INTERVIEW
La filière truffe soutenue par la Région

Le 15 février a été signé en Ardèche le plan régional filière « truffe » soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Didier Roche, président de la fédération régionale des trufficulteurs, explique les enjeux de ce plan.

La filière truffe soutenue par la Région
Le plan filière « truffe » d’un montant de 510 000 € sur cinq ans s’articule autour de 4 axes : la plantation, la diffusion de connaissance, le financement d’outil de pilotage d’irrigation et la recherche.©Region_Aura

Que représente aujourd’hui la filière « truffe » en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Didier Roche : « À l’échelle de la région, on dénombre plus de 3 700 ha de truffières plantées chez 2 000 à 2 500 propriétaires. La moitié d’entre eux sont des agriculteurs qui possèdent en général 1 à 1,5 ha de truffières. La production régionale, les meilleures années, se situe entre 15 et 20 tonnes, essentiellement de la Tuber melanosporum, appelée aussi truffe noire du Périgord. 90 à 95 % de cette Tuber melanosporum proviennent de plantations, le reste est ramassé en sauvage. Selon les années et le contexte climatique, la région Aura se situe au premier ou second rang des régions productrices, sachant que la production nationale est estimée entre 40 et 50 tonnes les bonnes années. »


Pourquoi un plan truffe régional et à qui s’adresse-t-il ?
D. R. : « C’est le second plan truffe que nous signons avec la Région. Le premier s’est achevé en 2022 et avait duré quatre ans. Ce précédent plan, comme l’actuel, est destiné aux agriculteurs1. L’objectif est de leur offrir la possibilité de se diversifier en plantant quelques chênes truffiers. Nous avons bien conscience que la trufficulture ne représentera qu’une petite part sur leur exploitation mais il y a un vrai intérêt, en particulier pour ceux qui souhaitent développer l’accueil à la ferme. Je pense notamment aux viticulteurs qui peuvent ainsi développer des dégustations vin et truffe. »


De quoi peuvent bénéficier les agriculteurs et sous quelles conditions ?
D. R. : « Il est possible d’obtenir des aides pour l’achat de plants truffiers. C’est l’axe 1 du plan que nous avons signé le 15 février. 15 000 plants seront ainsi aidés chaque année jusqu’en 2027, à hauteur de 6 € par plant. Plusieurs conditions sont toutefois à remplir.
Tout d’abord, pour demander l’aide, il faut un minimum de 100 plants par exploitation et un maximum de 700 plants par dossier. Il faut également que l’exploitant fournisse une analyse de sol favorable à l’implantation de chênes truffiers. Seuls les plants certifiés Inrae ou CTIFL seront aidés. Enfin, le demandeur doit impérativement adhérer à un syndicat de trufficulteurs pour bénéficier de formations et d’un accompagnement technique. Nous avons actuellement sept syndicats2 dans la région. Pour les exploitants des départements sans syndicat, le Rhône par exemple, il est prévu de les rattacher à une autre structure. »


D’autres aides sont-elles possibles pour les exploitants ?
D. R. : « Oui, le plan prévoit aussi une aide de 40 % pour l’achat d’outils de pilotage de l’irrigation pour des
truffières en âge de produire, disposant d’un système d’arrosage. Les exploitants peuvent ainsi acquérir un lecteur et une vingtaine de sondes pour équiper leur truffière et ainsi piloter très finement leur irrigation. L’enveloppe disponible devrait permettre d’équiper une quinzaine d’exploitations par année, soit une soixantaine sur la durée du plan. »


Un volet expérimentation est aussi mentionné dans ce plan truffe. De quoi s’agit-il ?
D. R. : « Cela concerne plus particulièrement Leiodes cinnamomea, un coléoptère qui se développe dans les plantations et dont les larves creusent des galeries dans les truffes. L’expérimentation, portée par la fédération Auvergne-Rhône-Alpes des trufficulteurs et conduite par Wetruf [start-up au service de la trufficulture initiée par l’Inrae, NDLR], prévoit de tester deux plans de lutte : l’un en utilisant des pièges à phéromones, l’autre en introduisant des nématodes parasites des larves du coléoptère. Nous prévoyons un à deux sites expérimentaux, suivis au moins sur trois années, chez des producteurs ayant une truffière en production touchée par ce fléau. »


Propos recueillis par Sophie Sabot


1. Disposant au minimum d’un statut de cotisant de solidarité auprès de la MSA.
2. Syndicats des trufficulteurs de la Drôme des collines, du Val de Drôme, de la truffe noire du Tricastin-Pays de Grignan-Enclave des Papes, de l’Ardèche, de l’Isère, du Bugey et association des trufficulteurs d’Auvergne-Puy de Dôme-Allier.