3 QUESTIONS À
« Il y a un impact direct sur la rentabilité des chantiers »

3 QUESTIONS À / Yves Boyer, chef de service Économie et Filières à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche.

« Il y a un impact direct sur la rentabilité des chantiers »

Quelles sont les filières ardéchoises qui rencontrent le plus de difficultés actuellement ?

Yves Boyer : « La situation de la filière caprin lait est la plus compliquée. Les fromageries sont à la limite de la saturation car elles n'arrivent pas à écouler leurs produits. Certaines d'entre elles ont dû arrêter la collecte. Les appels effectués auprès de la GMS pour commercialiser des produits locaux ont permis d'écouler un peu les stocks mais ils n'ont pas permis de relancer la collecte. La laiterie de La Laoune continue de vendre en direct le lait de ses producteurs sur le marché de Mende. Ils essaient de le faire également sur le secteur d'Aubenas, de trouver des solutions mais c'est très compliqué. Le secteur du vin principalement en caves indépendantes devient également critique. Depuis deux mois, ils n'y a pas de débouchés et il n'y en aura pas beaucoup plus en mai. Un quart de l'année sera passé pour eux, avec quasiment aucune vente, ce qui posera des problèmes de trésorerie, de stocks... Le secteur de l'agritourisme rencontre aussi de grandes difficultés, particulièrement les centres équestres. Les activités touristiques sont totalement à l'arrêt et ce jusque début juin. »

Les chantiers agricoles doivent suivre des consignes sanitaires strictes. Qu'est-ce-que cela représente d'un point de vue économique ?

Y. B. : « Il y a un impact direct sur la rentabilité des chantiers dont l'organisation nécessite plus de temps. Il faut trouver des solutions pour travailler à distance. Sur les chantiers de tri et de calibrage, les agencements peuvent être contraignants également pour la transformation. La cerise vient de démarrer, s'ensuivront les abricots, les pêches... Il va falloir s'organiser. En viticulture aussi, les mois de mai et de juin sont les périodes les plus critiques en terme de temps de travail avec de nombreux travaux sur le traitement des parcelles, le relevage, l'effeuillage, l'enherbement, le travail du sol... Il y a aussi la problématique des équipements d'hygiène qui génère un coût supplémentaire, au-delà du fait qu'il faut arriver à en trouver. Il y a davantage de dispositifs pour en commander aujourd'hui mais le besoin est grand. »

Et en matière de recrutement et de logement de la main-d'œuvre saisonnière ?

Y. B. : « Il faut là-aussi faire en sorte que l'équilibre économique de l'exploitation tienne la route. Les salariés saisonniers peuvent être hébergés dans des locations touristiques désormais. Il y a un partenariat spécifique qui a été mis en place dans le département avec les Gîtes de France. Dans le cadre de ce partenariat, les interlocuteurs dédiés de Gîtes de France Ardèche pour les saisonniers agricoles vont prendre en compte la réalité économique des demandeurs pour les aiguiller vers les produits de location les plus adéquats. L’employeur pourra faciliter la mise en relation. Dans tous les cas, cela complique l’organisation et la réalisation du recrutement ainsi que de la mise en route des chantiers. »

Propos recueillis par A.L.