MONTAGNE ARDÉCHOISE
« Le Bœuf des prairies fleuries » creuse son sillon

Mylène Coste
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MONTAGNE ARDÉCHOISE / Le projet de création d’une marque pour la viande de bœuf du plateau ardéchois se concrétise peu à peu. Une nouvelle étape vient d’être franchie avec le dépôt d’une marque collective.

« Le Bœuf des prairies fleuries » creuse son sillon
Le "Bœuf des prairies fleuries" pourrait connaître un premier coup d'envoi courant 2021.

« Le Bœuf des prairies fleuries ». Ce nom ne vous dit rien ? Patience… Il devrait bientôt faire parler de lui ! « Le Bœuf des prairies fleuries – saveurs de la Montagne ardéchoise », tel est le nom choisi pour la marque de viande bovine du plateau ardéchois, en cours de création.  « Notre objectif ? Valoriser nos pratiques d’élevage, tout en offrant de vraies garanties de traçabilité et de qualité aux consommateurs », affiche Pascal Laurent, éleveur à Cros-de-Géorand et partie prenante de la démarche.

Lancé il y a deux ans par un petit groupe d’éleveurs de la Montagne ardéchoise, sous la houlette de la Chambre d’agriculture, le projet fait peu à peu son chemin. Un cahier des charges est finalisé dès 2019, et la démarche reçoit un soutien financier du programme Leader jusqu’à 2021. Accompagné par un cabinet de communication, le projet se dote d’un logo et d’outils de communication qui viennent d’être finalisés, tandis qu’un site Internet doit bientôt voir le jour. « Quant au dépôt de la marque, il est en cours », se félicite Sylvain Baud, coordinateur Productions animales et chargé de mission Territoire Montagne à la Chambre d’agriculture.

Valoriser des pratiques d’élevage vertueuses

« Nos pratiques d’élevage sont vertueuses, pour nos animaux autant que pour notre environnement et nos paysages. Notre volonté est de pérenniser ce mode d’élevage et de le faire connaître auprès du grand public, explique Pascal Laurent. Nos bêtes sont au pâturage 6 mois de l’année et profitent de la grande diversité floristique de nos prairies, qui donne à la viande son goût si particulier. L'objectif est de favoriser l'engraissement sur notre territoire ; nous sommes là dans une filière courte, qui garantit un maximum de traçabilité et de sécurité aux consommateurs. » Un avis partagé par Ludovic Claret, qui élève 110 vaches de race Aubrac dont 50 mères à Saint-Jean-Roure. « Sur mon exploitation, je n’utilise aucun pesticide et quasiment aucun engrais ; l’alimentation du troupeau provient exclusivement de chez nous. D’autre part, l’élevage façonne nos paysages et garantit le maintien de la biodiversité sur le plateau ardéchois. C’est ce que nous voulons mettre en avant au travers de la marque. »

« Maintenant que la marque est construite, il va falloir fournir un gros travail de communication envers les consommateurs pour mettre en avant nos atouts, et notamment en matière de préservation de la biodiversité et des zones humides », indique Dominique Laffont, élu à la Chambre d’agriculture. 

Des débouchés à construire

« L’autre défi du Bœuf des prairies fleuries est de trouver des débouchés locaux et d’embarquer tous les maillons de la chaîne dans sa dynamique, des bouchers à la grande distribution (GMS) », estime Dominique Laffont. Pascal Laurent ajoute : « L’objectif est aussi de garantir une juste rémunération pour tous les maillons de la filière ». « Nous nous engageons à ne pas vendre notre viande en direct, mais bien à travailler avec les metteurs en marché du territoire dans un pacte gagnant-gagnant », enchaîne Ludovic Claret.

Côté distribution, l’Intermarché du Cheylard soutient déjà pleinement l’initiative. « Notre rayon boucherie traditionnelle propose déjà 100 % de viande locale. Proposer du Bœuf des prairies fleuries ne change donc pas grand-chose à nos pratiques, affirme Alban Faure, propriétaire du magasin. Moi-même, j’ai commencé ma carrière comme boucher, mon grand-père était boucher, il me tient à cœur de valoriser nos producteurs. » Il poursuit : « En Ardèche, nous avons du retard en matière de défense et de valorisation de nos produits. Un tel projet est donc très positif, et reflète bien la grande qualité de nos élevages de montagne et de nos produits. Je regrette toutefois que peu de bouchers y prennent part, en dépit d’un cahier des charges construit très intelligemment. Mais l’on peut espérer qu’ils prendront le train en route, une fois la marque bien installée. »

Les premiers bœufs de la toute nouvelle marque pourraient être commercialisés dès 2021.

Mylène Coste

"L’élevage façonne nos paysages et garantit le maintien de la biodiversité sur le plateau ardéchois", estime Ludovic Claret, éleveur à Saint-Jean-Roure.
"L’élevage façonne nos paysages et garantit le maintien de la biodiversité sur le plateau ardéchois", estime Ludovic Claret, éleveur à Saint-Jean-Roure.
 « Notre objectif ? Valoriser nos pratiques d’élevage, tout en offrant de vraies garanties de traçabilité et de qualité aux consommateurs », affiche Pascal Laurent, éleveur à Cros-de-Géorand.
« Notre objectif ? Valoriser nos pratiques d’élevage, tout en offrant de vraies garanties de traçabilité et de qualité aux consommateurs », affiche Pascal Laurent, éleveur à Cros-de-Géorand
MARQUE COLLECTIVE / Un cahier des charges exigeant
La marque s'est doté d'un logo.

MARQUE COLLECTIVE / Un cahier des charges exigeant

Si les exigences du cahier des charges sont nombreuses, elles correspondent pourtant à des pratiques traditionnelles déjà présentes dans la majorité des élevages de la Montagne ardéchoise.

Zone et période de production 

  • Montagne Ardéchoise exclusivement ; élevages et siège de l’exploitation situés à plus de 1000 m d’altitude.
  • Production toute l’année (pas de saison comme, par exemple, pour le Fin Gras du Mézenc).

Alimentation 

  • 80 % d’herbe (ou de foin) minimum ; compléments garantis sans OGM.
  •  Ensilage de maïs interdit pour l'engraissement, enrubannage interdit 100 jours avant l’abattage.
  •  80 % d’aliments issus de la Montagne ardéchoise minimum.
  • Pâturage minimum de 5 mois par/an, les mois sans neige, hormis les veaux.

Races

  • Races à viande ou croisées (Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine, Salers, Aubrac).
  • Races mixtes en croisement avec races à viande (Montbéliarde, Abondance, Vosgienne, Simental).

Vie des animaux

  • Animaux nés, engraissés et abattus dans la zone de production.
  • Plus d’1 ha/bovin présent sur l’exploitation.
  • Proximité des lieux d’abattage (Aubenas, Privas, Annonay, Langogne, Polignac et Yssingeaux).

Qualité de la viande 

  • La viande provient uniquement de veaux, génisses ou jeunes vaches (5 ans max).
  • Maturation d’au moins 7 jours après abattage pour les génisses et les jeunes vaches.

Environnement 

  • Interdiction des produits phytosanitaires sur les prairies.
  • 80 % de l’exploitation toujours en herbe (pour pâturage et foins).
  • Présence d’eau moins 4 plantes indicatrices de biodiversité dans les prairies.
  • Préservation des zones humides, pas de labour, pas de fertilisation minérale ni de drainage.