CAPRIN
De la ferme au digital

Amandine Priolet
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CAPRIN / Alors que la France est le premier fabricant et le premier pays consommateur de fromages de chèvre au monde, l’Association nationale interprofessionnelle caprine (Anicap) a lancé, le 20 avril dernier, une plateforme digitale pour soutenir les producteurs de fromages de chèvre en cette période de confinement.

De la ferme au digital
L’outil #Oùtrouvermonfromagedechèvre a été lancé le 20 avril dernier par l’Anicap, en soutien aux producteurs de fromages de chèvres français.

Manger local. Le contexte inédit lié au Covid-19 encourage les consommateurs français à s'approvisionner en produits locaux. L’Association nationale interprofessionnelle caprine (Anicap) ne déroge pas à la règle. Depuis le 20 avril, les producteurs de fromages de chèvre peuvent se référencer sur le site www.outrouvermonfromagedechevre.fr, une plateforme numérique lancée par l’interprofession pour soutenir les producteurs et assurer la commercialisation de leurs produits. « Le constat est simple : beaucoup de producteurs fermiers ont souffert au début de la crise du Covid-19, notamment suite à la fermeture des marchés, etc. Les ventes se sont alors effondrées de 50 à 70 %. Si certains marchés ont pu rouvrir et que certains producteurs ont pu se réorganiser, la baisse de commercialisation est toujours effective. Cet outil, qui vise à aider les producteurs, est donc voué à perdurer », avoue Jacky Salingardes, président de l’Anicap.

Une mise en relation entre producteurs et acheteurs


Cette interface permet ainsi de mettre en relation des artisans et producteurs de fromages de chèvre de toute la France avec les consommateurs de leur région. Ainsi, le site propose deux entrées : l’une dédiée aux consomma- teurs, avec un module de recherche associé à une carte de géolocalisation pour identifier les producteurs près de chez soi. La deuxième entrée de lecture est réservée aux producteurs, per- mettant à tous ceux qui fabriquent des fromages de chèvre (en particulier les producteurs fermiers, artisans et TPE/ PME) de s’inscrire gratuitement sur la plateforme. Céline Bouchon, éleveuse au Gaec de la Biquette à Savas-Mepinen Isère, fait partie des 222 producteurs à s'être inscrits sur le site (au 28 avril 2020), plébiscité en grande partie par les fermiers de l'arc méditerranéen et de la vallée du Rhône. « Je me suis inscrite pour essayer de me faire connaître et attirer les habitants du coin, explique-t-elle, même si les marchés se remettent petit à petit en place. » Pour Marie-Paule Revol, gérante de La Chèvrerie des Monts du Matin à Rochefort-Samson dans la Drôme, le son de cloche est le même : « L’objectif est de se faire connaître davantage autour de chez moi. Cela pourrait également me permettre de trouver de nouveaux clients et de pouvoir éventuellement les fidéliser par la suite ».

Fidéliser de nouveaux clients


L’éleveuse caprine avoue avoir du mal à écouler ses produits en cette période de confinement : « J’ai encore quelques locaux qui viennent chercher des fromages par habitude. En revanche, ceux qui venaient de plus loin, de Romans ou de Valence, ne font plus le déplacement. Tout comme les promeneurs qui avaient l’habitude de s’arrêter en passant. Auparavant, je vendais aussi mes fromages à certains restaurateurs... Il faut donc essayer de trouver d’autres clients... », indique-t-elle. Cette initiative solidaire invite également à redécouvrir la grande diversité des fromages de chèvre, avec des spécificités propres à chaque région. En Drôme-Ardèche, la plateforme digitale, sur laquelle est déjà inscrite une dizaine de producteurs de picodons AOP, est appréciée : « À l’heure actuelle, toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Pour autant, je ne sais pas vraiment quel impact cela aura », note Karine Mourier, présidente du syndicat AOP picodon de la Drôme. « Nos adhérents ont subi de plein fouet l’arrêt des restaurations collectives, des restaurateurs, puis des marchés. Heu- reusement, depuis quelques semaines, les grandes surfaces ont relancé leurs commandes, et quelques marchés ont pu rouvrir. La vente est cependant en baisse et les pertes plus ou moins variables selon le mode de commercialisation. » Pour les semaines à venir, la présidente apparaît sereine : « J’ai bon espoir que la situation se débloque au 11 mai. Il faut absolument que la saison touristique ait lieu pour avoir cet afflux de clients. Si les vacanciers ne peuvent pas partir à l’étranger, ils privilé- gieront peut-être notre belle région et nos territoires un peu moins fréquentés ? »

Amandine Priolet