FRANCE
Elvéa veut concrétiser son projet d’AOP en 2021

Y.G.
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VIANDE BOVINE / Constituer une association d’organisations de producteurs (AOP) d’ici la mi-2021 pour « peser davantage dans les négociations commerciales » : c’est l’objectif affiché par le réseau d’OP bovines Elvéa lors de son assemblée générale le 15 octobre.

Elvéa veut concrétiser son projet d’AOP en 2021
Le rôle de l’association d’organisations de producteurs voulue par Elvéa sera de négocier des contrats-cadres. © SD
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Philippe Auger, président d'Elvéa France. ©Elvea_France

Le réseau d’associations de producteurs de bovins viande Elvéa France espère lancer son AOP (association d’organisations de producteurs) « d’ici la fin du premier semestre 2021 », a indiqué son président Philippe Auger le 20 octobre. Ce sujet était à l’ordre du jour de l’assemblée générale d’Elvéa, le 15 octobre à Orléans (Loiret). « Nous entrons dans la phase d’engagement et de rédaction » des statuts, précise M. Auger. « Nos trente-et-une OP pourront adhérer à l’AOP et ainsi négocier collectivement pour les filières Label rouge et les démarches nationales », explique cet éleveur de Haute-Saône. L’AOP comportera aussi des sections jeunes bovins (JB) et bovins maigres.

« Peser sur les relations contractuelles »

« Il y a en face de nous des interlocuteurs qui sont très structurés, nous devons en faire de même », a lancé Philippe Auger lors de l’assemblée générale. Le rôle de la nouvelle structure sera de « négocier des contrats-cadres ». À charge ensuite aux OP adhérentes de « participer aux négociations nationales avec les distributeurs, les abatteurs ou les négociants ». Le but est de « simplifier le travail des OP et de peser sur les relations contractuelles, précise Laurent Faure, chargé de mission à Elvéa. Quand l’AOP aura négocié un accord-cadre au niveau national, il pourra se décliner automatiquement pour les OP adhérentes. » Les OP d’Elvéa « travaillent avec 800 à 900 acheteurs », explique-t-il. Priorité est donc donnée au travail avec les acteurs d’envergure nationale. Cependant, contrairement au lait, « la contractualisation n’est pas obligatoire en bovins viande, hormis en Label rouge », rappelle Philippe Auger.

L’AOP d’Elvéa pourrait être « la première en viande bovine au niveau européen », souligne son président. Le droit européen n’autorise la création des associations d’organisations de producteurs que depuis 2018. De son côté, Laurent Faure insiste sur l’originalité de la forme choisie : « une AOP transversale, multi-acheteurs, multi-produits et sans transfert de propriété ». Si toutes les OP d’Elvéa (1 million d’animaux par an) adhéraient et y apportaient tous leurs volumes, l’AOP représenterait « 20 à 25 % » du marché français de la viande bovine. Un niveau inférieur au plafond d’un tiers fixé par la réglementation européenne pour de telles structures. « Nous avons identifié ce point de vigilance », affirme toutefois Laurent Faure.

La décapitalisation s’accélère

Autre sujet abordé lors de l’assemblée générale, l’importance des aides de la Pac pour « maintenir notre troupeau allaitant », d’après Philippe Auger. Au-delà du maintien des subventions existantes (aide au bovin allaitant, ICHN), le président d’Elvéa appelle à « faire valoir un peu plus le côté environnemental » de cette production, « certes consommatrice de surfaces, mais qui rend des services environnementaux ». « S’il n’y a pas une volonté aux niveaux français et européen de maintenir notre tissu allaitant, ça va être une hécatombe », prévient l’éleveur. Dans un communiqué publié après l’assemblée générale, Elvéa note que « la décapitalisation du cheptel allaitant français s’accélère avec 250 000 têtes de moins depuis 2016, soit une baisse de 6,2 % du cheptel en quatre ans ».

Entre les sécheresses et l’érosion de la consommation de viande rouge, Philippe Auger voit disparaître « des exploitations qui devraient bien tourner, qui ne doivent plus rien à personne, mais qui préfèrent arrêter avant que la situation n’empire ». À côté du steak haché, « il reste encore de la place pour la bonne viande française », veut-il croire. À condition de lever le tabou de la décroissance du cheptel : « Nous étions montés à 4,2 millions de vaches allaitantes, aujourd’hui nous sommes à 3,7 millions. Peut-être qu’il n’y a de la place que pour 3,5 millions... », avance-t-il. « Mais il faut que ceux qui restent puissent vivre décemment de leur métier. »

Y.G.