VITICULTURE
Les Vignerons Ardéchois poursuivent leur ascension

Marine Martin
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Fort d’un succès qui ne s’essouffle pas, l’Union des Vignerons Ardéchois a fait le point sur 2023 lors de leur assemblée générale du 13 juin, au cœur de leur domaine emblématique, Terra Noé.

Les Vignerons Ardéchois poursuivent leur ascension
Jérôme Volle, Philippe Dry, Cyril Jaquin et Chloé Deleuze. ©AAA_MMartin

« Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin », si Cyril Jaquin, président de l’Union des Vignerons Ardéchois emprunte ce proverbe, ce n’est pas anodin. Il résume l’identité de l’union, basée sur le collectif et l’ambition de faire encore mieux.

Malgré un contexte marqué par « un déficit de pluie record et une récolte 2022, identique à 2021, avec 300 000 hectolitres », des charges croissantes et une augmentation des tarifs qui n’a « compensé que partiellement » cette hausse, le succès des Vignerons Ardéchois ne s’est pas démenti.

Avec un chiffre d’affaires en hausse de 3,3 % par rapport à l’année dernière, Philippe Dry, directeur de l’Union, s’enthousiasme : « L’année 2023, je signe pour la faire chaque année ! ».

Il faut dire que l’Union des Vignerons Ardéchois a le vent en poupe : des ventes qui augmentent, une progression à l’export, une adéquation entre la tendance des consommateurs et les produits proposés, les 1 000 vignerons et les 14 caves impliqués dans l’Union ont de quoi avoir le sourire. « Concernant l’évolution de notre activité à travers les différentes familles de produits, l’activité Bag In box se stabilise avec 173 502 hectolitres vendus, il représente 47 % du chiffre d’affaires », détaille Philippe Dry. En seconde place se trouve la vente du vin en bouteille dont l’activité a bondi et représente 38 %. « Cela montre une évolution de la qualité dans le bon sens. La première raison de notre succès, c’est le vin, confirmé par notre capacité de conditionner l’essentiel de notre production. »

« Notre force est d’être équilibré sur les trois couleurs »

« Face aux difficultés de la filière, c’est une force d’avoir des ventes équilibrées », affirme Philippe Dry. Le rosé représente environ 40 % de l’activité, tandis que le rouge et le blanc se partagent équitablement les 60 % restants. Le vin blanc est en hausse de 9 % en chiffre d’affaires et volume. Le vin rouge n’est pas en reste et progresse également grâce à des « rouges friands et faciles à boire. Nous avons la chance d’avoir des vins vifs, nerveux, qui vieillissent bien et qui représentent un élément de différenciation pour nos clients ».

Une diffusion ubiquiste

Concernant la répartition des ventes par circuits, la grande distribution représente 41 % de l’activité, dans « toutes les enseignes ». Les circuits traditionnels et le vrac suivent avec respectivement 22 % et 18 % de l’activité. L’export est faible, mais progresse et représente aux alentours de 10 % de l’activité. Avec en tête l’Allemagne. Mais surprise de l’année, l’export vers l’Angleterre a doublé, notamment sur les rosés, 2e marché à l’export.

L’ambition « d’aller plus loin »

Afin de faire perdurer le succès et sans cesse s’améliorer, Philippe Dry part d’un constat « la faiblesse des caves, c’est le manque de marques, donc, nous avons recentré l’ensemble de l’activité. Plus de 85 % de nos vins sont signés Vignerons Ardéchois. Au-delà des signatures, nous avons des marques à mettre en avant ». Cellier du Pont d’Arc, notamment, représente la première marque de la maison en France et se vend bien à l’export. La marque Orélie de son côté « fait la moitié du chiffre d’affaires des cavistes ».

Désormais bien ancrés dans leur succès, les Vignerons Ardéchois ont des envies d’ailleurs, afin de faire rayonner les vins d’Ardèche bien au-delà de ses vignes.

M.M.

« Nos produits répondent aux attentes des consommateurs grâce à des vins frais et faciles à boire »
Cyril Jaquin, président de l'Union des Vignerons Ardéchois depuis l'année dernière et Philippe Dry, directeur. ©AAA_MMartin
INTERVIEW

« Nos produits répondent aux attentes des consommateurs grâce à des vins frais et faciles à boire »

Cyril Jaquin, président de l’union des Vignerons Ardéchois, et Philippe Dry, le directeur, reviennent sur les résultats remarquables de cette année et sur le développement de l’Union.

Comment se porte le marché du vin pour l’Union des Vignerons Ardéchois face à une filière en crise ?

Cyril Jaquin : « Sur le marché du vin, nous avons un atout : nos produits répondent aux attentes des consommateurs grâce à des vins frais et faciles à boire, ainsi qu’à la diversité et à la complémentarité de nos offres. »

Philippe Dry : « La consommation évolue depuis les années 1960. L’Ardèche est plutôt bien placée pour répondre à cette évolution des tendances. Nous produisons un vin décomplexé, qu’on ne va pas mettre forcément dans sa cave, bien que nous ayons des vins de gardes. »

C.J. : « Quand globalement la France perdait des parts de marché en rouge, nous, on en gagnait. »

P.D. : « Les régions où la consommation de vins rouges diminue sont celles où les vins rouges sont plus structurés, avec davantage de tanins, de couleur et d’alcool. Les consommateurs recherchent des vins davantage écoresponsables et dotés d’une identité propre. Les Vignerons Ardéchois combinent les éléments : l’Ardèche, avec sa nature préservée, offre des vins frais et de qualité, fort d’un patrimoine historique et culturel. »

Comment expliquez-vous ce chiffre d’affaires en hausse ?

C.J. : « Le chiffre d’affaires s’explique en deux points : une augmentation sur la partie prix, en milieu et fin 2022, puis un développement des ventes, notamment à l’export, qui représente aujourd’hui environ 10 % de notre chiffre d’affaires. »

Quelle stratégie marketing se développe concernant la vente à l’export ?

C.J. : « Pour l’année 2023, nous avons augmenté nos effectifs de commerciaux afin d’étendre les secteurs de commercialisation. »

P.D. : « Le marché de l’export évolue vers des tendances plus écologiques. Le grand export souffre davantage en raison de la production et de la consommation locales, ainsi que des préoccupations liées au transport. Cependant, en Europe, il existe un potentiel de développement de l’exportation, notamment en Belgique, aux Pays Bas, en Allemagne et en Angleterre, tout en continuant à développer le grand export. Les consommateurs étrangers recherchent comme les Français, des vins frais, avec une histoire, un équilibre des couleurs et des formats variés.

Par exemple, il y a un potentiel pour le développement du marché du « Bag in Box », qui reste pour l’instant une spécialité française, notamment vers les pays d’Europe. Ce format est pratique, moins cher au litre et permet de conserver la fraîcheur du vin. En termes de bilan carbone, 1 litre de vin en « Bag in Box » consomme dix fois moins de carbone qu’un litre en bouteille, car la production de verre et de matières sèches consomme énormément de carbone. Le « Bag in Box » à l’export offre de belles perspectives. »

Quelles sont les prévisions pour 2024 ?

C.J. : « sur le marché, au 31 mai, nous sommes au même chiffre d’affaires que l’an dernier. Concernant la campagne 2023, il y a une bonne sortie, mais il faut concrétiser. »

Les Vignerons Ardéchois en chiffres

58 millions d’euros de chiffre d'affaires

6 000 hectares de vignes

1 000 familles de vignerons adhérentes à l’Union et 14 caves coopératives

1er producteur IGP en Auvergne-Rhône-Alpes

Le mot du président : une étude sur le bilan carbone en cours

« Fin 2023, nous avons engagé une étude sur le bilan carbone de nos vignerons et de nos caves afin de mesurer l’impact sur la consommation carbone pour devancer la demande de nos clients sur ce sujet afin de s’inscrire dans une démarche volontaire », a déclaré le président de l'Union des Vignerons Ardéchois, Cyril Jaquin.

De nombreuses personnes ont assisté à cette assemblée générale. ©AAA_MMartin