CARBURANT
Le bioéthanol poursuit sa progression

Marqué par une croissance de son marché en 2023, le bioéthanol devrait poursuivre sa dynamique en 2024, selon la Collective du bioéthanol, qui se prépare à la neutralité carbone demandée par Bruxelles pour les carburants des véhicules neufs après 2035.

Le bioéthanol poursuit sa progression
Le parc automobile a consommé 895 Ml de superéthanol-E85 en 2023.©Actuagri_CS

Le bioéthanol a connu une année de croissance de consommation dans les essences en 2023, tant du fait de l’éthanol à 10 % dans l’essence (SP95-E10) que de l’éthanol à 85 % (superéthanol-E85), a indiqué la Collective du bioéthanol lors d’une conférence de presse. Le parc automobile français a consommé près de 8 milliards de litres de SP95-E10, soit près de 800 millions de litres (Ml) d’éthanol. La part de ce mélange est passée de 56 % du marché des essences en 2022 à 58 % en 2023. La tendance ne faiblit pas puisqu’en décembre la part de marché a atteint 60,2 %, selon la Collective. Parallèlement, le parc automobile a consommé 895 Ml de superéthanol- E85 en 2023, soit environ 670 Ml d’éthanol (l’E85 contient en moyenne 75 % d’éthanol et 25 % d’essence), contre 854 Ml d’éthanol d’E85 (environ 640 Ml d’éthanol). Le volume d’éthanol incorporé dans l’E85 se rapproche donc de celui qui est introduit dans l’E10. Il est probable qu’il le dépasse, parce que le prix de ce carburant, déjà le plus attractif de tous, est repassé sous la barre d’1€ /litre et que le nombre de stations-service a augmenté de 276 en 2023, pour représenter 39 % des stations. De plus, le parc de voitures flex-E85 d’origine ou compatibles à l’E85 par des boîtiers de conversion s’est accru de 23 % en 2023, à 371 000 véhicules. La société Biomotors, équipementier de boîtiers de conversion, travaille avec l’administration sur la possibilité d’homologuer les boîtiers pour les motos et a implanté la première pompe d’E85 dans une station-service dans un port pour les bateaux de plaisance, a indiqué son directeur général, Alexis Landrieu.

Éthanol homologué neutre en carbone ?

Pendant ce temps, les professionnels se préparent à l’après 2035. Au lieu d’avoir la perspective d’un horizon bouché pour les moteurs thermiques après 2035 comme on le craignait l’an dernier, ils saluent l’éclaircie, avec l’adoption par Bruxelles en avril 2023 du règlement CO2, qui ouvre la porte à d’autres solutions que le 100 % électrique, en acceptant qu’après 2035 des véhicules neufs puissent être immatriculés s’ils fonctionnent avec des carburants neutres en CO2 à l’horizon 2050. Une définition des carburants neutres sera donnée au cours de l’année 2024 par un groupe d’experts. Les carburants candidats sont le bioéthanol, le biogaz,
les carburants synthétiques (issus de la combinaison d’hydrogène et de CO2 capturé dans les cheminées des usines). En outre, une méthode de mesure du CO2 des véhicules en analyse de cycle de vie sera définie en 2025. Cette prise en compte de la totalité des émissions de CO2 (qui inclut aussi la fabrication des batteries) laisse à l’éthanol une chance de faire reconnaître le caractère renouvelable de son carbone, escompte Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA) et
porte-parole de la Collective.


Actuagri

Prix du lait : Sodiaal lance une prime durabilité
La prime durabilité de Sodiaal pourra atteindre jusqu’à 3 000 euros pour une exploitation livrant 600 000 litres de lait par an.©J-C Coutausse_Cniel

La coopérative Sodiaal a annoncé, le 14 février, le lancement d’une prime durabilité sur le prix du lait à partir d’avril pour valoriser la transition agroécologique des éleveurs.

La prime durabilité sera « déployée massivement », a assuré Sodiaal en conférence de presse, précisant que 84 % des sociétaires y sont éligibles et que 10 millions d’euros par an y seront consacrés. « Cette incitation financière doit permettre aux producteurs d’aborder la transition agroécologique au mieux », déclare la
directrice générale amont, Florence Quioc-Monot. La prime sera calculée selon deux volets de performances environnementales : la réduction des émissions de gaz à effet de serre ouvrira une bonification allant jusqu’à 3 €/1 000 litres et les pratiques favorisant la biodiversité (surfaces en haies et en prairies permanentes) jusqu’à
2 €/1 000 l. Le calcul de l’empreinte carbone des exploitations est basé sur un indicateur issu de la méthode d’autodiagnostic SelfCO2, développée
par l’Institut de l’élevage. « La prime peut atteindre jusqu’à 3 000 euros pour une exploitation livrant 600 000 litres de lait par an », souligne Anne-Sophie Delassus, agricultrice et membre du conseil d’administration de Sodiaal. La coopérative s’est engagée à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre au litre de lait produit par ses adhérents d’ici 2030. Elle lance simultanément un réseau de fermes pilotes et ambitionne de le renforcer en portant leur nombre de 12 à 48 à l’horizon 2026. Des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre seront testées dans les douze premières fermes à partir du mois de juin. Les exploitations seront équipées de capteurs permettant d’évaluer l’efficacité de ces solutions, comme l’ajout de compléments alimentaires dans les rations.


J. G.