ASSISES DE L'EAU
Les mesures pour la sobriété des usages de l'eau présentées

Au Crestet, le projet d’agrandissement du lac collinaire sur l’exploitation arboricole de Camille Chamblas a été l’occasion de faire un point sur la feuille de route des Assises de l’eau et de présenter les 31 mesures.

Les mesures pour la sobriété des usages de l'eau présentées
la famille Chamblas et les acteurs de l'instance de concertation collective des Assises de l'eau. ©AAA_MMartin

Les Assises de l’eau, instance de concertation collective qui réunit l’État, les élus locaux, l’agriculture, les collectivités, les syndicats de rivières, les associations environnementales, les industriels et les professionnels du tourisme, ont été relancés à la suite de l’été de sécheresse de 2022. « Un électrochoc auprès de la population », se remémore Thierry Devimeux, préfet de l’Ardèche. Ces assises visent un partage de l’eau équitable entre tous les acteurs tout en ayant pour leitmotiv la sobriété.

31 mesures

Avant un 3e volet qui se tiendra en octobre 2023, l’agrandissement et la mise aux normes de la retenue collinaire de l’exploitation de Camille Chamblas ont permis à tous les acteurs de se rassembler et de dévoiler les 31 mesures de la feuille de route des Assises de l’eau. Elles ont été décidées lors du 2e volet, organisé en mars dernier. Ces mesures s’appuient sur le plan national eau, présenté en mars dernier également. L’objectif à l’échelle du département est de réduire de 20 % le prélèvement de l’eau d’ici 2030. Davantage de sobriété donc, mais également, de sécurisation des réseaux d’eau grâce à l’interconnexion entre les territoires, afin d’éviter à des communes de manquer d’eau.

Le président du Département, Olivier Amrane, a énuméré les projets en cours concernant l’optimisation de la ressource en eau. Il est notamment revenu sur le chantier du réseau d’irrigation agricole de la plaine de Chomérac, où les travaux visent à endiguer la fuite afin d’améliorer le rendement. Mais aussi sur le projet de « dessablement » du barrage de Collanges.

Penser global pour optimiser les ressources

Thierry Devimeux, dont c’était la dernière sortie officielle en tant que préfet de l’Ardèche, est quant à lui revenu sur l’importance d’améliorer la gouvernance en cas de crise, afin d’affronter collectivement le changement climatique en cours. « On est en train de vivre un changement jamais connu, dû aux activités de l’Homme. D’où l’importance de penser global. » L’ère de l’anthropocène oblige donc tous les acteurs à la résilience. « Ce projet local s’inscrit dans la théorie du Colibri, faire sa part », résume Thierry Devimeux, devant le lac collinaire de l’exploitation arboricole.

En effet, le préfet a tenu à rappeler que le projet d’agrandissement du lac collinaire du Crestet s’inscrit dans le protocole signé avec la chambre d’agriculture, le Département, la préfecture et l’office français de la biodiversité (OFB), afin de construire un accord qui respecte les enjeux environnementaux et garantit les capacités économiques des exploitants agricoles.

La retenue devra respecter le calendrier de remplissage annuel entre le 1er novembre et le 30 mai, mais aussi contenir un dispositif de déconnexion avec un contournement des eaux de l’amont vers l’aval en période d’étiage. Des travaux qui débuteront au mois de septembre et qui permettront de passer de 8 hectares de verger arrosé par an au goutte-à-goutte à 12 ha irrigués.

Marine Martin

Un projet qui s’inscrit dans le protocole d’accompagnement des lacs collinaires
Camille Chamblas devant le lac collinaire avant les travaux de la rentrée ©AAA_MMartin
PROTOCOLE

Un projet qui s’inscrit dans le protocole d’accompagnement des lacs collinaires

D'une surface de 1 800 m2, la capacité en eau de la retenue collinaire de la famille Chamblas sera triplée en septembre et la structure mise aux normes.

Sur les hauteurs de Crestet, les vergers en pente de la famille Chamblas sont chargés de fruits en cette fin juillet. Une dizaine d’hectares, protégés par des filets paragrêles, entoure la ferme familiale. En contre bas, une retenue collinaire, construite par le père de Camille Chamblas en 1989, d’une surface de 1 800 m2 permet à l’exploitation d’assurer sa viabilité. Désormais, la retenue est devenue trop petite pour continuer à être durable. Camille Chamblas a l’intention de remplacer la partie élevage bovin de son père par le développement de parcelles de châtaigniers. Des travaux sont donc à prévoir. Sa capacité en eau sera triplée en septembre et, surtout, le lac collinaire sera mis aux normes et respectera les exigences du protocole départemental, mis en place en août 2021 entre les acteurs du territoire concernant la création de retenues d’eau à usage agricole dans le département de l’Ardèche. « Ce protocole illustre notre capacité de résilience face au changement climatique pour se protéger de l’avenir et répondre à l’enjeu sociétal de préserver notre capacité à nourrir la population », déclare Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture.

Cet accord vise également à endiguer la lourdeur administrative des démarches imputées aux agriculteurs et à inciter les exploitants à déposer des demandes pour des projets de stockages de l’eau. « Pour monter un dossier, c’est complexe administrativement, il faut donc un travail d’équipe. On pourrait passer de 45 dossiers à 100 dossiers par an. Tous les dossiers autorisés doivent être soutenus », espère le président du Département.

Pour Camille Chamblas, il ne s’agissait pas d’une création de retenue, mais d’un agrandissement. Pour lui, le temps d’attente a été moins long. « J’ai eu la visite de l’OFB en novembre 2021, nous avons déposé le dossier à la DDT en mars 2022 et avons obtenu l’autorisation de la préfecture en octobre 2022. » Le préfet l’assure : « Ce protocole signé, à accélérer les demandes : 3 nouvelles demandes de lacs collinaires sont signées et 5 sont sur le bureau ». Des propos corroborés par le vice-président de la chambre d’agriculture, Sylvain Bertrand : « Nous avons quasiment 16 dossiers prêts à sortir ».

Le président du Département a rappelé les 1,5 millions d’euros mis sur la table par le Département pour accompagner les projets de stockage de l’eau sur les cinq prochaines années. Du côté de l’agrandissement du lac collinaire de l’exploitation du Crestet, « le budget tourne autour de 150 000 €. L’aide de la Région est à hauteur de 40 % jusqu’à 50 000 € et ensuite de l’ordre de 25 %. Le reste est autofinancé. En attendant la subvention, j’avance les frais », précise Camille Chamblas. Des aides provenant de l’Europe du programme Leader qui transite via le Département et la Région.

M.M.

VigiEau

Pour rester informé au sujet de la consommation d’eau, le gouvernement a mis en place une plateforme afin que chacun, en y entrant son lieu de vie, puisse connaître la marche à suivre en cas de restriction d’eau : https://vigieau.gouv.fr/