EXPÉRIMENTATION
Mixer ovins et bovins en système herbager : des bénéfices existent

Selon l’Inrae, l’association de bovins et d’ovins dans une proportion de 60-40 % d’UGB présente des avantages pour l’atelier ovin en termes de performances zootechniques, économiques, environnementales et de compétition feed-food.

Mixer ovins et bovins en système herbager : des bénéfices existent
Dans l’atelier ovin, l’association des deux espèces a permis une meilleure performance des femelles adultes en termes de poids et d’état corporel lors des périodes du cycle de reproduction. ©Inrae

L’agroécologie ne se résume pas seulement à l’introduction de biodiversité dans une parcelle. Entre 2017 et 2020, l’Unité mixte de recherche sur les herbivores (UMRH) et l’UE Herbipôle1 ont associé des ovins à des bovins (40-60 % d’UGB) dans un système d’élevage allaitant herbager mixte (MIX). Les performances d’une telle association ont été comparées à celles d’un système spécialisé bovin (BOV) et d’un système spécialisé ovin (OV). Les trois systèmes étaient conduits en agriculture biologique et situés en zone de moyenne montagne avec des animaux initialement similaires. Les surfaces étaient, quant à elles, constituées de prairies permanentes. Les mises-bas ont eu lieu à la fin de l’hiver, afin d’élever les veaux au pâturage à partir de l’âge de 3 mois jusqu’à leur sevrage en octobre, puis de les engraisser en bâtiments avec de l’enrubannage jusqu’à leur abattage à 12-15 mois. De leur côté, les agneaux ont été élevés au pâturage à partir de leur 1 mois. Ceux qui n’étaient pas prêts pour l’abattage en fin de saison de pâturage ont été finis en bergerie à l’aide de concentrés.

L’atelier ovin plus avantagé que l’atelier bovin

Grâce à une vitesse de croissance des agneaux plus élevée, l’association des deux espèces (MIX) a permis plus de viande produite par UGB ovine (+ 17,1 %) et une proportion plus élevée d’agneaux finis à l’herbe. La productivité des brebis a également été plus forte que dans le système OV. Les chercheurs ont aussi remarqué une baisse de 17,8 % de consommation de concentrés par UGB ovine, ainsi qu’une diminution des traitements anthelminthiques. Surtout, le système MIX a permis de meilleures performances des femelles adultes en termes de poids et d’état corporel lors des périodes clé du cycle de reproduction.

Malgré des coûts de clôtures supplémentaires, l’expérimentation a démontré que les performances économiques étaient plus élevées dans le système MIX que dans le système OV : + 10 % de marge brute et + 47,5 % de revenu par UGB. Cette tendance concerne également les performances environnementales avec - 10,9 % d’émissions de GES et - 15,7 % de consommation d’énergie. La compétition feed-food a, quant à elle, été réduite de 47,2 %. Tous ces résultats s’expliquent notamment par l’amélioration des performances des animaux et par la réduction de l’utilisation des intrants.

Cette association n’a en revanche eu aucun impact sur la productivité des vaches et les performances des veaux. Seul le gain de poids des vaches durant la saison de pâturage a été plus élevé dans le système MIX, que dans le système BOV. Malgré de bonnes propriétés nutritionnelles et sensorielles de la viande, le poids de carcasse des jeunes bovins a été jugé insuffisant par les acteurs du marché. L’atelier bovin a donc enregistré des performances économiques médiocres. L’analyse des résultats se poursuit dorénavant sur la qualité de la viande d’agneau et sur l’évolution de la composition floristique des prairies.

Léa Rochon sur communiqué de l’Inrae

1. L’Herbipôle rassemble l’ensemble des installations expérimentales INRAE de ruminants en Auvergne-Rhône-Alpes réparties sur 3 sites : Laqueuille et Theix dans le Puy-de-Dôme et Marcenat dans le Cantal.