VITICULTURE
Vins IGP d’Ardèche : « Une campagne moins catastrophique que prévu »

Marin du Couëdic
-

L’IGP Ardèche, qui rassemble la grande majorité de la production viticole du sud du département, voit ses volumes et ses ventes baisser sur l’année écoulée. Les pertes de récolte causées par le gel sont toutefois moins lourdes que prévu. Le point chiffré sur ce millésime 2021.

Vins IGP d’Ardèche : « Une campagne moins catastrophique que prévu »
Malgré le gel, l'IGP Ardèche devrait atteindre la barre des 300 000 hectolitres de vins produits en 2021.

Après une année 2021 marquée par les phénomènes climatiques, l’heure est au bilan pour le syndicat des vins IGP d’Ardèche, qui tenait son assemblée générale mercredi 10 novembre à Saint-Sernin. « On devrait arriver à une déclaration de récolte de 300 000 hectolitres pour ce millésime 2021 alors que la moyenne des cinq dernières campagnes s’élève à 350 000 », rapporte Pierre Champetier, président de l’association qui regroupe quinze caves coopératives et une soixantaine de vignerons indépendants dans le sud du département. « C’est un chiffre moins catastrophique que ce qui était prévu au printemps, précise le viticulteur installé à Labeaume. Après le gel, les vignes sont bien reparties et la récolte très tardive a été bénéfique. Au final, il va manquer 15 à 20 % des volumes. »

Moins de rosé cet été

Au-delà des dernières vendanges, les chiffres présentés lors de l’assemblée générale ont permis de confirmer une tendance à la baisse pour cette production ardéchoise caractérisée par une grande diversité de cépages (cépage unique ou assemblage) et de terroirs. « De janvier à septembre 2021, les sorties de chais en IGP Ardèche sont en baisse de 9 %, toutes couleurs confondues avec 223 000 hectolitres contre 245 000 l’an passé », indique Marine Gayrard, directrice d’Intervins IGP Sud-Est, qui était l’invitée du syndicat des vins IGP d’Ardèche.

Dans le détail, le rosé accuse la plus forte baisse, avec 11 % de sortie commerciale de moins que l’an passé à la même période, suivi par le rouge (- 10 %) et dans une moindre mesure le blanc (- 4 %). « Les rosés sont particulièrement mal sortis cet été avec une météo capricieuse qui ne nous a pas aidés », complète le président Pierre Champetier. En juin et juillet 2021 notamment, on constate des baisses de 39 % de 48 % des sorties en rosé comparé à 2020.

Volumes en baisse mais prix en hausse

Côté commercialisation, la grande distribution représente 62 % des débouchés en 2021. Avec 138 000 hectolitres écoulés, les volumes vendus sur ce périmètre ont diminué de 7 %. « Toutes les couleurs et les formats, BIB et bouteille, sont concernés par cette baisse, sauf le blanc en bouteille qui augmente de 1 % », souligne Marine Gayrard. Le prix moyen des vins IGP Ardèche augmente toutefois légèrement en 2021 pour s’établir à 3 € par litre en moyenne. À noter que le rouge en bouteille voit son prix moyen augmenter de 5 % pour atteindre 4,4 € par litre. Sur la répartition des volumes vendus en grande distribution, les supermarchés et les hypermarchés représentent la grande majorité des sorties (82 %) alors que les ventes en petites surfaces de proximité progressent (+ 3 %), pour atteindre 10 % du total des volumes écoulés.

L’autre principal débouché des vins IGP sont les cavistes et caveaux (30 %). L’export représente seulement 8 % des vente. « Il nous manque encore cette capacité à vendre davantage à l’international, regrette Pierre Champetier. Ce n’est pas une question de qualité mais de cycle et de notoriété. Il faut continuer à promouvoir les vins du Sud-Ardèche. »

Déficit de blanc

Quant aux stocks d’IGP Ardèche, ils s’établissaient à 152 000 hectolitres lors du dernier décompte en septembre 2021, en baisse de 5 % par rapport à l’an passé. Il manque surtout des blancs (- 16%) et dans une moindre mesure des rouges (- 9%), tandis que le stock de rosé a augmenté (+ 15%). « Les stocks sont en baisse depuis plusieurs années et les petites récoltes ne font qu’aggraver le phénomène. Autant 2021 a été une année très difficile pour les producteurs, autant 2022 le sera pour les vendeurs », estime Denis Roume, ancien directeur des Vignerons Ardéchois, l’union des caves coopératives du Sud-Ardèche. Effet positif toutefois selon Pierre Champetier : « Les ventes moins importantes des derniers mois vont permettre de mieux passer l’année à venir ».

Marin Du Couëdic

« Le changement climatique fera forcément évoluer le cahier des charges »
Les Vignerons Ardéchois ont adopté la pratique des couverts végétaux depuis plusieurs années déjà (crédit : Vignerons Ardéchois).

« Le changement climatique fera forcément évoluer le cahier des charges »

FILIERE / L'intégration de l'agroécologie dans les signes officiels d'identification de la qualité et de l’origine des produits était au centre d'une intervention menée par André Barlier, directeur adjoint de l'Inao.

Près de dix ans après l’obtention de l’IGP Ardèche, la situation climatique a changé dans le département comme dans le reste du pays. Cette réalité, qui impacte fortement la filière viticole, a fait l’objet d’une intervention de l’Inao1 sur le thème de « l’intégration de l’agroécologie dans les SIQO2 » lors de l’assemblée générale du 10 novembre à Saint- Sernin. « L’évolution du climat impacte fortement la filière viticole. Chaque année, on se demande si les viticulteurs vont devoir faire face au gel, à la grêle ou à un nouveau besoin d’enrichissement », relève André Barlier, directeur adjoint de l’établissement public. Pour s’y préparer, lui et sa collègue Caroline Blot, responsable du pôle vins et spiritueux, ont notamment défendu la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) attribuée aux exploitations viticoles ayant atteint le niveau de certification environnementale le plus élevé, et proposé l’intégration de mesures agroécologiques dans les cahiers des charges.

L’intervention a donné lieu a un débat dans la salle. « Le changement climatique fera forcément évoluer le cahier des charges, il s’agira de trouver la juste mesure », a estimé Denis Roume, vice-président du comité national IGP de l’Inao et ancien directeur des Vignerons Ardéchois. « Sans mesures environnementales, il n’y aura pas de SIQO dans quelques années », a insisté pour sa part Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA et exploitant viticole à Valvignières.

M.D.C.

1. Institut national de l’origine et de la qualité

2. Signe officiel d'identification de la qualité et de l’origine (AOP/AOC, IGP, STG, AB et Label Rouge)

Concours général agricole des vins : les inscriptions sont ouvertes !

Ses médailles font référence dans le monde viticole français. Annulé l’an passé à cause de la situation sanitaire, le concours général agricole des vins récompensera bien les meilleurs cuvées en 2022. Les inscriptions sont ouvertes depuis le 2 novembre sur le site Internet www.concours-general-agricole.fr. En Ardèche, le prélèvement des échantillons se déroulera du 10 au 31 janvier 2022. Les vins seront présentés lors d’une première sélection le mercredi 9 février au lycée agricole d’Aubenas. La finale se tiendra le dimanche 27 février au Salon de l’agriculture de Paris. Le passe sanitaire sera demandé en présélection et en finale.

L’Ardèche accueillera le congrès des vins IGP de France en 2022

Les quelque 75 vins de pays bénéficiant du macaron jaune et bleu IGP se réuniront en Ardèche du 6 au 8 juillet 2022 pour le congrès annuel de la confédération des vins IGP de France. Un événement organisé pour la première fois dans le département à l’initiative du syndicat des vins IGP d’Ardèche. Lors de l’assemblée générale du 10 novembre, Pierre Champetier a indiqué qu’il s’agira de sa « dernière activité » en tant que président du syndicat « avant de laisser la place aux jeunes ».

Pierre Champetier
Pierre Champetier, président du syndicat des vins IGP d'Ardèche.