IRRIGATION
Irrigation : pourquoi ça bloque sur le stockage hivernal…

Les projets de stockage de l’eau sont pour la plupart au point mort, alors que la sécheresse sévit. Où en est-on sur le sujet ? 

Irrigation : pourquoi ça bloque sur le stockage hivernal…
La création de retenues collinaires est soumise à de nombreuses contraintes réglementaires.

Depuis près de 10 ans, le monde agricole en a fait une priorité. Pourtant, le stockage de l’eau hivernal ne semble guère trouver d’écho et les projets stagnent. Le risque d’engendrer un impact négatif sur un cours d’eau ou une zone humide peut conduire un refus, tandis que les délais sont parfois très longs. La faute à l’administration ? Christophe Mittenbuhler, directeur du service environnement à la DDT, s’en défend : « Il y a eu une accélération depuis un an, avec la mise en place d’un protocole pour faciliter l’émergence de nouveaux projets, sans sacrifier les enjeux environnementaux. Le sujet des retenues collinaires fait d’ailleurs partie des priorités du préfet de région. Mais les projets connaissent parfois des contraintes qui dépassent l’aspect purement administratif. Il peut s’agir de contraintes foncières ou encore financières, notamment dans le cas de retenues qui nécessitent une géomembrane d’étanchéité et qui peuvent faire grimper considérablement le coût de l’ouvrage. » Malgré les subventions, les petits projets de retenues peuvent chiffrer très haut, jusqu’à 20 000 €/m3.

Des projets plus vertueux qu’autrefois

Avoir quelques hectares irrigués permet bien souvent de sécuriser toute l’exploitation. C’est pourquoi la Chambre d’agriculture appuie la création de retenues et poursuit ses recherches pour réduire au maximum leur impact environnemental. « Nous travaillons à la conception d’ouvrages déconnectés des cours d’eau, qui ne perturbent pas le milieu naturel, souligne Régis Perier, chef du service espaces, territoires, environnement à la Chambre. Ce sont des technologies toutefois complexes et plus coûteuses. »

Pour porter collectivement et financer ces projets d’irrigation, des modèles restent à inventer. Dans le département du Rhône, une structure spécifique a été créée conjointement par le Département, la Chambre d’agriculture et plusieurs associations d’irrigants ainsi que des collectivités. Le syndicat mixte d’hydraulique agricole du Rhône (Smhar) a ainsi permis de bâtir une stratégie commune en matière d’irrigation. Une source d’inspiration pour l’Ardèche ?

M.C.

Un retour en grâce du soutien d’étiage ?

L’été 2022 en a encore fait la démonstration ; les cours d’eau soutenus avec des barrages (dans le Chassezac, l’Ardèche, l’Eyrieux) résistent mieux au manque d’eau et tarissent plus lentement. Le soutien d’étiage à partir des barrages consiste à ajouter au débit naturel trop faible de la rivière un débit supplémentaire obtenu en déstockant l’eau de la retenue du barrage. Le soutien d’étiage permet ainsi de faciliter la gestion de la ressource en eau à l’échelle du bassin. De nouveaux projets pourraient-il voir le jour dans certains cours d’eau comme le Doux, où un projet avait émergé dans les années 1990 avant d’être abandonné ? La question se pose…