Marquée par une sécheresse historique, la saison 2022 a été compliquée pour les maraîchers. Caractérisée par des périodes de creux et des difficultés à gérer l’irrigation, la campagne a toutefois été relativement épargnée par les problèmes sanitaires.
Ce n’est pas une surprise : la campagne maraîchère 2022 a été marquée par les conditions climatiques, avec un temps très chaud et sec sur l’ensemble de la saison. Des conditions qui ont fait peur, et ont parfois découragé certains maraîchers, sous le coup de restrictions à l’irrigation et de ressources taries. « C’est pour les cultures de plein champ que la saison a été la plus compliquée. Les conditions de mise en place ont été très mauvaises dans l’été. Avec des températures extrêmes, on a connu une mauvaise pollinisation et la pousse a été ralentie, en plein été, indique Rémi Masquelier, conseiller spécialisé maraîchage à la Chambre d’agriculture. Les problèmes de conservation ont été fréquents, liés à des températures au sol élevées, parfois conjuguées à des irrigations excessives qui ont pu conduire au développement de champignons et bactérioses diverses sur choux, carottes, salades, melons… Ces conditions ont été d’autant plus difficiles à gérer pour les petits maraîchers diversifiés, qui ne sont pas forcément pointus sur tous les légumes de leur gamme. Ils n’ont pas toujours les équipements adaptés, par exemple pour faire des buttes assez grosses en pommes de terre, ce qui aurait pu limiter les problèmes de températures de sol excessives. »
Sous serre, les effets du climat ont été plus nuancés. « Avec le blanchissement, le bassinage ou encore l’aspersion, les maraîchers sous serre ont pu plus facilement maîtriser le rayonnement, l’hygrométrie et la température de façon à limiter les variations extrêmes, constate Rémi Masquelier. Avec une bonne technicité, certains ont fait une bonne saison. »
Des problèmes sanitaires limités
Les chaleurs extrêmes et la faible humidité de l’air ont toutefois eu le mérite de limiter le développement des maladies fongiques et ravageurs. « On a eu une pression modérée en insectes, hormis thrips et acariens, indique Rémi Masquelier. Cela n’a pas empêché la punaise Nezara, l’une des plus redoutée ces dernières années, de faire des dégâts sur aubergine, tomate et poivron en particulier. On a également observé l’apparition de punaises comme Lygus, assez tôt en saison, a l’origine de coulures sur fleurs en aubergine et concombre notamment. »
Des volumes satisfaisants malgré un creux estival
Malgré ces conditions climatiques, « le bilan en termes de production n’est pas forcément mauvais », signale Rémi Masquelier. « On a eu un décalage au printemps et à l’autonome, ce qui a globalement permis de compenser le creux de production de l’été. »
Au niveau commercial, la situation est très hétérogène. « Certains secteurs ont connu une bonne dynamique commerciale, d’autres ont eu des problèmes de mévente. Des magasins de producteurs nous ont fait remonter des baisses de vente jusqu’à -15 % en légumes. »
Pour Nicolas Sabot, responsable commerce et logistique de la Scic D’Ardèche & De Saison, la saison 2022 a été difficile à gérer en termes d’approvisionnement. « Certains légumes ont été très en avance mais les périodes de production ont été raccourcies, par exemple sur le concombre. Pour quelques produits, on a aussi connu des approvisionnements en dents de scie avec des périodes de creux. C’est le cas de la tomate et de la courgette, qui d’ordinaire sont disponibles de manière assez linéaire de juin à octobre. »
Mylène Coste
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