Fourrages : Face au changement du climat, adapter les pratiques

Fourrages / Réserves en eau des sols, solutions d’adaptations… Voici l’info prairies de la semaine !

Fourrages : Face au changement du climat, adapter les pratiques
La récolte des fourrages bat son plein

L’année 2020 reste précoce

Contrairement à 2019, le mois de mai 2020 reste chaud et maintient son avance : des vulpins en fleurs et pissenlits défleurissent à Sainte-Eulalie, signes que le stade enrubannage est atteint à 1 250 m. A 500 m, les foins sont pour ainsi dire terminés (stade des 1 200°C atteint : voir tableau des sommes de températures ci-dessous).

Somme de températures en °C depuis le 1er février au 24 mai 2020:   

Bas-Vivarais

Pentes (Cévennes, Coiron, Boutières)

Haut-Vivarais

Montagne

 

100 m

1461

400 m

1359

400 m

1284

900 m

974

200 m

1396

500 m

1292

500 m

1216

1000 m

903

300 m

1331

600 m

1224

600 m

1148

1100 m

833

400 m

1264

700 m

1156

700 m

1078

1200 m

764

500 m

1197

800 m

1086

800 m

1009

1300 m

698

La situation hydrique reste sous tension

Depuis un mois les pluies ont été relativement abondantes sur tous les secteurs. Toutefois, du fait de la précocité de la végétation, les réserves en eau des sols restent sous tension en particulier sur les prairies car le phénomène d’évapotranspiration est maximal à cette période.

Des éleveurs adaptent leurs pratiques

Face aux modifications du climat, certains éleveurs modifient leurs pratiques et font évoluer leur système fourrager. Ces changements cherchent à valoriser les opportunités permises par les évolutions du climat et de la technique :

- double culture méteil-moha à 13 tms/ha en 2019 à Saint-Agrève : le méteil commence à être bien connu des éleveurs. Sa récolte suffisamment précoce (à l'épiaison) permet d’envisager une culture d’été en dérobée qui valorisera des températures estivales plus chaudes.

En 2019, le moha semé derrière méteil a fourni 6 tms/ha pâturées en septembre, soit un total de 13 tms/ha valorisées sur la double-culture.

- interculture de seigle pour mise à l’herbe précoce (Devesset 2020) : le seigle, espèce rustique, a valorisé la douceur de l’hiver pour offrir une ressource à pâturer dès le 10 avril.

- semer des prairies dans la céréale ou le méteil en sortie d’hiver : cette technique connue des anciens, est remise au goût du jour. Elle permet de favoriser l’implantation des légumineuses tout en limitant les opérations de travail du sol réalisées seulement pour la céréale d’automne. Des espèces agressives doivent être utilisées comme le raygrass (italien ou hybride), le trèfle violet ou le trèfle blanc géant.

- valoriser la diversité des prairies permanentes : en système fourrager basé sur 100 % de prairies permanentes, les adaptations sont moins évidentes. Toutefois on peut valoriser la diversité des prairies, certaines étant plus précoces, d’autres offrant une capacité de report sur pied intéressante pour un pâturage tardif. Ainsi le déprimage est possible en montagne, à condition d’adapter la fertilisation azotée (engrais,  lisier ou purin après déprimage) et de faire une première utilisation très précoce soit à 300°C et de ne pas pâturer les prés de fauche au-delà de 500°C pour ne pas trop impacter le rendement. 

Emmanuel Forel

Conseiller Agronomie-Fourrages

Plus d’informations sur https://extranet-ardeche.chambres-agriculture.fr/cultures/fourrages/bulletin-info-prairies/

En 2019, le moha semé derrière méteil a fourni 6 tms/ha pâturées en septembre, soit un total de 13 tms/ha valorisées sur la double-culture.

Des vaches laitières dans le seigle à Devesset, mi-avril : une demi-ration pâturée.