SUD-ARDÈCHE
Vendanges : la fin d’un marathon

Sur le pied de guerre depuis début août, les vignerons achèvent enfin des vendanges qui ont démarré tôt et ont été particulièrement longues. Un marathon de près de deux mois, qui en a fait voir de toutes les couleurs aux professionnels. Le bilan, lui, est très hétérogène selon les secteurs.

Vendanges : la fin d’un marathon
En Sud-Ardèche, les vendanges se sont étalées sur la durée, soit près de deux mois.

5 août, 7 octobre. En Sud Ardèche, les vendanges 2022 ont été une véritable course de fond. Vignerons indépendants à Saint-Remèze, Cécile et Claude Dumarcher (Clos de l’Abbé Dubois) font état d’un millésime « hors du commun » marqué par la précocité des vendanges : « J’ai battu mon record en démarrant dès le 5 août. Jamais je n’avais commencé si tôt ! » 

La canicule, qui s’est installée dans la durée, a impacté les cépages blancs les plus précoces. « En chardonnay, merlot ou encore viognier, on a eu moins de jus », souligne Claude Dumarcher.

Sec et surtout trop chaud 

Par endroits, des phénomènes de blocage de maturité sont apparus, obligeant les vignerons à s’adapter en jonglant entre les parcelles. « Plus que le sec, c’est la canicule prolongée qui a fait du mal », estime François Guigon, vigneron à Alba et président de Vignerons Ardéchois. C’est d’ailleurs pourquoi les maturités ont parfois donné du fil à retordre : « La chaleur a amené à une maturité par concentration, avant qu’on atteigne une maturité phénologique. »

Vignerons à Saint-Remèze, Cécile et Claude Dumarcher évoquent un millésime 2022 "hors du commun"
Vignerons à Saint-Remèze, Cécile et Claude Dumarcher évoquent un millésime 2022 "hors du commun"

L’accès à l’eau creuse l’écart

Les quelques pluies de la mi-août ont redonné un peu de vigueur aux cépages plus tardifs, notamment les rouges, qui se sont globalement bien comportés. La situation reste hétérogène en fonction des secteurs. Un point de clivage se dessine entre les vignes ayant eu accès à l’eau et les autres. Le long de la vallée du Rhône, les rendements sont globalement bien en deçà des moyennes ordinaires. Dans certains séchants du Sud de la vallée du Rhône, on déplore même des morts de plantiers. Le long de l’Ardèche et du Chassezac, les volumes sont meilleurs mais hétérogènes d'une parcelle à l'autre. À la cave des Vignerons de la Croisée de Jalès (Berrias-Beaulieu), « on a moins souffert du sec que d’autres, avec un orage cévenol en juin, souligne le président Ludovic Chalvet. On n’est pas sur de gros volumes mais on a rempli nos cuves, et la qualité est magnifique. » La saison a toutefois été, là aussi, difficile à gérer : « Outre les problèmes de recrutement de saisonniers, il a fallu adapter le temps de travail à la canicule, d’autant plus qu’on a des vendangeurs retraités. »

Chez Vignerons Ardéchois, les prévisions plutôt optimistes n’ont pas été atteintes. « On espérait arriver à 370 000 hl, mais on finit finalement autour de 300 000 hl, un volume similaire à l’an dernier. Soit 10 à 15 % de pertes par rapport à une année normale », explique François Guigon. 

François Guigon, président de Vignerons Ardéchois et coopérateur à Alba, présente la cuvée spéciale confectionnée pour l'exposition Grande Terre de vins du MuséAl
François Guigon, président de Vignerons Ardéchois et coopérateur à Alba, présente la cuvée spéciale confectionnée pour l'exposition Grande Terre de vins du MuséAl

Outre la chaleur qui s’est installée durablement, certaines parcelles ont aussi subi la grêle durant l’été. C’est le cas à Mirabel, sur le secteur de Saint Montan/Larnas, mais également à Grospierres où la grêle a touché près de 30 ha en août. A Valvignères, l’empreinte de la grêle 2021 marque cette année encore le vignoble, qui n’atteindra pas son potentiel de rendement. 

Un très beau millésime

Côté qualité en revanche, ce millésime ne devrait pas décevoir. La sécheresse a éloigné les difficultés sanitaires, aboutissant à des vendanges très saines. Si certains craignaient des problèmes aromatiques sur les blancs précoces, les vinifications se sont déroulées sans difficulté et devraient donner de bons résultats. « Sur certains rosés, on a pu craindre un manque d’acidité avec un pH un peu élevé, mais globalement on a des vins qui se tiennent et de la qualité », indique François Guigon. Quant aux rouges, « la fermentation alcoolique se déroule bien, on aura de très beaux rouges ».

Du côté de Rosières, le président du syndicat des producteurs de Chatus Christophe Reynouard parle d’un « grand millésime, l’un des meilleurs qu’on ait connu. Côté rendement, on est limités à 50 hl/ha par le cahier des charges, et on y est. On a des vins pas forcément très colorés, mais des baies assez grosses, saines, et une bonne charge tannique. La sécheresse n’a pas eu d’impact négatif. C’est là aussi où l’on reconnait les bons cépages, et les bons terroirs. En Chatus, nous sommes sur les contreforts des Cévennes où l’on a moins de vent et plus d’orages, et des sols très filtrants qui profitent bien des pluies. »

Chez Vignerons Ardéchois, on table sur environ 300 000 hl, un volume similaire à celui de l’an dernier. Soit 10 à 15 % de moins par rapport à une année normale
Chez Vignerons Ardéchois, on table sur environ 300 000 hl, un volume similaire à celui de l’an dernier. Soit 10 à 15 % de moins par rapport à une année normale