CHÂTAIGNE
Confusion sexuelle par drone : une solution de biocontrôle contre le carpocapse

Le 15 juin, une démonstration de pose de confusion sexuelle par drone sur châtaigniers était organisée à Saint-Étienne-de-Boulogne par Natura’pro en partenariat avec la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Confusion sexuelle par drone : une solution de biocontrôle contre le carpocapse
Une démonstration de traitement biologique par drone pour les cultures de fruits (ici le châtaignier) a été réalisée par Natura Pro.

Chaque année, des châtaignes véreuses impactent la récolte, du fait d’attaques du carpocapse Cydia splendana. L’incidence de cet insecte ravageur présent partout en Ardèche concerne entre 5 et 40 % de la récolte en moyenne. Elle ne s’observe qu’une fois la récolte effectuée, occasionnant des pertes directes de récolte et un important temps de travail sur le tri des châtaignes.

Des solutions de lutte se développent face au carpocapse, notamment par le biais de la confusion sexuelle qui figure comme la solution la plus aboutie. Elle consiste à limiter sa reproduction en diffusant des phéromones de papillons femelles dans le but de perturber et empêcher les mâles de trouver les vraies femelles.

Une technique lancée à grande échelle depuis 2021

Le 15 juin, une démonstration de pose de confusion sexuelle par drone sur châtaigniers était organisée à Saint-Étienne-de-Boulogne par Natura’pro en partenariat avec la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Natura’pro propose en effet à ses adhérents une prestation de traitement en biocontrôle, avec la pose par drone (Phérodrone) de colliers diffuseurs de phéromones Ginko® Ring.

Mise en place par une jeune équipe d’ingénieurs lyonnais en collaboration avec des nuciculteurs, puis des castanéiculteurs et des chercheurs basés en Isère, la méthode de pose par drone de la confusion sexuelle a fait l’objet de divers essais et test d’efficacité avant d’être lancée à grande échelle en 2021. La pose par drone est assurée par la société Agri.Builders. Les colliers diffuseurs de phéromones Ginko® Ring sont quant à eux commercialisés par Sumi Agro et distribués par Natura’Pro.

Gagner en temps et en efficacité

Ce type de phéromones permet de lutter contre le carpocapse des châtaignes, à condition que leur support de diffusion soit fixé à bonne hauteur dans les châtaigniers et suffisamment nombreux dans une parcelle. Grâce au drone, les colliers de diffusion sont posés sur le tiers supérieur des arbres, sans limite de hauteur ou contraintes de reliefs. « Cela fait longtemps que nous travaillons avec les Ginko® Ring mais les positionner engendre une charge de travail importante. Il est aussi difficile parfois de les poser avec une perche, notamment sur les terrains escarpés. Le drone apporte un gain de temps et d’efficacité aux castanéiculteurs, de productivité aussi, car il permet de bien positionner et fixer les colliers de phéromones dans l’arbre », indique Carole Courmont, responsable Développement agrosolutions et services chez Natura’Pro.

Le largage est guidé vers le bas, engendrant un faible risque de chute des colliers. Un hectare peut être traité en 1 à 2 heures environ, à raison d’une moyenne de 100 diffuseurs par hectare (possibilité de renforcement des bordures selon l’environnement des parcelles) et d’une surface minimale de diffusion de 2 hectares environ. La pose est effectuée juste avant le début du vol des carpocapses, c’est-à-dire entre début-juin et mi-juillet sur les châtaigniers.

Les phéromones de confusion sexuelle répondent également aux exigences de la production ardéchoise, poursuit Carole Courmont : « Il existe très peu de solutions sur le marché pour lutter contre le carpocapse des châtaignes. Aujourd’hui, la confusion sexuelle est l’une des seules méthodes alternatives homologuées en agriculture biologique, permettant de garantir la qualité de production et de respecter le cahier des charges de l’AOP ».

Natura’pro fournit à ses clients une prestation de traitement en biocontrôle clé en main avec la pose par drone (Pherodrone), assurée par notre société Agri.Builders, des colliers diffuseurs de phéromones (Ginko Ring) commercialisés en France par Sumi Agro. ©Agri.Builders
« Une lutte collective pourrait être intéressante »
Le carpocapse des châtaignes est un petit papillon de nuit dont la chenille dévore l'intérieur des châtaignes avant et pendant la récolte. ©Agri.Builders

« Une lutte collective pourrait être intéressante »

« La confusion sexuelle apparaît être un moyen de lutte intéressant, mais le contexte dans lequel elle sera utilisée est très important. Elle peut présenter des résultats intéressants sur une surface d’au moins 1,5 à 2 hectares de châtaigniers d’un seul tenant, et des parcelles ayant une bonne rentabilité financière, d'au moins 1,5 tonne / hectare. Sans ça, il est difficile de valoriser ce moyen de lutte », prévient Hélina Deplaude, conseillère spécialisée châtaignes et petits fruits à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Outre la technique de confusion sexuelle posée par drone, il existe également la technique de pose par paintball. Le 31 mai, cette dernière a fait l’objet d’une démonstration de billes de phéromones spécifiques au châtaigniers et applicables par paintball Splendana Pro Ball avec la société Compo Expert en partenariat avec la Chambre d’agriculture. Par drone ou par paintball, « ces deux techniques présentent des résultats d’efficacité similaires sur la confusion sexuelle du carpocapse », poursuit Hélina Deplaude. « Ce moyen de lutte gagne en efficacité au fil des années et des surfaces importantes confusées, d’où l’importance de raisonner à plusieurs, entre producteurs, pour faire des confusions communes. Face à la configuration des châtaigneraies en Ardèche, une lutte collective pourrait être intéressante. »