COVID-19
Chevreau : bilan en demi-teinte pour Pâques

COVID-19 / Malgré le contexte, le chevreau était aussi présent sur les tables pour la tradition pascale. Premier bilan pour la filière à la suite des fêtes.

Chevreau : bilan en demi-teinte pour Pâques
Les ventes de chevreau sont en difficulté pour les fêtes de Pâques.

S’il est encore tôt pour donner des chiffres, la filière peut se rassurer. Après les inquiétudes de la fin du mois de mars, les ventes semblent être reparties durant la semaine précédant le week-end de Pâques, suivant la même tendance que pour l’agneau. Côté vente directe, la situation est très hétérogène selon les élevages, certains ayant été pris d’assaut tandis que d’autres ont connu des difficultés.

Aurélie Ribot, présidente des Ets Ribot à Lapalud (Drôme), principal abatteur de la région, affirme : “On a connu un sursaut en début de semaine dernière, notamment de la part de nos clients dans la GMS. Cependant, les ventes restent bien inférieures à la normale, de même que les prix.” Pour autant, l’établissement a fait le choix de poursuivre l’abattage coûte que coûte. “On n’a pas voulu pénaliser les éleveurs et laisser les animaux dans les élevages, donc nous avons abattu.

Au niveau national, la majorité des engraisseurs a poursuivi la collecte, à quelques exceptions près. Dans la région, à l’inverse, le principal engraisseur a décidé d’interrompre la collecte pour ne prendre aucun risque. Une situation qui a pénalisé certains élevages ardéchois.

Côté abatteurs, “les principaux acteurs ont pris l’engagement d’abattre tous les chevreaux”, indique Franck Moreau, président de la section caprine chez Interbev.

Un rebond pour les fêtes

Au niveau commercial, “deux réunions de crise avec GMS ont permis à la filière de remettre du chevreau dans les rayons la semaine précédant les fêtes pascales”, indique Franck Moreau. “Certaines enseignes ont organisé de grosses campagnes de promotion, vendant parfois à prix coûtant. Il ajoute : Après une fermeture du marché italien ces dernières semaines, l’Italie a également rétabli ses commandes auprès des abatteurs, permettant d’écouler quelques volumes.”

Chez les établissements Ribot, on déplore toutefois une baisse des ventes colossales : « - 42 % par rapport à l’an passé, souligne Aurélie Ribot. Nous avons pourtant tout fait pour vendre, en organisant par exemple pour la première fois depuis 30 ans des portes-ouvertes auprès du grand public durant deux jours, à la veille du week-end pascal. »

Comme pour l’agneau, les prix sont cependant décevants, bien loin de la revalorisation saisonnière espérée par les éleveurs.

D’importants volumes congelés

Les Ets Ribot se retrouvent aujourd’hui avec d’importants stocks congelés : « 5 camions de 33 palettes, soit près de 85 t, renseigne Aurélie Ribot. En effet, une grande partie des volumes n’a pas pu être écoulée et a dû être congelée par les abatteurs. “Que va-t-on faire de ces stocks, quand va-t-on les décongeler et à qui va-t-on les vendre ?” s’interroge Vincent Vallet, président de la Frec. En effet, ces stocks pourraient bien peser sur les prix à la reprise de la saison, à l’automne. “Une nouvelle cellule de crise doit se tenir cette semaine pour faire le bilan des fêtes pascales et pour définir une stratégie pour la suite, indique Franck Moreau. Les volumes congelés sont surtout destinés à l’export, notamment vers le Portugal. Il ajoute : Nous avons demandé au ministère de l’Agriculture de soutenir la filière en prenant en charge une partie du coût de stockage de la viande congelée, pour éviter d’avoir à la brader. Nous allons tout mettre en œuvre pour limiter les dégâts.”

Mylène Coste

A lire également :

Agneau de Pâques : la filière se rassure