous, pour partager leurs inquiétudes et la complexité de leur travail face à la prédation

Depuis l’été 2021, le loup est présent sur leur secteur, notamment sur la commune de Berzème. Six prédations sont décomptées depuis 2022. Cette pression de prédation a conduit fin mai 2023 à l’inscription de la commune de Berzème dans le cercle 1 au titre des mesures de protection de l’élevage contre la prédation. Elle permet aux éleveurs d’accéder aux aides à la protection de leurs troupeaux.

Pastoralisme et prédation

Des mesures de protection inadaptées et trop coûteuses, estiment de nombreux éleveurs du Coiron. « Certains parcs sont impossibles à protéger, et nous n’osons plus utiliser les parcs les plus éloignés et difficilement accessibles. Avant on laissait un maximum les agneaux dehors avec leurs mères, aujourd’hui on fait des agneaux 100 % en bergerie », explique Christophe Guilhon, installé sur 300 hectares de prairies naturelles avec ses trois associés : Stéphane Dumas, Cédric et Meddy Guilhon. Chacun y gère un atelier, respectivement d’élevages avicole, bovin et porcin. L’élevage bovin leur permet de valoriser les parcelles les plus plates, l’élevage ovin les surfaces les plus inaccessibles. Christophe Guilhon y élève une race ovine rustique et effectue un agnelage par an avec un maximum d’herbage, la viande étant vendue pour 80 % sous label Agneau de l’Adret via la coopérative Agneau Soleil et pour 20 % en direct.

La profession continue de se mobiliser

Les attaques ne s’arrêtent pas aux frontières du plateau du Coiron, rappellent les élus FDSEA et JA Ardèche. En témoigne l’attaque survenue vendredi 6 octobre sur l’estive Villeverte près de Coucouron, laissant 2 brebis mortes et dont la responsabilité du loup « n’est pas écartée » non plus, a précisé la préfecture. Une suspicion d’attaque, le 10 octobre sur la commune de Pourchères, est également signalée, où la responsabilité du loup n’a pas été confirmée pour le moment.

« L’élevage et l’agriculture ne doivent pas reculer, nous ne pouvons pas abandonner le pastoralisme, a martelé la présidente de la FDSEA, Christel Cesana. Notre position est toujours aussi ferme. La peur doit changer de camp : le plan loup doit être adapté aux éleveurs et protéger leurs élevages. Ce n’est pas aux agriculteurs d’assumer toutes les contraintes liées au loup, d’aller surveiller et effaroucher le loup la nuit. » Candice Cholvy, vice-présidente de JA Ardèche, de réclamer des solutions concrètes et rapides : « Il y a eu des changements mais ils ne sont pas suffisants, la prédation met à mal la complémentarité de nos pratiques d’élevage et les moyens de protection sont trop complexes à mettre en place ».

« La récurrence des prédations, notamment sur le plateau du Coiron, conduit à renforcer le dispositif de protection des troupeaux comme cela a été fait sur d’autres territoires ardéchois depuis 2012 », a annoncé la préfète. « Neuf éleveurs qui en ont fait la demande sont titulaires d’une autorisation de tir de défense en cours de validité sur le Coiron. Ces tirs de défense peuvent être létaux à condition d’avoir mis en place des moyens de protection contre la prédation. Au niveau national, 147 tirs létaux ont été décomptés à ce titre depuis le début de l’année ».

Pour autant, le président de la chambre d’agriculture, Benoit Claret, rappelle les pratiques vertueuses des éleveurs ardéchois qui contribuent efficacement dans la lutte contre les incendies. Les responsables FDSEA et JA 07 réitèrent fermement leur demande « d’adaptation du plan loup à la réalité du territoire et de l’élevage ardéchois ».