TRIBUNES
Les députés s’engagent pour l’agriculture de demain

Un an après le scrutin des élections législatives, L'Avenir Agricole de l'Ardèche donne la parole aux députés ardéchois. Ils partagent leur vision de l'agriculture pour demain.

Les députés s’engagent pour l’agriculture de demain
Hervé Saulignac, député de la 1ère circonscription de l'Ardèche
Hervé Saulignac.

Hervé Saulignac, député de la 1ère circonscription de l'Ardèche

« L’agriculture ardéchoise que j’imagine pour demain sera nourricière, diversifiée, rémunératrice, respectueuse des hommes et de l’environnement. 

Elle aura su relever le défi du climat. Aujourd’hui, les aléas sont devenus la norme, tous les repères sont brouillés : périodes de semis et de récolte, pratiques culturales, choix des variétés… Mais les agriculteurs ont déjà commencé à se réinventer. L’État doit les soutenir, en mettant des moyens dans la recherche, condition d’une transition agricole réussie.

La question de l’eau et de son partage reste la mère des batailles. Les agriculteurs ont déjà fait beaucoup d’efforts, avec des outils et pratiques d’irrigation de plus en plus économes. Je crois aussi que nous saurons inventer des modèles de stockage de l’eau hivernale plus respectueux des milieux aquatiques, garant de solution pérenne.

La pression foncière est un autre défi d’avenir. Le législateur doit protéger les terres agricoles de l’artificialisation. Nouvel acteur dans l’arène, la filière photovoltaïque ne cache plus son appétit pour nos pâturages. Son encadrement doit être une priorité. L’Ardèche que j’imagine pour demain, ce n’est pas un champ de panneaux. Ce sont des grands espaces où pâturent nos troupeaux !

L’agriculture de demain sera rémunératrice ou ne sera pas. Pour y parvenir, c’est dès aujourd’hui que le législateur doit agir, en contraignant l’industrie et la distribution à respecter leurs engagements pour un partage plus juste de la valeur ajoutée.

Il y a 50 ans, chacun avait un paysan dans sa famille. Aujourd’hui, un fossé s’est creusé, une défiance s’est parfois installée, et des injonctions contradictoires sont données. Les Français veulent plus de bio, mais des prix bas. En tant que député, je défends des mesures qui permettront de renouer la confiance. Face à l’inflation, la mise en place d’un chèque alimentaire ciblé sur les produits français pourrait être une solution pour aider les familles modestes à consommer des produits français. Je plaide aussi pour la gratuité des cantines, avec du 100% local dans les assiettes.

Garante de notre souveraineté alimentaire, l’agriculture que j’appelle de mes vœux ne sera plus soumise aux lois de la concurrence. Comme l’interdiction du phosmet en cerise l’a illustré, il est impératif d’harmoniser nos normes, au sein et hors des frontières de l’Europe. Sur ce point, l’UE a fait défaut. Mais je reste convaincu que demain, c’est en s’appuyant sur l’UE que nous parviendrons à apporter des solutions. En tant qu’élu, j’y prendrai toute ma part. »

Laurence Heydel Grillere, députée de la 2e circonscription de l'Ardèche
Laurence Heydel Grillere.

Laurence Heydel Grillere, députée de la 2e circonscription de l'Ardèche

« L’agriculture fait face aujourd’hui à plusieurs défis majeurs : renouvellement des générations, adaptation au changement climatique, exigence environnementale, préservation du foncier, régulation des échanges commerciaux, réciprocité des normes, formation… Autant de sujets qui ont fait l’objet de concertations ces derniers mois dans le cadre du Pacte et de la Loi d’Orientation et d’Avenir agricoles annoncés par le président de la République et sur lesquels j’interviens régulièrement.

Pour ma part, je considère que la première fonction de l’agriculture est celle de nous nourrir et que l’atteinte de notre souveraineté alimentaire doit être une priorité partagée par tous. Cela suppose de permettre à nos producteurs de produire selon les mêmes normes que nos voisins européens. C’est pourquoi, j’ai agi à l’Assemblée nationale pour le vote d’une résolution contre les surtranspositions françaises. Nous devons aller vers un cadre européen cohérent qui assure des conditions de concurrence équitable tout en préservant la biodiversité.

Dans le même temps, il faut retisser le lien entre agriculture et société. Cela suppose que chacun ait dès l’enfance une culture sur ce qu’est le vivant, les apports de l’agriculture, les transitions agricoles dans le cadre du changement climatique et de la préservation de la biodiversité associée à la nécessité de proposer des alternatives de production efficaces, l’importance de l’élevage, la nécessité de répondre aux besoins en eau des animaux d’élevage et des cultures…

Sur tous ces sujets, j’adapte mon action par l’écoute des producteurs et en cherchant des solutions avec les échelons concernés. Par exemple, pour les producteurs de cerise dans la lutte contre la drosophila suzukii - j'ai agi pour obtenir des réunions avec le ministre, une suspension des importations des cerises traitées, des dérogations d’utilisation, la promesse d’un plan d’action ciblé… J’ai aussi sollicité l’Inrae sur la mise au point de techniques efficaces. Concernant l’élevage, j’ai signé une tribune de soutien et j’interviens sur la prédation en appelant à apporter des solutions efficaces et pérennes à nos éleveurs. Enfin pour les filières, comme la châtaigne, je les valorise et les accompagne.

Pour l’eau - sujet vital en Ardèche - je salue l’initiative des Assises portées par le préfet et le Département dont les conclusions rejoignent les objectifs du plan Eau du gouvernement - où les économies d’eau doivent être une ambition collective qui va au-delà des usages agricoles. Avec 30 millions d’euros par an, le plan Eau permettra de remobiliser et de moderniser les ouvrages existants, tandis que 30 millions supplémentaires iront aux pratiques agricoles économes en eau.

Enfin, comme il ne saurait y avoir d’agriculture sans foncier, j’agis sur chaque texte comme le Zéro Artificialisation Nette ou la loi énergie renouvelable pour protéger le foncier agricole tout en facilitant les installations agricoles qui permettent de dégager des revenus.

L’agriculture est un enjeu majeur. Nous devons agir ensemble pour lui construire un avenir. »

Fabrice Brun, député de la 3e circonscription de l'Ardèche
Fabrice Brun.

Fabrice Brun, député de la 3e circonscription de l'Ardèche

« Imaginer ensemble l’agriculture de demain, c’est encore et toujours se mobiliser pour des revenus dignes pour les hommes et les femmes qui font ce beau et noble métier d’agriculteur et d’éleveur. Avec pour enjeu une alimentation savoureuse, accessible et durable pour les consommateurs. Ces deux objectifs à chaque bout des deux maillons de la chaîne (producteur/consommateur) doivent être notre obsession collective.

Pour que l’agriculture redevienne une priorité de la nation. Face aux technocrates et aux extrêmes en tous genres qui ont poussé la France dans le mur de l’énergie, et dont les mêmes recettes urbaines hors-sol nous conduiraient, si nous n’y prenions pas garde, dans l’impasse de la dépendance agricole et alimentaire ; le pire risque pour un pays et un continent.

Produire bon, produire sain, en privilégiant les marques et les signes officiels de qualité dans des circuits plus courts, l’Ardèche n’a pas attendu pour prendre ce virage valorisant ses formidables terroirs.

Aux pouvoirs publics désormais d’être gagnés par le bon sens paysan pour faciliter une juste répartition de la valeur ajoutée au sein des filières. Alléger les charges, soutenir les investissements de transition économique, écologique et sanitaire, stocker l’eau, mettre fin à la sur-transposition des normes et à la prédation du loup. Mettre en œuvre des clauses miroirs dans des traités de juste échange : n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas.

Et relevons, ensemble, le défi du renouvellement des générations à l’heure ou plus de la moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans et où naissent de nouvelles vocations agricoles et rurales. Ce sera l’un des enjeux majeurs de la prochaine loi d’orientation agricole avec la question du financement, où nous pourrions inciter les Français à investir davantage dans la Ferme France. À suivre… »