PORTRAIT
L’arboriculture : passion d’une vie

Ancien arboriculteur à Saint-Marcel-d’Ardèche et membre de la section départementale des anciens exploitants, Alain Vaschalde vient de fêter ses 80 ans. Portrait d’un homme engagé qui n’en n’a pas fini d’apprendre.

L’arboriculture : passion d’une vie
Alain Vaschalde a commencé l'agriculture à l'âge de 16 ans, avant de rejoindre la ferme familiale 4 ans plus tard, en 1963.

Arboriculteur innovant en son temps, Alain Vaschalde reste un passionné. Retraité depuis 19 ans, il se rend encore chaque jour à l’Earl le Mas du Saule pour aider ses enfants, Édith Cabello et Thierry Vaschalde, qui ont tous deux repris l’exploitation à Saint-Marcel-d’Ardèche. « J’aime bien tailler, mais quand il fait très chaud, comme cet été, je vais plutôt en station d’emballage… Il faut bien que je travaille un peu, c’est pour ma santé ! » Argue fièrement celui qui a célébré ses 80 ans en début d'année.

De la viti à l’arbo

C’est en 1963 qu’il a rejoint son père sur l’exploitation familiale. « J’avais 20 ans et je revenais de la guerre d’Algérie », se souvient-il. Alain poursuit dans un premier temps la culture de vignes et de céréales avant de passer à l’arboriculture à 100 % au milieu des années 70. « Le prix de revient était moindre mais on y gagnait sur les frais de fonctionnement », explique-t-il.

Un choix pragmatique qu’Alain Vaschalde n’a pas regretté : « L’arboriculture m’a beaucoup plus intéressé que la vigne, confie-t-il. Entre les évolutions techniques et toutes les variables à prendre en compte, il y a toujours quelque chose à apprendre ! » En quête de nouveauté, il est allé observer les conduites de vergers en Espagne, en Italie et même en Grèce, pour ensuite mener des expériences sur son exploitation, avec bien sûr l’appui des techniciens de la chambre d’agriculture. Au début des années 80, il a même fait partie des premiers à produire des kiwis en Ardèche.

Progressivement Alain Vaschalde et sa femme Fernande ont agrandi l’exploitation, passant de 10 à 60 hectares aujourd’hui. D’un côté les terres inondables dédiées aux fruits à pépins, et de l’autre, les coteaux pour les fruits à noyaux. Parmi ses nombreux investissements pour développer son exploitation le mieux valorisé aura été l’arrosage. « Avec une quarantaine d’hectares irrigables, ça permettra peut-être à mes enfants de continuer », espère-t-il.

Un monde qui change

Car si l’arboriculture a été prolifique dans les années 90 et 2000, il observe une dégradation de la situation depuis son départ à la retraite. « Sur le coup, quand j’ai su que mes enfants allaient reprendre ça m’a réjoui, parce que c’est une culture pérenne. Mais avec tous les changements que l’on voit ça devient inquiétant », ajoute-t-il d’un air grave.

Quand il se lance sur l’état de la profession, il s’emporte : « Les agriculteurs, on est redevenu des serfs comme au Moyen-Âge ! » Entre hausse des charges, aléas climatiques, concurrence étrangère, spéculation et productions vendues à bas prix, l’optimisme d’Alain Vaschalde s’étiole. « L’agriculture arrive à un tournant déterminant pour l’avenir », conclut-il.

Malgré les difficultés, ses enfants essaient de s’adapter, comme il leur a appris à le faire tout au long de sa carrière. Outre la production de cerises, d’abricots, de pêches, des pommes, de poires, de kiwis et de grenades, l’Earl le Mas du Saule a aussi tenté une nouvelle expérience avec 2 hectares dédiés au maraîchage.

Quand on lui demande s’il continue de découvrir des choses, il hésite : « J’ai eu 20 ans pour la 4e fois mais découvrir… Bien sûr, il y a toujours des choses à apprendre et je continue aussi à transmettre à mes enfants qui ont repris l’exploitation ! »

Pauline De Deus