SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
10 millions de personnes en plus souffrent de la faim en 2019

R.M.
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SÉCURITÉ ALIMENTAIRE / Dans son rapport sur l’état de la sécurité alimentaire mondiale publié cet été, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) explique qu’il faudra procéder à des changements profonds au sein des systèmes alimentaires actuels pour mettre un terme à la faim et à la malnutrition d’ici 2030.

10 millions de personnes en plus souffrent de la faim en 2019
La pandémie de Covid-19 pourrait faire basculer jusqu’à 132 millions de personnes supplémentaires dans la faim chronique d’ici à la fin 2020. ©Alison_Pelotier

« Il est crucial de réduire le coût des aliments nutritifs et d’augmenter l’accessibilité des régimes alimentaires sains pour arriver à mettre un terme à la faim et à la malnutrition sous toutes leurs formes d’ici 2030 », indique l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le dernier rapport annuel de l’ONU sur l’état de la sécurité alimentaire mondiale estime que près de 690 millions de personnes ont encore souffert de la faim en 2019, soit près de 9 % de la population mondiale. Une augmentation de 10 millions par rapport à 2018 et de près de 60 millions en cinq ans. Et de prévenir que « la pandémie de Covid-19 pourrait faire basculer » au minimum 83 millions de personnes supplémentaires, et peut-être même 132 millions, « dans la faim chronique d’ici à la fin de 2020 ».

Produites conjointement par la FAO, le Fonds international de développement agricole (Fida), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), le Programme alimentaire mondial (Pam) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ces nouvelles données montrent que le pourcentage global de personnes qui souffrent de la faim évolue peu, autour de 8,9 %, « mais les chiffres absolus sont en augmentation depuis 2014. Cela signifie que ces cinq dernières années, la faim a augmenté au même rythme que la population mondiale ». Ainsi, en pourcentage, l’Afrique est la région la plus touchée et sa situation continue de s’aggraver avec 19,1 % de sa population sous-alimentée, suivie par l’Asie (8,3 %), l’Amérique latine et les Caraïbes (7,4 %). Et « si la tendance actuelle se poursuit, en 2030, l’Afrique abritera plus de la moitié des personnes qui souffrent de manière chronique de la faim dans le monde », prévient l’ONU. Selon le rapport, en 2019, entre un quart et un tiers des enfants de moins de cinq ans (soit 191 millions) souffraient d’un retard de croissance.

Réorienter les politiques commerciales

La FAO appelle donc à une transformation des systèmes alimentaires actuels afin de garantir à chacun une alimentation saine. « Les États devront augmenter les dépenses publiques pour accroître la productivité, encourager la diversification de la production alimentaire et garantir des aliments nutritifs disponibles en abondance », explique Maximo Torero Cullen, chef économiste au sein de la FAO. Des politiques qui visent avant tout à réduire la pauvreté et l’inégalité des revenus, tout en renforçant l’emploi et les activités génératrices de revenus, seront essentielles pour permettre au plus grand nombre de personnes de bénéficier d’une alimentation saine.

Toutefois, la survenance de la pandémie de Covid-19 en ce début d’année 2020 complique encore plus la donne et engendre ainsi des défis supplémentaires à relever à court et moyen terme pour ces 132 millions de personnes supplémentaires qui pourraient basculer dans la faim chronique d’ici à la fin de 2020. Cette épidémie intensifie, en effet, les vulnérabilités et les insuffisances des systèmes alimentaires mondiaux, depuis la production jusqu’à la consommation en passant par la distribution.

R.M.