SANTE
Optimiser l’utilisation des intrants

La journée de prévention organisée par Contrat de solutions a été l’occasion de mettre en place différents ateliers pratiques. Le public a ainsi pu s’interroger sur les façons d’optimiser la consommation et l’utilisation des produits phytosanitaires.

Optimiser l’utilisation des intrants
Les buses du pulvérisateur répondent à des normes isocolores : les violettes sont celles dédiées aux produits phytosanitaires.©AP

Le plan Écophyto vise à réduire de moitié l’utilisation de ces produits d’ici à 2030 sans impacter les rendements. L’une des interventions proposées au cours de la journée détaille la réussite de certaines exploitations. « Quelques exemples du groupe Dephy (terminé en 2020, NDLR) montrent une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de 33 %. Le but, c’était que cette baisse n’ait pas d’impact sur les rendements », détaille Quentin Marliac, conseiller technique maraîchage et agronomie pour la chambre d’agri­culture de la Loire, animant un atelier intitulé « Quels leviers agronomiques faut-il tester pour réduire l’usage des herbicides ? » Réfléchir en amont pour limiter les produits phyto, c’est le coeur de la conférence qu’il propose. En trente minutes, les élèves sont invités à réflé­chir sur comment les limiter. Pour cela, le technicien de la chambre d’agriculture répète comme un mantra : « Il faut connaître ses parcelles, les observer et savoir ce qui y pousse. » Face à des élèves semblant peu enthousiasmés, l’inter­venant tente de les réveiller. « Il y a des stades où même l’herbicide ne parvient plus à tuer l’herbe. Donc, il faut intervenir au bon moment. » Sans oublier que le désherbage chimique vient en complé­ment du désherbage mécanique. « On les conduits de façon à optimiser les produits phytosanitaires et donc les économiser », martèle-t-il.

Réduire les phyto

Quentin Marliac aborde également d’autres axes de réflexion : diversi­fier les variétés pour favoriser celles qui poussent en sortie d’hiver, comme certains blés. « Ils vont grandir très vite et seront donc très concurrentiels aux adventices, qui auront du mal à se faire une place », détaille-t-il. Mais aussi d’être prudent sur les labours. « Ce qui est en surface se retrouve enfoui et donc ne germe pas. Mais si on laboure tous les ans, ce qui était au fond remonte... » Pour que l’opération soit optimale, il faut que les graines d’adventices moisissent. Le technicien suggère de ne labourer que tous les trois ou quatre ans.

Dernière solution pour réduire l’usage des produits phytosanitaires pour désherber ses parcelles, le faux semis qui favorise la levée et donc la destruction des adventices. « Certains des maraîchers que j’accompagne font trois ou quatre faux semis avant de faire les leurs », raconte Quentin Marliac. Autant de solutions qui se réfléchissent en amont.

Le pulvérisateur, « source d’angoisse »

C’est aussi ce que dit Patrick Mirandon, inspecteur commercial pour Amazone France. Devant une rampe de pulvérisa­tion, il explique à son public que pour avoir une utilisation efficace des produits, il est impératif de bien préparer la parcelle et les outils. « Pour régler le pulvérisa­teur, il faut connaître la largeur à laquelle on travaille, la vitesse d’avancement et le débit en litre par minute. » Le rythme de l’intervenant est rapide, les élèves sont parfois un peu perdus. Patrick Mirandon s’en rend compte, sourit et résume : « Si vous retenez ces trois paramètres, vous pourrez régler n’importe quelle machine. » Un garçon de Terminale CGEA (Conduite et gestion d’une entreprise agricole) s’approche, interrogateur quant à l’uti­lisation d’une telle rampe dans une pente. « On peut rajouter une correction de dévers qui va la compenser. Le dosage des produits ne change pas », répond l’ins­pecteur commercial. Pour une utilisation optimale de l’outil, sa hauteur est impor­tante : à 70 cm de la surface à traiter. Il est possible de le régler avec des tronçons de trois mètres pour éviter le surdo­sage, notamment en fin de parcelle. « Aujourd’hui, on peut définir le volume d’hectare à traiter. La tendance est plutôt à le diminuer et on augmente donc la concentration du produit. Ce qui induit d’être très précis », avertit l’intervenant. Il attire l’attention des élèves sur les buses, violettes : « La couleur est un élément important. Elles ont une norme ISO où chaque coloris correspond à un débit », fait-il savoir. Le public s’intéresse de près au pulvérisateur. « Beaucoup de gens achètent des machines sophisti­quées mais ne savent pas s’en servir. Le pulvérisateur, c’est un outil dont on ne voit les effets qu’après l’avoir utilisé, glisse Patrick Miradon. C’est une source d’an­goisse pour beaucoup car les effets sont irréversibles. » Raison pour laquelle les deux intervenants rappellent un principe basique : la prudence est de mise quand on utilise des produits phytosanitaires.

Alexandra Pacrot