CONGRES
Chasse : « Une reconnaissance renforcée »

Plus de 700 chasseurs étaient réunis le 15 avril au Pouzin à l’occasion de l’assemblée générale de la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche.

Chasse : « Une reconnaissance renforcée »
L’assemblée générale était organisée au gymnase Jackson Richardson au Pouzin.

Fort d’un réseau dynamique, la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche a réuni le 15 avril au Pouzin près de 700 adhérents et de nombreux élus. Les résultats de l’exercice 2021-2022 affichent « une pression de chasse efficace » et des montants de dégâts de grand gibier stabilisés, déclare le président de la fédération Jacques Aurange. Il a salué les effets des nouvelles missions accordées par l’Etat à l’ensemble des fédérations départementales, « une reconnaissance renforcée », mais un système d’indemnisation des dégâts occasionnés par le grand gibier « loin d’être satisfaisant ».

Réduire de 20 à 30% les dégâts agricoles sur 3 ans

Deux accords sur la réduction de ces dégâts ont été signés le 1er mars dernier au Salon international de l’agriculture. Le premier accord attribue 60 millions pour le déploiement d’une boîte à outils destinés à améliorer le système d’indemnisation et prévenir les dégâts, et 20 millions d’euros aux fédérations départementales pour financer l’augmentation du coût des dégâts de 2021-2022. En Ardèche, les dégâts se placent à un niveau historiquement bas sur cette période (voir ci-contre).

Le second accord a été signé avec le monde agricole. Objectif : réduire de 20 à 30% les dégâts agricoles de grand gibier sur trois ans et élargir l’utilisation de la boite à outils pour donner les moyens aux chasseurs de gagner en réactivité et augmenter les prélèvements. Il comporte aussi un volet sur la possibilité d’agrainage dissuasif et la révision du seuil d’indemnisation des dégâts par exploitation (150 €).

Un appui à la transition

« Il est attendu une traduction réglementaire de ces accords par les services de l’Etat », rappelle Jacques Aurange, convaincu du bien-fondé à revoir le système d’indemnisation des dégâts et à entreprendre une transition plus large. « Nous ne donnerons pas un avenir à la chasse française si nous ne restons que sur cette équation financière qui nous lie à la nature. Notre devenir passe par l’activité environnementale, pas la gestion de la biodiversité, par l’information du grand public et bien sûr par le vivre ensemble dans la nature. »

Ces accords permettent de réduire la pression sur les associations communales de chasse agréées (Acca) mais appellent à des contreparties, glisse le préfet de l’Ardèche Thierry Devimeux. « Un travail est à mener pour assurer la cohabitation par le partage et la transparence des prélèvements. » Sur le sujet de la biodiversité, « nous devons mener des actions extrêmement vigilantes ». « Sur le sujet du renard, nous avons un développement complétement anarchique du campagnol sur certains secteurs d’Ardèche et des moyens de luttes inefficaces. Ne faut-il pas encourager les prédateurs naturels ? Il faut que tout le monde puisse débattre de ces sujets-là. » 

« La bataille de l’opinion est cruciale »

Sécurité, partage des espaces naturels, défense de la biodiversité, identité culturelle… Les polémiques entre partisans et opposants à la chasse sont grandissantes ces dernières années. « La bataille de l’opinion est cruciale pour l’avenir de la chasse », estime Jacques Aurange. « La chasse est devenue un sujet médiatique permanent, voire un projet politique. Dans ce contexte, il est d’autant plus important d’expliquer notre pratique et de combattre ce sentiment de peur qui s’est installé chez certains usagers de la nature. »

La pratique se veut résolument « populaire » affiche le président de la fédération, qui s’oppose à une interdiction de la chasse le dimanche. « Chaque projet de texte de loi, se rapportant de près ou de loin à la ruralité sur fond notamment de défense du bien-être animal ou d’écologie radicale, présente pour nous un risque politique. » Jacques Aurange a salué le soutien sans faille des élus ardéchois, renouvelé lors de cette assemblée générale. Le député Hervé Saulignac de défendre « une ruralité éclairée et tout ce que le monde de la chasse apporte à la société », le sénateur Mathieu Darnaud et le président du Département Olivier Amrane « une identité ardéchoise ».

A.L.

Jacques Aurange
Jacques Aurange, président de la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche.
Une facture stable
DEGATS AGRICOLES

Une facture stable

Le montant d'indemnisation des dégâts agricoles du grand gibier s'élèvent à un peu moins de 150 000 € en 2021-2022.

Les dégâts agricoles du grand gibier se stabilisent sur l’exercice 2021-2022. Les frais d’indemnisation et d’expertise ne dépassent pas 150 000 €, correspondant au seuil de solidarité départemental. « Un niveau historiquement bas depuis plus de 20 ans en quantité détruites mais aussi en euros malgré la conjoncture économique », indique le président de la fédération, Jacques Aurange. Ils concernent principalement des frais d’indemnisation de dégâts de sanglier (plus de 110 000 €) et des coûts d’expertise d’environ 22 500 €. Une forte diminution des dégâts est constatée en termes de quantité (-85%), de surface détruite (prairies) et de volume (céréales et vignes). « Les efforts demandés aux chasseurs sur l’effort de chasse, les mesures de protection et de prévention telles que la pose de clôture ou l’agrainage de dissuasion semblent payer. »

Pour la saison 2022-2023, le seuil de solidarité a été fixé à 75 000 €. La fédération annonce d’ores et déjà une baisse de moitié du volume détruit en vigne par rapport à l’exercice précédent, mais une augmentation des dégâts sur les secteurs de prairie.

ESOD : « des modalités de piégeage restrictives et complexes »

Renard, fouine, pie… Le sujet d'autres espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (Esod) a été évoqué en assemblée générale. « Les modalités de piégeage sont de plus en plus restrictives et complexes. Par conséquent, le nombre de piégeurs actifs en Ardèche ne cesse de décroître. »

En 2021-2022, près de 2 180 renards ont été prélevés, toutes méthodes confondues (piégeage, tir, déterrage). Un chiffre en augmentation par rapport à l’exercice précédent (+27%). « L’espèce provoque des dégâts assez importants aux activités humaines. Au cours des trois dernières années, le montant cumulé est de 30 000 € pour 170 dossiers déposés. »

Sur la même période, la fouine, quant à elle, est à l’origine de 45 dossiers de dégâts ardéchois pour 19 000 € (208 prélèvements essentiellement par piégeage). La pie, seul oiseau encore classé Esod en Ardèche, « ne le sera plus à compter du 1er juillet prochain faute de données et déclarations de dommages ».

10 000

C’est le nombre de chasseurs présents en Ardèche, regroupés en 650 associations dont 338 associations communales de chasse agréées.

Une aide apportée sur la sécurité et l’attractivité de la pratique
De gauche à droite : Jacques Aurange, président de la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche, François Arsac, président de la Capca, Matthieu Salel, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de l’environnement et du tourisme, et Olivier Amrane, président du Département.
DEPARTEMENT

Une aide apportée sur la sécurité et l’attractivité de la pratique

Une convention a été signée entre le conseil départemental et la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche. Elle attribue à la fédération une aide de 150 000 € répartie sur trois ans. 

« Le Département de l’Ardèche soutient les chasseurs. » C’est le message qu’ont martelé le président de la collectivité Olivier Amrane et son vice-président en charge de l’agriculture, de l’environnement et du tourisme, Matthieu Salel, lors du congrès des chasseurs de l'Ardèche. La semaine passée, une convention a même été signée entre le Département et la fédération pour soutenir les chasseurs à hauteur de 150 000 € sur trois ans.

Le premier objectif de cette convention vise à améliorer le contenu des formations sur la sécurité de la pratique, notamment sur les règles de sécurité et le maniement des armes, en proposant des sessions supplémentaires aux formations décennales obligatoires.

Cette convention est aussi résolument tournée vers l’attractivité de la pratique, en soutenant la chasse accompagnée, qui est accessible à partir de 15 ans et menée sur une année, et l’adhésion des jeunes aux Acca, qui pourront désormais bénéficier du bonus collégien proposé par le Département. Ce bonus apporte une aide de 60 € pour chaque collégien qui s’inscrit dans une association ou une structure sportive ou culturelle d’Ardèche.

A.L.

Aménagement du territoire et animations liés à la biodiversité 

En partenariat avec des étudiants qui se préparent aux métiers de l’environnement, la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche a participé en 2021 à la plantation de 840 mètres de haies, l’entretien de pelouses sèches, la création d’un point d’eau, la restauration de 275 hectares d’espaces pastoraux et des aménagements spécifiques aux lapins de garenne. Elle a contribué également à la restauration de la zone humide de Saint-Cyr, en association avec le syndicat de gestion des Trois rivières.

Ces actions menées sur l’aménagement du territoire ont côtoyé d’autres démarches centrées sur l’éducation à l’environnement : création d’un pôle ludo-pédagogique sur la biodiversité au col de l'Escrinet, animations et projections de films pédagogiques sur la nature.

Coup de projecteur sur la venaison

Les dernières campagnes de communication menée par la fédération nationale des chasseurs ne cessent de mettre en avant une image positive de la pratique en faveur de la société et de la biodiversité. Elles mettent en lumière la contribution des chasseurs durant les incendies de 2022, sur la protection des cultures grâce à la pose de clôtures électriques, sur la sécurité et la baisse du risque de collisions routières grâce à la réduction des populations de sangliers.

D’autres opérations de communication se veulent plus locales, notamment sur les filières de venaisons, « formidable atout économique et social pour nos territoires ruraux », apprécie Jacques Aurange. Locale, bio, de saison… « Cette viande répond aux nouvelles attentes des consommateurs, devenus locavores. » En automne, la fédération ardéchoise a mis en avant la cuisine de chevreuil avec une journée d’animation orchestrée par le chef du restaurant La Boria (Veyras), l’entreprise Matal (Aubenas) spécialisée sur les métiers de bouche, des étudiants du CFA André Fargier (Lanas), des recettes et conseils du chef communiqués en partenariat avec la presse locale… Le tout filmé en vidéo et affichant près de 64 000 vues !

« La chasse & la commune »

Un livret à destination des élus locaux a été réalisé par la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche. Il présente l’organisation et le fonctionnement du réseau des chasseurs sur le territoire. Il apporte également des informations techniques sur la gestion des espèces et des habitats, ainsi que sur les volets sécurité à la chasse et éducation à l’environnement. Son objectif ? Favoriser le lien avec les maires ardéchois.