ÉTIQUETAGE
À quoi ressembleront les étiquettes des vins produits après le 8 décembre ?

Pauline De Deus
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Tous les vins produits après le 8 décembre 2023 devront mentionner la liste des ingrédients, les valeurs nutritionnelles et énergétiques en plus des indications d’ores et déjà obligatoires. Explications avec le Groupe ICV qui a tenu un webinaire le 20 juillet dernier.

À quoi ressembleront les étiquettes des vins produits après le 8 décembre ?
Pour tous les vins produits après le 8 décembre 2023, la liste des ingrédients et les valeurs nutritionnelles et énergétiques devront être mentionnées. ©pxhere.com

Le règlement dit Inco, informations du consommateur sur les denrées alimentaires, est en application depuis 2011 pour l’ensemble de la filière industrie agroalimentaire. Ce dernier impose aux industriels d’indiquer les allergènes, les ingrédients et la valeur énergétique. Toutefois, les boissons alcoolisées, et plus spécifiquement la filière viticole, ont eu une dérogation exceptionnelle de sa mise en application jusqu’en décembre 2021, date à laquelle un nouveau règlement européen a vu le jour. Ce dernier oblige cette fois les entreprises de la filière vin à indiquer elles aussi les ingrédients et les valeurs énergétiques et nutritionnelles des produits pour une mise en application deux ans plus tard, en décembre 2023. L’acte délégué d’application européen adopté par la Commission européenne apporte des réponses à certaines exigences. Toutefois, au 20 juillet dernier, il n’avait pas été publié officiellement au Journal officiel.

Échéance

Concrètement, selon le groupe ICV, cette obligation d’étiquetage concerne tous les vins produits après le 8 décembre 2023. Au 20 juillet, néanmoins, lors du webinaire, le groupe ICV n’a pas pu apporter de réponse concernant les vins mousseux et les effervescents, la Commission n’ayant pas encore tranché. À noter également que si les bouteilles sont bien évidemment concernées, les bag-in-box (Bib), le vrac (document d’accompagnement), petit vrac caveaux… devront faire état des mentions obligatoires introduites par le règlement européen sur l’emballage primaire du produit. Cette réglementation concerne les vins seulement produits et circulant en Europe. Pour le moment, les vins produits hors Europe ne sont pas concernés.

La mention des ingrédients (non exhaustif)

Le règlement Inco de 2011 définit très clairement l’ingrédient. Il s’agit de tout élément qui rentre dans la composition du produit. Cette liste des ingrédients pourra être dématérialisée sous la forme d’un QR code. Concrètement, les matières premières (> à 2 % du produit fini (PF) devront apparaître dans l’ordre décroissant. Sont concernés : le raisin, le sucre ou moût de raisin concentré pour les moûts concentrés (MC) ou les MC rectifiés, liqueur de tirage ou d’expédition (si > 2 % du PF). Concernant ce dernier élément, il n’y a pas d’obligation de donner leur composition.

Les additifs (< 2 % du PF) devront également apparaître dans la liste des ingrédients. Ils sont ajoutés intentionnellement au cours de la fabrication ou de l’élaboration d’un produit en raison de ses propriétés technologiques. Ces derniers seront regroupés par catégories. Toutefois, les additifs doivent être mentionnés sous la forme : « nom de catégorie : nom de l’additif, nom de l’additif… ». Par exemple, les métbisulfite de potassium [NDLR : le terme sulfite suffira comme l’ensemble des produits intégrant cette grande famille des sulfites] et l’acide ascorbique apparaîtront dans la catégorie « conservateur ».

Concernant les produits acidifiants (tartrique, malique, lactique, fumarique, citrique), si des régulateurs sont utilisés, lors de l’étiquetage, il sera possible d’indiquer : « Contient régulateurs d’acidité » en mentionnant trois de ces produits si au moins l’un des trois est utilisé. La procédure est la même pour les produits de la stabilisation tartrique (carboxymethyl cellulose (CMC), polyaspartate de potassium, acide métatartrique, mannoprotéines de levures). Ces derniers seront mentionnés dans la catégorie « stabilisant ». En revanche, si un seul produit est utilisé, il est possible de ne mentionner que ce dernier dans la catégorie adéquate.

Les auxiliaires technologiques quant à eux n’apparaîtront pas dans la liste des ingrédients. Ces substances sont mises en œuvre dans un but technologique bien particulier et ne doivent pas subsister dans l’aliment.

Concernant le lysozyme, sur moût, il s’agit d’un auxiliaire et ne doit pas être obligatoirement mentionné. Sur vin, il doit être mentionné dans la catégorie « conservateur » et dans allergènes le cas échéant.

Concernant l’azote, le CO2 et l’argon, ces gaz ne devront pas être mentionnés en individuel en cas de leur utilisation au moment du conditionnement. Il devra être indiqué « Mis en bouteille sous atmosphère protectrice » ou « Peut être mis en bouteille sous atmosphère protectrice ».

Valeurs nutritionnelles et énergétiques

Seule la valeur énergétique, qui a plus de sens pour le consommateur, doit apparaître en toutes lettres sur l’étiquette des produits en kilocalorie (kcal) ou kilo joule (KJ). La déclaration nutritionnelle (protéines, matières grasses, sel, alcool, glucides, protéines…), également obligatoire, peut être dématérialisée via un QR code.

Pour calculer la valeur énergétique, trois options : l’utilisation de coefficients de conversion en partant des teneurs en alcool et en sucre d’un vin ou de données acceptées par le secteur ou une analyse en laboratoire pour tous les paramètres. Il faut pouvoir apporter la preuve.

Dématérialisation

Un QR Code pourra être imprimé sur les étiquettes pour renvoyer sur la liste des ingrédients et la valeur nutritionnelle du produit. Il faut pouvoir conserver les informations pendant toute la durée de vie du produit. Le QR code ne doit pas contenir d’informations commerciales car le consommateur doit arriver directement sur la fiche produit. Il faut que les informations soient lisibles par tous, il est donc important que les informations soient traduites et que le QR code soit de bonne qualité pour être scanné. Enfin, il ne doit pas avoir de tracking du consommateur.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Retrouvez le replay du webinaire du 20 juillet et plus de précisions sur www.icv.fr/actualites/marche-et-strategie/23-juin-2023/webinaire-du-20-juillet-2023-tout-savoir-sur-la-reforme