ÉLEVAGE
Abattoir autogéré : l'idée peine à mobiliser

La semaine dernière, des éleveurs de la région privadoise se sont réunis pour étudier la possibilité de créer un nouvel abattoir sur le territoire. Si le contexte semble favorable, les bras, eux, manquent encore.

Abattoir autogéré : l'idée peine à mobiliser

Un abattoir verra-t-il le jour en centre Ardèche ? Après l’abandon d’un projet intercommunal par la Communauté d'agglomération Privas centre Ardèche (Capca), puis la fermeture de l’abattoir municipal de Privas en janvier dernier, la question revient sur le devant de la scène. La semaine dernière, quatre éleveurs se sont rencontrés pour prendre le problème à bras-le-corps. Leur volonté : créer leur propre abattoir multi-espèce. Sur le modèle de l’atelier de transformation végétale de Nozières ou encore de l’abattoir de Die, l’idée serait de travailler sur une gestion collective.

Un travail de titan

 « À Nozières, il leur a fallu, au total, 1300 heures de travail pour monter le projet, illustre Laurent Cointe. Si on veut le faire, il faut être nombreux ! » Cet éleveur ovin à Saint-Lager-Bressac fait partie des quatre personnes qui défendent cette idée ambitieuse. Pour donner le top départ du projet, ce collectif souhaite réunir au moins 10 éleveurs prêts à s'engager. Du côté de la Chambre d’agriculture, on assure aussi être prêt à accompagner l’initiative. « Je pense que c’est une bonne idée, on pourra guider l’émergence de ce projet... À condition qu'il y ait un groupe moteur », avertit toutefois Dominique Laffont, secrétaire adjoint à la chambre d'agriculture.

Un projet tué dans l'œuf ?

Le projet avorté de la Capca sur lequel les éleveurs pourraient s'appuyer, les soutiens citoyens et politiques, le matériel de l'ancien abattoir... « Tout converge ! » Insiste Laurent Cointe. Pourtant les moyens humains manquent encore et le temps presse. D'après l'éleveur ovin, la mairie de Privas attend une réponse dès cette semaine pour savoir si le collectif souhaite, ou non, racheter le matériel de l'ancien abattoir. « Si on doit racheter du matériel neuf ce n'est même pas la peine », regrette Laurent Cointe. Et de conclure : « Je suis très déçu de passer à côté de cette opportunité mais on ne peut pas le faire seul. » 

Pauline De Deus

Une micro-structure ambitieuse

Plusieurs idées ont été étudiées par les éleveurs en réunion. Celle d’un abattoir mobile a rapidement été écartée en raison de la topographie ardéchoise, peu propice à l’acheminement du matériel sur les fermes. La création d’un micro-abattoir est apparue comme la meilleure solution au manque de structure sur la zone. « Les éleveurs de Privas, du Coiron, de l'Eyrieux, voire même de Vernoux pourraient en bénéficier », argue Laurent Cointe. Un abattoir multi-espèce qui pourrait traiter de 50 à 400 tonnes et être accompagné d'un atelier de découpe. « Un abattoir auto-géré peut présenter un coût moindre par rapport à une structure classique. Assure encore Laurent Cointe. Car la masse salariale nécessaire est plus faible. » Le fonctionnement précis serait ensuite à définir par les éleveurs engagés dans le projet. Pour l'heure, il s'agit de convaincre et pour Laurent Cointe, ce ne sont pas les arguments qui manquent.  « Sur le long terme, c'est une évidence qu'on a raison... Pour les prix, les contraintes écologiques. Et un tel outil a un réel intérêt pour le territoire.  »