VINS
À la cave du Domaine du Pradel, l’expérimentation est reine

Mercredi 20 mars avait lieu les portes ouvertes à la cave du Domaine Olivier de Serres, sur le site du Pradel, à Mirabel, second lieu d’apprentissage du lycée agricole Olivier de Serres. L’occasion d’offrir une dégustation des huit cuvées 2023 et de découvrir le domaine.

À la cave du Domaine du Pradel, l’expérimentation est reine
Passage de témoins : Entouré d'Arnaud Prigent et de Clarisse Balagmy, directrice de l'exploitation agricole, Adrien Brignet deviendra d'ici quelques semaines le nouveau responsable de culture viticole du Domaine. ©AAA_MMartin

Sur le bureau d’Arnaud Prigent, responsable de la culture viticole du domaine, l’imposant livre d’Olivier de Serres Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, ouvert au chapitre VIII sur comment façonner les vins, pose le tableau. L’âme de l’agronome du XVIe siècle n’est pas loin et continue d’alimenter la démarche du chef de culture, via le mantra : produire, transmettre et expérimenter. Expérimenter pour préparer l’agriculture de demain, tel est son credo.

Produire, transmettre et expérimenter

Le vignoble, planté en coteaux s’étale sur 11 ha, bientôt 12,5 ha, dont deux hectares en agroforesterie. Le domaine est tout en bio depuis 2020. « Nous avons la volonté d’avoir un impact minime sur l’environnement, nous appliquons une méthode prophylactique en gardant le sol couvert pour limiter l’érosion par le vent et la pluie avec des couverts de seigle, vesce et moutarde blanche, pour une meilleure rétention de l’eau », explique-t-il. « Un sol vivant, donne un vin vivant, qui ressemble au terroir », poursuit le vigneron. « Nous sommes à un carrefour géologique avec un sol argilo-calcaire et des éboulis basaltiques, ce qui offre une signature minérale aux vins. »

Sept des huit cuvées sont en IGP Vins d’Ardèche, sauf pour le vin pétillant naturel. Pour cette année, une cuvée unique supplémentaire et expérimentale a été sortie. Baptisé « Quercus », c’est un vin naturel, fort de trois assemblages, « marqué par les arômes de bois patinés par les tanins ». À lui seul, il condense deux enjeux liés au domaine dont la particularité est d’être également un lieu d’apprentissage du lycée agricole : un besoin de production et une nécessité d’expérimentation. Sur les huit cuvées, dans l’idée de montrer une diversité de savoir-faire aux étudiants, quatre cuvées sont créées à partir d’une vinification naturelle, sans intervention chimique. Les quatre autres ont une vinification plus traditionnelle.

La cuvée 2023 est une année particulière, alimentée par les pluies, la chaleur et donc l’humidité : « Avec une grosse pression des maladies, nous avons eu une année très différente de la sécheresse de 2022. Nous avons eu entre 20 à 50 % de pertes sur les récoltes, mais la qualité est là, sauf pour le grenache, qui garde une pellicule amère et astringente ». Un millésime que le responsable de culture viticole qualifie de « fruitée et légère, facile à boire et à vinifier ». Du côté des cépages, un travail d’expérimentation est à l’œuvre pour planter des vignes plus résilientes aux affres du changement climatique, comme le gel ou la sécheresse.

Fort de plusieurs années de travail et d’expérimentation, pour Matthieu Prévost, directeur de l’établissement de formation agricole Olivier de Serres, « on arrive à un stade de maturité sur la production, avec des cuvées installées dans leur identité ». Bien que l’expérimentation soit corrélée aux enjeux de notre époque, l’héritage de l’agronome ardéchois n’est jamais bien loin et même revendiqué : « On n’invente rien, le vin que faisait Olivier de Serres, c’est un peu le vin naturel que l’on fait », conclut Arnaud Prigent, qui s’en va bientôt « voler de ses propres ailes ».

M.M.

Un changement d’image
Les huit cuvées se sont offertes une nouvelle image pour 2024.©AAA_MMartin
COMMUNICATION

Un changement d’image

Des QR Codes ont été créés et mis en place lors des portes ouvertes pour inciter les visiteurs à découvrir le Domaine Olivier de Serres. « L’objectif est que les visiteurs puissent se poser et voir ce que l’on fait de manière autonome », explique la directrice de l’exploitation agricole, Clarisse Balagmy.

Exposées sur la table, les bouteilles des neuf cuvées ont fait peau neuve et ont dévoilé leurs nouvelles étiquettes, où l’histoire du domaine est traduite.

Le paysage du plateau du Coiron est reproduit de façon abstraite et permet de révéler l’ancrage au territoire, véritable griffe du domaine. Olivier de Serres n’est pas bien loin, puisqu’en référence au patrimoine hérité, le portrait de l’agronome se retrouve, phosphorescent sur les étiquettes.

 

Une dégustation pour en savoir davantage sur les cuvées et méthodes de vinifications utilisées. ©AAA_MMartin