PRÉDATION
Une nouvelle attaque de loup à Montselgues

Pauline De Deus
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Il avait été photographié dans cette même commune le 2 mars dernier. Une chèvre et une brebis tuées plus tard, la préfète Sophie Élizéon a fait le déplacement, ce mercredi 24 avril, deux jours après l’attaque - de loup non écarté - sur l’exploitation de Philippe Ayglon, à Montselgues, afin de faire un point précis de la situation.

Une nouvelle attaque de loup à Montselgues
Devant une trentaine de personnes regroupant éleveurs du territoire, syndicats agricoles, chambre d'agriculture, élus départementaux et DDT, la préfète et le sous-préfet de Largentière, Marc Coutel, référent « loup », ont réaffirmé l'importance de se  « saisir de toutes les mesures dont nous disposons » contre le loup. ©AAA_MMartin

« Si nous n’avions pas trouvé la chèvre en premier, nous ne nous serions pas aperçus qu’il manquait une brebis. Le cœur et le foie sortis, pas de doute, c’était le loup », annonce en préambule Philippe Ayglon, éleveur de bovins et d’ovins depuis 1989 sur la commune de Montselgues. Une fois l’animal mort constaté et déclaré, la DTT s’est déplacée rapidement. « Après autopsie, nous confirmons l’attaque de loup non-écarté », atteste Jean-Pierre Graule, directeur de la DDT. Une réactivité louée par la préfète Sophie Élizéon.

« Il y a urgence »

Au-delà du constat et de l’indemnisation, c’est un enjeu majeur concernant la cohabitation entre le loup et un système d’élevage extensif ancestral qui se joue. « Les éléments actuels témoignent de la forte présence du loup, en recherche de territoire. Nous sommes inquiets, il y a urgence à revoir les cercles de zonage des aides à la protection des troupeaux. Notre volonté est de faire en sorte que le milieu soit hostile au loup », avertit d’emblée Christel Cesana, présidente de la FDSEA.

Du côté des éleveurs, cette attaque cristallise les impasses et révèle l’insuffisance de solutions mises en œuvre pour les protéger. Philippe Ayglon est catégorique : « Il faudra travailler avec le loup, on n’a pas le choix, il faut partager le territoire ! », martèle-t-il. Selon l’éleveur, la présence humaine est indispensable afin d’inciter le loup à ne pas approcher des troupeaux. « Le loup va nous obliger à, de nouveau, mutualiser les troupeaux », avance-t-il. Pour d’autres éleveurs, à l’instar de Maïté Prompt, bergère à Rochecolombe, une partie de la solution réside dans la présence du Patou, ce chien de protection, qui elle l’espère changera de statut pour devenir un chien de travail. « Nous souhaitons nous sentir légitimes et protégés par la loi quand on travaille avec des Patous. »

« Signifier au loup qu’il n’est pas le bienvenu »

Lors de cet échange, les services de l’État ont souligné l’importance de mobiliser l’ensemble des mesures de protections existantes, telles que l’acquisition de chiens de Montagne des Pyrénées, la mise en place de clôture ou encore des tirs de défense.

La préfète est revenue sur les mesures du plan loup 2024-2029 et ses nouveautés. Afin de mieux protéger les éleveurs, le plan loup prévoit « un renforcement de la protection concernant les tirs de défenses qui seront possibles à 2 ou 3 personnes pour signifier au loup qu’il n’est pas le bienvenu autour des troupeaux. Sous couvert d’une formation, le plan met également en œuvre la possibilité de faire intervenir en nocturne des agents de l’OFB et des louvetiers ». Face à la présence du prédateur, Sophie Élizéon a réaffirmé « qu’il n’existe pas de solution unique. Il faut se saisir des solutions à disposition pour demain, pouvoir demander d’autres mesures et moyens de se protéger ».

Approfondir la réflexion sur les stratégies de protection adaptées au pastoralisme local

À l’issue de ce déplacement, une réunion d’information et d'échanges, programmée le 7 mai prochain au Vans a été décidée. Sous l’égide du sous-préfet de Largentière, elle permettra d’approfondir la réflexion sur les stratégies de protection adaptées au pastoralisme local.

Lors de cette réunion avec les principaux acteurs, la question de non-protégéabilité de certaines exploitations sera soulevée. Matthieu Salel, vice-président du Département, en charge de l’agriculture, de l’environnement et du tourisme, a émis l’idée selon laquelle « la pratique de l’élevage extensif devrait être un des premiers critères pour la non-protégéabilité ». Pour Sophie Élizéon, la non-protégéabilté d’une exploitation ou d’une zone reste « une mesure d’exception ». Le travail de longue haleine se poursuit donc, avec pour objectif, « avancer vite en combinant les protections et en accompagnant le développement du pastoralisme avec la présence du loup », conclut la préfète.

M.M.

Philippe Ayglon, ici à gauche et accompagné de la présidente de la FDSEA Christel Cesana et de la préfète Sophie Élizéon, est éleveur de bovins et d’ovins sur la commune de Montselgues. ©AAA_MMartin