ÉVÈNEMENT
Pâques : l’agneau et l’oeuf, symboles de la renaissance

Amandine Priolet
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Célébrée à l’issue de la Semaine sainte et des quarante jours de Carême, la fête de Pâques a avant tout une signification religieuse. Elle témoigne de la résurrection du Christ, symbolisé par l’agneau sacré et attendu de Dieu.

Pâques : l’agneau et l’oeuf, symboles de la renaissance
La fête de Pâques est la période durant laquelle les Français ont l’habitude de consommer de la viande d’agneau.

À la différence de Noël ou de la Toussaint, la date de Pâques est mobile et déterminée à partir du calendrier lunaire. En 2022, le jour de Pâques tombe le dimanche 17 avril. Traditionnellement, à cette période, l’agneau pascal figure sur toutes les tablées – ou presque – des réunions de famille. Pour les enfants, ce sont surtout les oeufs en chocolat qui définissent l’arrivée de Pâques. Mais que représente réellement cette fête ?
Si la fête de Pâques a un sens religieux profond (voir par ailleurs), elle est aussi une fête païenne célébrant le printemps et le renouveau. Dans l’Antiquité déjà, cette fête représentait la célébration du printemps, le retour de la lumière après de longs mois d’hiver. Mais Pâques est avant tout une fête religieuse, juive et chrétienne. Étymologiquement, Pâques signifie « passage ». Héritée de la Pâque juive qui commémore l’exode du peuple juif d’Égypte en sacrifiant un agneau, cette fête revêt aussi une importance majeure pour les chrétiens, puisqu’elle commémore la résurrection du Christ. En effet, pour le christianisme, Pâques évoque avant tout le souvenir de Jésus-Christ. Le dimanche de Pâques conclut la Semaine sainte durant laquelle Jésus prenait son dernier repas avec les apôtres avant d’être crucifié, et ressuscité le dimanche.

Jésus appelé l’Agneau de Dieu

La viande d’agneau, synonyme d’innocence et d’obéissance, a peu à peu pris sa place dans les traditions gustatives de cette fête. Dans la Bible d’ailleurs, Jésus est désigné comme l’agneau attendu, symbole de pureté, d’innocence et de justice. Dans l’Évangile selon Saint-Jean, Jean le Baptiste voit Jésus venant à lui et dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Dans la tradition juive, il est d’ailleurs représenté comme un innocent sacrifié pour racheter les péchés des hommes. C’est pour cette raison que la viande d’agneau est mise en valeur à cette période de l’année en France, mais aussi dans d’autres pays du monde comme la Grèce, l’Italie ou la Russie. En Angleterre, les familles dégustent plutôt du jambon, le porc étant synonyme de chance pour les habitants. Une autre tradition est apparue à l’Antiquité, celle des oeufs. À l’époque, il était interdit de consommer des oeufs durant la période du Carême. Les oeufs pondus étaient décorés, bénis et transmis aux enfants le jour de Pâques, en signe de fertilité, de vie et de renaissance.

Les oeufs, entre tradition et douceur

C’est finalement au XVIIIe siècle que les Allemands et les Alsaciens auraient adopté les oeufs au chocolat. Depuis, Pâques est l’occasion pour les enfants de partir à la chasse aux oeufs chocolatés. De nombreuses animations sont prévues en Auvergne Rhône-Alpes cette année : au manoir de Veygoux à Charbonnières-les-Varennes (Puy-de-Dôme), au Château des Roure à Labastide-de-Virac (Ardèche), au parc Vermorel à Villefranche-sur-Saône (Rhône), au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain) ou encore aux grottes de la Balme à La Balme-Les Grottes (Isère). À Chaudes-Aigues, dans le Cantal, c’est une chasse inédite qui sera proposée le 17 avril. L’association Aubrac’Mar a décidé, une fois n’est pas coutume, de penser aux parents en proposant en ville une chasse… à la bière !

La tradition des oeufs décorés provient de l’Antiquité, pour utiliser les oeufs pondus et non consommés durant la période du Carême.
CONSOMMATION

Viande ovine : une production française en souffrance

Alors que la demande en viande ovine va être forte pendant les fêtes pascales, la France sera limitée par sa production nationale. Le point avec Lionel Araujo, directeur de l’association de l’agneau de l’Adret.

Tradition oblige, Pâques est la période durant laquelle les Français ont l’habitude de consommer de la viande d’agneau et de chevreau. Une aubaine pour la filière ovine qui n’a pas forcément besoin d’accentuer ses campagnes de communication à cette période de l’année. « C’est vrai que Pâques fait directement le lien avec l’agneau. En termes d’image, cela facilite les choses », souligne Lionel Araujo, directeur de l’association l’agneau de l’Adret. « Souvent, on accentue la communication à d’autres moments de l’année, mais juste avant Pâques, les grandes et moyennes surfaces (GMS) organisent parfois des animations afin de vendre certains morceaux (comme les côtelettes, les épaules, la poitrine, etc.) et garder les gigots pour le jour J », ajoute-t-il. Pour autant, un facteur limitant intervient chaque année : le manque de production française. « En France, nous ne produisons que 45 % des agneaux que nous consommons. Le reste vient de l’import, essentiellement de Nouvelle-Zélande, d’Angleterre et d’Irlande. Nous sommes bien en-deçà de ce que nous devrions produire pour répondre à la demande », regrette Lionel Araujo.

Rendre attractif le métier d’éleveur ovin

« La demande est de plus en plus tendue sur l’agneau français et il devient de plus en plus difficile de trouver des éleveurs. Dans les dix ans à venir, avec le renouvellement des générations, nous risquons d’avoir un gros souci, et pas uniquement sur la production ovine. Tous les indicateurs sont pourtant au vert par rapport au prix des agneaux même si la hausse du coût des matières premières ne va rien arranger », indique le directeur de l’agneau de l’Adret. Côté prix justement, « depuis la crise du Covid, nous sommes sur des prix assez élevés, ce qui permet de mieux rémunérer les éleveurs et d’avoir un prix d’achat intéressant. Cependant, la marge diminue en raison de la hausse des coûts de l’aliment et des autres matières premières », relève Lionel Araujo. Après des années sombres et une longue période de régression, l’élevage ovin redresse cependant la tête grâce notamment aux différentes actions menées par l’interprofession et les coopératives. Au niveau national, le programme Inn’Ovin, financé notamment par Interbev Ovin, propose des actions techniques et des animations de promotion pour redonner une dynamique à la filière. Parmi les enjeux phares, celui d’accroître la production pour satisfaire la demande mais aussi d’augmenter le revenu des éleveurs et donc l’attractivité du métier d’éleveur ovin.