RECYCLAGE

Le groupe Barbier redonne vie aux plastiques agricoles usagés

Comme en Haute-Loire, une collecte de déchets plastiques agricoles est en place depuis plusieurs années en Ardèche dans le cadre de la filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) Adivalor. En 2022, ce sont 211 t qui ont été collectés par 325 participants en Ardèche, un record de tonnage dans ce département qui a certainement suscité l'envie de découvrir le process de fabrication et de recyclage des plastiques agricoles ; process mis en oeuvre en Haute-Loire, au sein du bassin du plastique à Monistrol sur Loire, par le groupe Barbier, 1^er producteur indépendant sur le marché français (5^e producteur européen de film polyéthylène) et 1^er industriel français à être certifié pour l'incorporation de matières plastiques recyclées dans son process et ses produits.

Pris en charge par Christophe Mitre, référent de l'école Barbier et par Cyril Chamard, responsable activités de recyclage, le groupe a découvert deux sites : la production de films plastiques pour un usage agricole et industriel et le recyclage des plastiques usagers. La gamme de produits élaboré à Monistrol à partir de plastiques recyclés répond par le fait à la volonté du groupe de s'engager dans le cercle de l'économie circulaire (fabrication, consommation-utilisation, collecte, recylage en vue d'une nouvelle fabrication). « Le groupe Barbier contribue à ce nouveau modèle de production et de consommation depuis de nombreuses années. Les enjeux d’éco-conception, de tri et de recyclage sont d'ailleurs au cœur de la stratégie du groupe ».

Dans le temple du plastique

C'est équipé de gilets et de surchaussures de sécurité, sans oublier les bouchons d'oreilles, qui se sont avérés très utiles, que le groupe de 7 personnes est entré dans le temple du plastique, une unité qui produit nuit et jour des films d'enrubannage, d'ensilage, des plastiques pour serres et pour l'industrie. L'usine ultra moderne et entièrement automatisée abrite robots et machines qui travaillent sous la haute surveillance des employés, qui se concentrent sur la qualité du process et du produit.

La délégation s'est longuement arrêtée devant une ligne d'extrusion de film d'ensilage (5 couches) de bulle d'air de 20 mètres de circonférence et qui s'étend sur une hauteur de 9 étages pour faciliter son refroidissement et homogénéiser son épaisseur ! Un modèle unique en Europe par sa taille... Un process qui consiste à faire fondre les granules de polyéthylènes et à les conformer sous forme d’une bulle au travers d’une filière annulaire. Cette bulle de plastique est ensuite coupée et les films qui en sont issus sont enroulés, emballés avant d'être expédiés.

Pour fabriquer ces quelques 170 000 t de films plastiques (dont 40% sont destinés à l'agriculture), le groupe Barbier achète de la matière première (granules de polyéthylène qui n'ont vraiment que l'aspect de notre AOP lentille Verte du Puy!) auprès de producteurs de pétrochimie. Mais une bonne partie de ces granules provient du recyclage de films plastiques usagers collectés dans les exploitations notamment.

Plastiques agricoles : champions du recyclage

Le groupe Barbier, qui traite 30 000 t de déchets recyclés, nous a justement ouvert les portes du site qui assure le recyclage des films agricoles usagers. Et dans ce cadre-là, Cyril Chamard a rappelé l'engagement de son entreprise dans la filière REP Adivalor, « Adivalor est notre unique fournisseur de plastiques agricoles car il nous apporte une garantie qualité et est doté d'un bon maillage du territoire en France ». Ce dernier nous apprend que les films agricoles sont les champions du recyclage avec « 80% des films agricoles sur le marché qui sont récupérés contre 30% des films industriels et 20% pour les films plastiques ménagers ». Une performance qu'il attribue à l'organisation de la REP Adivalor qui s'appuie sur le volontariat de chacun de ses membres, à commencer par les agriculteurs. « Parfois on a du mal à comprendre l'agribashing car les agriculteurs sont très performants dans le tri de leurs plastiques ! » remarque Cyril Chamard.

La délégation a ainsi pu découvrir concrètement ce que deviennent les bâches et films d'enrubannage et d'ensilage qui sont collectés chaque année par la filière à travers la France. Les plastiques sont d'abord déchiquetés, triés (un aimant pour séparer le fer, un tamis pour le sable et la technique de l'aéraulique pour isoler les cailloux), lavés à grandes eaux puis essorés et séchés avant de subir une regranulation où il sont chauffés, formés et coupés.

Chez Barbier, rien ne se perd

Toutes ces étapes se font dans le plus grand respect de l'environnement (au moyen d'une station d'épuration), dans le souci d'économie d'eau (récupération d'eau réutilisée dans le process) et de chaleur. Chez Barbier, rien ne se perd, même les boues issues du lavage sont récupérées par un Gaec de Haute-Loire en vue d'une incorporation dans un méthaniseur et pour l'épandage. Sur les 30 000 t de déchets plastiques traités, 22 000 t sont recyclés et pour les 8000 t qui ne peuvent l'être, Barbier veille à les valoriser... Le sable part dans le BTP, le plastique non capté par la chaîne sert de carburant pour chaudière industrielle ou est transformé en mobilier urbain.

« Le groupe Barbier, contrôle et améliore en continu les recettes de fabrication en coordination avec les clients pour intégrer toujours plus de matières premières recyclées dans nos formulations. 100 % des matières premières recyclées dans nos usines sont réintégrées dans nos produits finis », a ajouté Cyril Chamard.

De quoi vous donner envie de poursuivre ou d'intégrer la filière Adivalor !

Véronique Gruber