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Mesures de protection : « la pierre angulaire » du plan loup

Présidée par le sous-préfet de Largentière, Marc Coutel, référent « loup », et coanimée par la direction départementale des territoires (DDT) et la chambre d’agriculture de l’Ardèche, une réunion d’information a été organisée, mardi 7 mai à Chambonas, à destination des éleveurs ovins et caprins. L’occasion d’échanger sur les mesures du plan national loup.

Mesures de protection : « la pierre angulaire » du plan loup
De gauche à droite : Fabien Clavé, responsable du service Agriculture de la DDT, et Marc Coutel, sous-préfet de Largentière, référent « loup ».

L’objectif de la réunion coanimée par la DDT et la chambre d’agriculture était d’échanger sur les mesures du plan national loup, plus particulièrement sur les modalités de gestion en cas de suspicion d’attaque sur un troupeau, sur les aides à la protection et la mise en œuvre des autorisations de tirs de défense déployées en Ardèche, ainsi que sur l’analyse de vulnérabilité réalisée à l’échelle d’une exploitation qui permet éventuellement de solliciter une demande de reconnaissance de non-protégeabilité d’une partie de ses surfaces.

Les éleveurs ovins et caprins ont témoigné tour à tour des difficultés qu’ils rencontrent pour protéger leurs troupeaux et solliciter des aides. « Parfois on se sent découragé et par souci administratif on ne fait pas de demande d’aides », a témoigné Sébastien Constant, éleveur de chèvres à Brahic. D’autres se questionnent : « À la hauteur des dépenses qu’on va faire, est-ce que ça vaut le coup ? »

Objectif : « augmenter le plus possible la protection »

Le département connaît un nombre important d’attaques de loup depuis le début de l’année 2024 et une recrudescence en dents de scie depuis 2014. « Nous allons essayer de stabiliser sa population et faire en sorte qu’il s’attaque le moins possible aux exploitations », a indiqué le sous-préfet de Largentière Marc Coutel. L’objectif fixé est « d’augmenter le plus possible la protection, c’est la pierre angulaire du plan loup, et que l’on soit le plus efficace et rapide pour vous aider et vous accompagner techniquement ».

En cas de suspicion d’attaque, « la réactivité est importante », a souligné le responsable du service Agriculture de la DDT, Fabien Clavé. Tout signalement entraînant systématique une expertise, indispensable à l’ouverture du processus d’indemnisation de dommages. Concernant les pertes indirectes, notamment pour l’aide ovine et les pertes observées sur le taux de prolificité, « ce qui peut nous aider pour demander des dérogations est d’avoir un constat de vétérinaire. Il est important de ne pas rester dans votre coin si vous rencontrez ce type de difficulté à la suite d’une attaque ».

Définir une « stratégie de protection globale »

Animatrice et accompagnatrice de projets pastoraux à la chambre d’agriculture de l’Ardèche, Jessica Fressard a présenté l’analyse de vulnérabilité. Elle consiste à identifier les parcs et lots difficilement protégeables et faire reconnaître leur état de non protégeabilité. « Ce qui pose des problèmes le plus souvent est de mettre des clôtures partout. » L’état de non protégeabilité permettant d’être « sûr d’être indemnisé en cas d’attaques et d’avoir accès aux tirs de défense, même si le troupeau n’est pas protégé ».

Les services de l’État encouragent les éleveurs à réaliser une analyse de vulnérabilité et mettre en place de mesures de protection. « C’est un outil dont nous souhaitons faire la promotion. Elle permet de définir une stratégie de protection globale », ajoute Fabien Clavé. « L’idée est d’avoir un œil extérieur et voir quels dispositifs sont adaptés à l’exploitation et à l’état d’esprit de l’éleveur. Dans cette analyse de vulnérabilité, vous établissez une stratégie et forcément vous ne pourrez pas mettre en œuvre immédiatement tout ce qui en découle : les chiens de protection, les clôtures, etc. Donc il y a une partie de l’exploitation que vous ne pouvez pas protéger et sur laquelle peut se déployer cette reconnaissance de non protégeabilité. L’idée, c’est d’anticiper. »

La révision des zonages d’éligibilité aux mesures de protection du plan loup (cercles) s’inscrit, elle aussi, dans une stratégie d’anticipation. L’ouverture du sud du département en cercle 2 en 2023 allant dans ce sens, afin d’encourager un maximum d’éleveurs à se protéger, se préparer… Les échanges ont porté également sur l’aide au gardiennage, déployée en cercle 1 et s’inscrivant dans une stratégie de protection au long cours. « L’enjeu est de commencer à mettre en place une stratégie, car si on ouvre le cercle 1 tout de suite et que vous n’avez pas mis en place de mesures de protection, vous ne pourrez pas solliciter cette aide », a expliqué Fabien Clavé.

Les efforts doivent aussi être déployés au sein des services de l’État pour « remonter en compétences et se structurer pour accompagner les éleveurs », a-t-il souligné. « Plus la solution est construite collectivement, plus il y a de chance que le loup ne s’installe pas durablement. »

A.L.

Tirs de défense : évolution de la réglementation

Cette réunion a permis également de présenter les évolutions de la réglementation encadrant les tirs de défense, dans le cadre de l’arrêté ministériel du 21 février 2024. La présence simultanée de deux à trois tireurs par troupeau et par lot est désormais possible, à la condition qu’ils soient formés par l’OFB pour des raisons de sécurité. Concernant le matériel, tous les tireurs peuvent utiliser des dispositifs de détection thermique, réservés jusqu’ici à l’OFB et aux louvetiers, excepté les lunettes de tir à visée thermique qui ne peuvent être utilisées que par ces derniers. « L’utilisation de ce type de matériel ne dispense pas de l’obligation d’éclairer sa cible pour être sûr qu’il s’agit d’un loup », rappelle la DDT.

Les autorisations de tirs de défense délivrées avant la parution de l’arrêté ministériel de février dernier restent valables mais ne bénéficient pas de cette nouvelle réglementation sur le nombre de tireurs et le matériel de vision nocturne. Les bénéficiaires d’autorisation qui souhaitent accéder à cette évolution réglementaire doivent en faire la demande afin qu’une nouvelle autorisation de tirs de défense leur soit accordée.

Pour rappel, les autorisations de tirs de défense peuvent être accordées à un éleveur qui met en œuvre des mesures de protection ou dont les parcelles ont été reconnues comme étant non protégeables.