VITICULTURE
Cave de Tain : une nonagénaire en pleine forme

Pour sa 90e assemblée générale, la Cave de Tain fait preuve d'une bonne santé financière. Ses dirigeants misent sur la création de valeurs.

Cave de Tain : une nonagénaire en pleine forme
Une grande partie des 255 vignerons coopérateurs de la Cave de Tain ont participé à l’assemblée générale le 20 novembre à Tain-l’Hermitage. ©AD26

Avec un chiffre d’affaires dépassant les 33 millions d’euros, en hausse de 5 % par rapport à l’exercice précédent, et un résultat d’exploitation frôlant les 500 000 €, la Cave de Tain ne pouvait espérer mieux pour ses 90 ans. Comme l'an dernier, ses dirigeants évoquent une « situation saine et équilibrée » assurant « une bonne solidité financière ». L’exercice clos au 31 juillet 2023 affiche donc de bonnes performances et signe la fin d'un programme d'investissements conséquents avec l'extension du stockage, de nouvelles cuves pour accueillir les vins bio, la fin des travaux de la boutique Maison Cave de Tain et la mise en activité de la villa Caroube. « Les efforts financiers constants nous permettent désormais d'avoir des outils pour porter nos ambitions », a indiqué Ludovic Beau, directeur général.

Dans un contexte global de baisse de la consommation de vins, la Cave de Tain ambitionne la création de valeurs. « Des opérateurs continuent à attendre d'une coopérative les prix les plus bas du marché indépendamment de la qualité des produits. Nous continuerons à combattre ces vieilles idées reçues pour établir un équilibre entre qualité réelle et qualité perçue pour mieux valoriser vos produits », a assuré Ludovic Beau aux coopérateurs réunis en assemblée générale, le 20 novembre à Tain-l'Hermitage.

« Produire de l'excellence »

Pour atteindre ses objectifs, la cave de Tain a engagé une vaste refonte de sa politique produits en rénovant les habillages et en lançant un projet de marque premium. « Nous travaillons trois gammes de base : nos appellations classées en cru, nos vins IGP de cépages et nos vins prestiges sous forme de sélections parcellaires, a rappelé le directeur général. L'articulation de ces gammes est essentielle à notre réussite en particulier pour les nouveaux marchés à l'export mais également pour continuer à assurer une notoriété croissante en communiquant constamment sur notre capacité à produire de l'excellence. Le niveau qualitatif atteint par la Cave de Tain n'est plus un exploit concernant seulement quelques cuvées prestiges mais une réalité confirmée par de nombreuses médailles et récompenses, a-t-il souligné.

Pour amplifier sa notoriété, la coopérative a recruté une directrice commerciale et marketing stratégique. En poste depuis le 2 novembre, Emmanuelle Perkins - précédemment directrice commerciale à la cave coopérative  Rocca Maura - Les vignerons de Roquemaure (Gard) - compte engager la Cave de Tain dans « un virage opérationnel » pour optimiser les méthodes de travail et les adapter aux exigences de la clientèle. « Mon deuxième objectif sera de repenser, construire et développer une distribution commerciale à la hauteur de vos vins d'exception », a-t-elle ajouté.

« L'avenir reste incertain »

Toujours est-il que la Cave de Tain, comme l'ensemble de la filière vinicole, doit composer avec la persistance de l'instabilité géopolitique. « L'avenir reste incertain, a admis Ludovic Beau. La filière viticole gère plutôt une situation de surstockage que de pénurie. La gestion financière de l'entreprise restera prudente en 2024, a-t-il prévenu. Nous devons continuer à tendre vers un équilibre entre le marché français et le reste du monde. » Très clairement, la Cave de Tain vise à maintenir son activité en France où elle bénéficie d'une implantation forte, et à avoir une progression plus soutenue à l'export « car c'est de là que viendra toute croissance future », estime le directeur.

Dans son rapport moral, le président de la Cave de Tain, Claude Laÿs, s'est félicité de la bonne santé de la coopérative en mentionnant l'ensemble des évènements organisés pour célébrer les 90 ans : à l'hôtel de Crillon en marge du salon Wine Paris en février, week-end festif en juin à Tain-l'Hermitage, inauguration de la villa Caroube le 12 octobre, soirée de gala le 11 novembre. Par ailleurs, « malgré des conditions de production compliquées, 2023 reste un millésime prometteur, l’élevage qui débute devrait révéler tout son potentiel », a assuré Claude Laÿs.

Réaffirmant la force du mutualisme et de l'entraide, Claude Laÿs a mis l'accent sur l'organisation de la coopérative, notamment sa dizaine de commissions à même d'être force de propositions pour assurer l'avenir de la Cave de Tain.

Christophe Ledoux

Ludovic Beau, directeur général, et Claude Laÿs, président de la Cave de Tain, ont mis en avant la solidité de la coopérative. À leurs côtés, Emmanuelle Perkins, nouvelle directrice commerciale et marketing stratégique. ©AD26

La filière viticole face au changement

À l'issue des débats statutaires, la Cave de Tain a convié Éric Chantelot, directeur du pôle régional IFV Rhône-Méditerranée. Présenté comme expert et référent en protection de la vigne, il est intervenu sur deux enjeux majeurs identifiés par l'Institut français de la vigne et du vin (IFV): comment passer d'une viticulture intensive à une viticulture agroécologique, d'une part ; comment développer un vignoble et une production innovante dans un contexte de changement climatique, d'autre part.

Évoquant la réduction des intrants, il s'est montré très prudent sur le recours aux produits de biocontrôle. « En utilisation solo, il faut oublier », a-t-il averti. Il a également mis l'accent sur les outils d'aides à la décision tel que DeciTrait© et la mise en place de stations météos virtuelles par parcelle. La création de variétés résistantes aux maladies et à la sécheresse a aussi été évoquée ainsi que des adaptations agronomiques (irrigation, ombrage, intrants œnologiques pour la désalcoolisation et/ou la désacidification). Des évolutions qui, si elles s'avéraient concluantes, seraient à intégrer aux cahiers des charges des appellations...

C.L.

Hommage

En débutant l'assemblée générale, le président de la Cave de Tain, Claude Laÿs, a tenu à rendre hommage à la mémoire d'Éric Chanas, coopérateur décédé tragiquement d'un accident de tracteur en juillet à Mercurol. Une minute de silence a été observée. « J'ai une pensée toute particulière pour Théo, son fils, qui a décidé courageusement de reprendre l’exploitation familiale, et pour son père Jean, qui fera tout son possible pour aider son petit-fils. Nous saurons nous mobiliser pour vous accompagner », leur a assuré Claude Laÿs.