SYNDICALISME
Courroux des agriculteurs : « Le loup, on n'en veut pas ! »

Pauline De Deus
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À l’initiative de JA Ardèche, avec le soutien du syndicat départemental ovin, vendredi 17 mai, rendez-vous était donné aux agriculteurs devant la chambre d’agriculture à Privas, avant de se rendre devant la préfecture, pour une action « coup de poing ».

Courroux des agriculteurs : « Le loup, on n'en veut pas ! »
Un mélange de fumier et de paille a été déversé. L'entrée de la préfecture a complètement était bloqué. ©AAA_MMartin

La colère gronde. Il y a comme un air de déjà-vu, en ce vendredi midi devant l’entrée de la préfecture, à Privas. Le fantôme des mobilisations de janvier et février derniers ne semble pas loin, tant l’ire et l’exaspération de la vingtaine d’agriculteurs sur place, sont palpables. « Nous sommes là pour protester contre le plan loup qui n’est pas suffisant, face à la recrudescence des attaques depuis le début de l’année. Nous avons plus que jamais besoin du soutien de l’État », martèle Alain Crozier, président du syndicat ovin de l’Ardèche. « Nous demandons l’intervention de la brigade loup », ajoute-t-il. Solution de dernier recours, ces agents de l’OFB ont en effet la possibilité d’utiliser du matériel de vision nocturne, contre le loup.

Une fois le chargement des tracteurs déversés et les messages sur la route apposés, les interlocuteurs des services de l’État arrivent pour une discussion improvisée devant l’entrée de la préfecture, complètement bloquée. À bâtons rompus, les agriculteurs interpellent Marc Coutel, sous-préfet de Largentière et référent loup, le directeur de cabinet de la préfète, Gwenn Jeffroy, ainsi que Jean-Pierre Graule, directeur de la DDT, et la directrice adjointe, Sophie Berthelon. « Le loup aujourd’hui on le subit, nous sommes inquiets concernant la mise à l’herbe des troupeaux, vu la proportion d’attaques. L’Ardèche n’est pas un territoire de grandes forêts, il y a beaucoup d’exploitations. Les services de l’État doivent réagir et passer les territoires qui sont en cercle 3, en cercle 2 », avertit Nathalie Soboul, présidente de JA Ardèche. L’élargissement en cercle 2 du zonage des aides à la protection de troupeaux contre la prédation permet aux éleveurs de s’équiper en matériel de clôtures.

« C’est aux services de l’État de nous protéger »

Mais ce que dénoncent également les agriculteurs, c’est la responsabilité de la mise en place de ces mesures de protection qui leur incombent. « On ne peut plus se permettre de surveiller les troupeaux la nuit ! C’est trop de travail. Il ne faut pas attendre que le loup s’installe, sinon ce sera trop tard pour réagir. Le loup, on n’en veut pas ! », apostrophe un agriculteur à l’égard des représentants des services de l’État. « On clôture pour nos bêtes, pas pour le loup. Ce n’est pas à nous de faire ce travail de protection, c’est le rôle des services de l’État de nous protéger », scandent les agriculteurs.

Les services de l’État, de leur côté, assurent « ne pas minimiser la colère des agriculteurs ». Mais les représentants s’appuient avant tout sur l’exécution du plan loup mis en œuvre pour la période 2024-2029. « Les tirs de défense ont été facilités, les mesures mises en place ne sont pas assez utilisées. Il faut se protéger pour être moins vulnérable », répète Marc Coutel. Concernant les tirs de défenses à plusieurs autorisés avec le nouveau plan loup, un calendrier des formations obligatoires a été acté. Les premières débuteront au mois de juin. « On va travailler sur une meilleure transparence, nous allons refaire un point réglementation avec les représentants professionnels pour repérer les marges de manœuvre départementales et faire remonter les difficultés de mises en œuvre du plan loup », promet le directeur de cabinet de la préfète.

M.M.

Radars bâchés en Ardèche : les agriculteurs en colère
Des radars ont été bâchés dans les communes d'Alissas, Chomérac, ainsi qu'entre Coux et Flaviac. ©FDSEA07
REVENDICATIONS

Radars bâchés en Ardèche : les agriculteurs en colère

À l'appel de la FDSEA, les agriculteurs ont exprimé leur exaspération en bâchant les radars du nord au sud du département, dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 mai.

Alors que l’action menée par JA Ardèche et le SDO dans la journée de vendredi se concentrait sur les problématiques liées au loup, la FDSEA est revenue plus largement sur les revendications défendues lors des récentes mobilisations, en fustigeant la lenteur des avancées… Parmi les revendications réitérées se trouvent des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. La question des revenus étant au centre des attentes pour des avancées concrètes.

Dans une liste non exhaustive, les agriculteurs demandent pêle-mêle de réelles sanctions face aux acteurs commerciaux « qui ne jouent pas le jeu d’Egalim », l’arrêt des importations agricoles qui ne respectent pas les mêmes règles de production « clauses miroirs » et des actions exemplaires en cas de fraude. L’élevage est également abordé, avec la demande d’aides et de mesures plus efficaces pour protéger les troupeaux face aux attaques de loup en recrudescence. Pour la filière arboricole, les sollicitations se concentrent sur la mise en œuvre du plan d’urgence cerise ainsi que des solutions efficaces dans la protection sanitaire des vergers et des vignes. Les simplifications administratives font elles aussi toujours partie des revendications qui ne semblent pas avoir été totalement entendues, selon la FDSEA.

M.M.