CHAMBRE D'AGRICULTURE
Calamités agricoles et hausse des prix, un contexte tendu pour l’agriculture

Dans un contexte de changement climatique, d’inflation et de réforme de la Pac, c’est encore une fois un ordre du jour très chargé qui attendait les élus à la Chambre d’agriculture, réunis en session le jeudi 24. Les calamités agricoles ont notamment fait l’objet de discussions.

Calamités agricoles et hausse des prix, un contexte tendu pour l’agriculture
Christel Cesana et Benoit Claret, respectivement vice-présidente et président de la chambre d'agriculture de l'Ardèche.

Il n’est pas une année sans qu’un événement climatique frappe les exploitations ardéchoises. 2022 ne fait pas exception. Deux épisodes de gel en mars et avril, une sécheresse exceptionnelle par sa longueur… Ces aléas sont de plus en plus fréquents, à tel point qu’ils semblent devenir la norme. Et c’est bien là le problème : « Le dispositif des calamités agricoles a été conçu, à l’époque, en réponse à des épisodes climatiques exceptionnels. Or, ce caractère exceptionnel n’est plus opérant aujourd’hui », souligne Benoit Claret, le président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche. En attendant la réforme de la gestion des risques qui doit pallier à ces limites, le dispositif des calamités agricoles a bien été saisi par l’Ardèche cette année encore.

Gel sur arbres fruitiers : des acquis et des attentes 

Suite au gel de mars 2022, l’Ardèche a demandé la reconnaissance de la calamité agricole pour l’ensemble du département. Au niveau national cependant, le rapport météorologique basé sur une moyenne départementale n’a pas permis d’obtenir de réponse positive. « Le dossier a été ajourné, explique Fabien Clavé, chef du service Agricole à la DDT. C’est pourquoi nous avons fait une nouvelle demande, cette fois portant sur le bassin d’Aubenas et le sud de la vallée du Rhône, qui semblent être les seuls éligibles conformément aux données des stations météo locales. »

Il poursuit : « Pour le gel d’avril, seuls les secteurs de Lanas, Loubaresse et Colombier-le-Jeune ont été validés au niveau national. Nous avons fait une demande complémentaire pour que les 16 communes de la vallée du Rhône nord, proches de la station de Colombier-le-Jeune, soit également reconnues, de même que les 27 communes de la région d’Annonay. Et d’ajouter : Je ne vous cache pas que ça risque d’être compliqué... » Les dossiers ardéchois devraient être examinés par le comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA) « au plus tard au mois de mars 2023 », précise Fabien Clavé.

Dans les élevages, « l’heure est à la décapitalisation »

Alors que 192 communes bénéficient d’une reconnaissance anticipée pour pertes de fourrage au titre des calamités (lire ci-après), les choses avancent aussi pour le reste du territoire. « 59 bilans fourragers ont été réalisés et 5 missions d’enquête ont permis de finaliser un dossier de demande, qui devrait être examiné le 9 décembre au niveau national, précise Benoit Claret. Les demandes pourront être déposées fin janvier sur Télécalam. Il ajoute : Il faut faire vite sur ce dossier car bon nombre d’éleveurs ont déjà bien attaqué le stock de fourrage cet été et se demandent s’ils pourront acheter du fourrage pour cet hiver, compte tenu de la hausse des prix. La douceur du mois d’octobre et les pluies ont permis de mettre les animaux au pré un peu plus tard que d’ordinaire mais on ne sait pas ce qu’il adviendra dans les prochains mois. Quelles seront les dates de remise à l’herbe au printemps ? » 

Il poursuit : « Plus que les achats de fourrage, l’heure est aujourd’hui davantage à la décapitalisation. Entre le manque d’herbe dû à la sécheresse et la hausse de toutes les charges, les éleveurs n’ont pas d’autres choix que de se séparer de leurs bêtes », regrette le président de la Chambre. 

Arboriculture : des pertes de récolte et de fonds

La sécheresse et les fortes chaleurs ont provoqué d’importantes pertes de récoltes en maraîchage, oléiculture, mais aussi des mortalités d’escargots. Une demande de reconnaissance en calamité agricole a été faite, assortie d’une demande pour pertes de fonds en vigne (plantiers), arboriculture sur vergers non irrigués et lavandins. « Les pertes de récolte sur fruits à pépins et châtaigne restent à expertiser », précise Fabien Clavé. 

« L’alimentation ne doit pas être sacrifiée »

Dans un contexte d’inflation généralisée, les agriculteurs subissent eux aussi des hausses des charges. « Mais ces hausses ne sont pas toujours compensées par les prix de vente », regrette Christel Cesana. Elle ajoute : « En situation de crise, les Français ont tendance à rogner davantage sur l’alimentation que sur le smartphone… J’entendais encore hier une journaliste  affirmer que les fruits et légumes étaient trop chers, mais a-t-elle vu les hausses de nos charges ? En pleine saison de pommes, le coût du stockage en frigo a plus que quintuplé en un an ! Et de conclure : l’alimentation ne doit pas être sacrifiée ! »

M.C.

Feader 2023-2027 : les enjeux régionaux se précisent

La prochaine programmation du Feader, accompagnée par des fonds régionaux, a été présentée lors de la session Chambre. L’accompagnement de l’Ardèche devrait rester globalement constant, mais certaines modalités évoluent.

Cette nouvelle programmation concerne notamment les aides du second pilier de la nouvelle Pac (aides non-surfaciques, mesures agro-environnementales et aides à l’installation). « En région Auvergne Rhône-Alpes, 700 millions d’euros par an sont mobilisés, souligne Benoit Claret. L’enveloppe consacrée à l’Ardèche devrait rester du même ordre. »

Parmi les nouveautés, on note une simplification des procédures : fini le dépôt des dossiers en DDT, l’ensemble des demandes se fera via une téléprocédure dématérialisée. « Le calcul des montants d’aides se fera désormais en fonction du type et des caractéristiques du projet , pour gagner du temps », explique Benoit Claret. Le règlement des aides pour les bâtiments d’élevage sera également simplifié. Des ambitions sur l’irrigation, le foncier, les cultures végétales et les circuits courts sont aussi réaffirmées dans cette nouvelle programmation. Concernant l’installation, la DJA en Aura devrait rester l’une des plus importantes au niveau national.

1.      fonds européen agricole pour le développement rural
La session a réuni de nombreux élus et partenaires
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