SÉCHERESSE
Un manque d'eau dès l'hiver

Sans pluie depuis le 23 janvier, l’Ardèche termine l’hiver avec un gros déficit pluviométrique et des réserves déjà sous tension. Et les prévisions du printemps ne sont pas plus optimistes. Le point.

Un manque d'eau dès l'hiver
Les cours d'eau sont anormalement bas pour la saison.

Des sources taries en plein hiver et des retenues collinaires à moitié vides… C’est du jamais vu. « Le lac collinaire de Vert (Vernosc-les-Annonay) n’atteint même pas les 30 % de remplissage, constate Marc Duclaux, président de l’Asa de Vert. Seules les petites retenues sont remplies. Les sources et ruisseaux sont déjà au plus bas, les prairies sont en souffrance et les céréales ne lèvent pas. Il poursuit : En nord Ardèche, nous n'avons quasiment pas eu de pluie à l’automne, les épisodes cévenoles ne sont pas venus jusqu’à nous. Le déficit de pluie s’est poursuivi cet hiver, ce qui fait qu’on manque d’eau, en surface et en profondeur. C’est très inquiétant. »

Les arboriculteurs aussi s'inquiètent, alors que les fruitiers, notamment abricotiers, sont parfois en fleurs.

Un déficit marqué sur la montagne

L’Ardèche est à sec. Et pour cause : il n’y a pas eu de pluie depuis le 23 janvier, « du jamais vu en hiver » selon Thibault Montagnon, météorologiste conseil chez météo France. « Il y a bien eu un peu de neige les 6 et 7 février, notamment dans le Sud, mais rien de significatif. Tout le monde est inquiet, la situation est très préoccupante. Il détaille : En janvier, on enregistre un déficit de précipitation de 70 à 80 % en moyenne dans le département. En février, on est à peine à 10 % de la normale… »

Selon Météo France, le déficit pluviométrique est particulièrement marqué sur la montagne ardéchoise. « Sur les mois d’hiver (décembre, janvier, février), ce déficit dépasse les 50 % sur la zone ouest et le nord du département, déjà marqués par le manque de pluie à l’automne », souligne Thibault Montagnon.

Epuisées par la sécheresse de 2022, les réserves des cours d’eau de l’Ardèche cumulent un déficit de plusieurs mois. « L’hiver, avec la baisse des températures et l’absence d’évapotranspiration, est normalement la période qui permet de recharger les « réserves utiles ». Or cette année, ces réserves ne se refont pas », constate-t-il.

Des prévisions alarmantes

« Si quelques averses sont annoncées cette semaine, pas de quoi inverser la tendance. Un petit épisode cévenol est prévu, mais on n’attend pas plus de 50 mm », affiche Thibault Montagnon. Il poursuit : Pour pouvoir rattraper tout le retard cumulé, il faudrait un printemps très pluvieux. Or, les prévisions pour mars et avril ne vont pas dans ce sens, au contraire. »

Des restrictions à l’irrigation dès la fin février ?

Les principaux cours d’eau du département affichent des débits déjà extrêmement bas pour cette période de l’année. Au 21 février, ils étaient même en-dessous des seuils d'alerte pour quatre rivières : le Doux et l’Ouvèze, où le seuil d’alerte a été franchi (depuis le 10 février pour le Doux), la Cance et la Beaume.

Des restrictions à l’irrigation pourraient donc intervenir en Ardèche. Dans d’autres départements, comme les Pyrénées orientales et le Var, les usagers subissent déjà des restrictions d'usage de l'eau.

M.C.