SINISTRE
Gel sur fruits : d’importants dégâts en perspective

Marin du Couëdic
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Bien qu’il soit encore trop tôt pour en mesurer toutes les conséquences, l’épisode de gel survenu début avril a déjà occasionné des pertes sur les vergers ardéchois. Les moyens de lutte antigel ont parfois permis de limiter la casse.

Gel sur fruits : d’importants dégâts en perspective
L'abricot est au centre des inquiétudes suite à ce nouvel épisode de gel printanier (illustration).

C’est un nouveau coup dur pour l’arboriculture ardéchoise. Un an après le gel dévastateur du printemps dernier, la vague de froid survenue du 1er au 5 avril a encore mis à rude épreuve les vergers du département. « Ces quatre nuits de gel n’ont pas épargné un seul secteur en Ardèche, du Nord au Sud du territoire. Les dégâts sont essentiellement sur abricotiers et dans une moindre mesure sur cerisiers », signale Aurélien Soubeyrand, arboriculteur à Désaignes et président de la Fédération départementale des producteurs de fruits.

La nuit du 4 au 5 avril, une température de -3,5 °C a été enregistrée dans les cantons de Lamastre et d’Annonay. En Sud Ardèche, le thermomètre est tombé à -2,5 °C dans le canton de Bourg-Saint-Andéol. S’il n’a pas atteint les extrêmes de l’an dernier, avec des températures qui avait atteint -6 °C en pleine floraison, ce nouvel épisode de gel devrait pourtant avoir lui aussi de lourdes conséquences. « En abricot, nous estimons que 60 à 100 % des volumes sont perdus sur les vergers qui n’ont pas pu être protégés. Certains arboriculteurs ont des parcelles où il n’y a plus un seul fruit de viable », reprend Aurélien Soubeyrand.

« Il ne me reste que les parcelles qui ont été protégées »

S’il est encore difficile d’évaluer précisément les dégâts à ce stade, les pertes de récolte devraient toutefois concerner un grand nombre d’arboriculteurs, y compris ceux qui ont mis en place des moyens de lutte antigel. « J’ai chauffé pendant quatre nuits avec des bougies mais je crains d’avoir des pertes en abricots sur certaines parcelles. Ce n’est pas parce que le fruit est beau aujourd’hui qu’il ne va pas tomber d’ici un mois à cause du gel », indique Silvain Laprat, arboriculteur à Saint-Laurent-du-Pape (Earl Lap’fruits).

« Ce qu’il me reste, c’est ce qui a été protégé, estime pour sa part Franck Stinmestre, arboriculteur à Talencieux (Earl des Minières). Sans nos bougies et notre système d’arrosage par aspersion, installé cet hiver, nous n’aurions quasiment plus rien en abricot. J’ai aussi sauvé 1,5 ha sur mes 4 ha de cerisiers. Le reste a été détruit par le gel », poursuit celui qui est installé en bio et écoule l’essentiel de sa production en vente directe.

Même son de cloche pour Édith Cabello, arboricultrice à Saint-Marcel-d’Ardèche, à l’autre extrémité du département : « Il est trop tôt pour connaître l’étendue des dégâts mais cet épisode aura forcément un impact sur la récolte, notamment sur les vergers en coteaux, qui n’ont pas pu bénéficier de l’irrigation. »

« C’est stressant et usant »

Les producteurs interrogés font état de leur lassitude vis-à-vis de ces phénomènes à répétition et des moyens déployés pour les contrer. « C’est de plus en plus cher et de plus en plus compliqué, témoigne Silvain Laprat, qui protège systématiquement ses vergers lorsque la température est annoncée en dessous de 0 °C. Nous devons nous lever la nuit, pour un résultat aléatoire, en plus du travail habituel. C’est stressant et usant ».

Et de conclure : « Sur les cinq dernières années, nous avons connu trois épisodes de gel et un épisode de grêle. Il faut vraiment être passionné pour continuer. »