Dimanche 6 août, Valentin Gubien sera à Mirabel à l’occasion de la fête du cheval de trait. Le jeune éleveur, en cours d’installation à Saint-Barthélémy-Grozon, est un passionné de race comtoise.

Valentin Gubien : éleveur en devenir
Avec sa dizaine de chevaux de trait comtois, Valentin Gubien peut valoriser ses prés les plus éloignés. ©AAA_PDEDEUS

Tout a commencé avec Sheila, la jument de son grand-père, une croisée comtoise. Enfant, Valentin Gubien la menait dans les champs de patates pour biner, buter et herser. Quand Sheila meurt, à l’âge de 35 ans, c’est le tracteur qui prend le relais. Mais le résultat n’est pas satisfaisant : « J’ai essayé différents outils, mais rien ne vaut le cheval », commente Valentin. Sans compter le vide laissé par la pouliche de son grand-père. En 2015, le jeune homme de 22 ans décide d’acquérir sa première jument comtoise. Pendant plusieurs mois, il prend le temps de l’éduquer avant de la conduire chez un dresseur. « Un charlatan », se souvient-il, amer. Traumatisée par les violences, la jument ne pourra pas mener de travaux agricoles et Valentin sera contraint de la revendre à un particulier. Mais le passionné ne se laisse pas intimider par cette expérience malheureuse. Dans la foulée, il rachète deux juments gestantes. Les premiers poulains naissent à la ferme quelques mois plus tard et c’est la révélation : l’élevage de chevaux de trait est fait pour lui !

« Les concours, c’était mon rêve »  

Aujourd’hui, Valentin Gubien est en passe de s’installer en Gaec avec son oncle à Saint-Barthélémy-Grozon. Mais l’élevage de chevaux comtois ne sera qu’une partie de son activité. « Tous les éleveurs vous le diront : il y a plus de chevaux que de demandes, assure Valentin. Si on le fait, c’est par passion, pour faire perdurer la race, mais on n’en vit pas. » Pour reprendre les bâtiments et les terres de son père qui part à la retraite, l’éleveur de 30 ans a passé un BPREA et s’est formé à la production de fromages. Contrairement à son père, ce n’est pas sur les vaches, mais sur les brebis laitières qu’il a jeté son dévolu. Elles seront 90 à arriver sur la ferme au printemps prochain et entreront en lactation à l’automne 2024. Un timing idéal pour s’occuper de la récolte des 7 ha de châtaigniers, en septembre, et pour pouvoir participer aux concours de chevaux de trait au mois d’août.

« Les concours, c’était mon rêve », confie l’éleveur, les yeux brillants. Son premier date d’il y a un an, à la Fête du cheval de trait de Mirabel, au Pradel. « Quand je me revois, c’était une cata », se remémore-t-il, amusé. L'éleveur qui n’avait alors participé qu’à des concours de vaches laitières n’avait pas les codes de cette nouvelle discipline qu’il admirait tant. Pourtant, grâce à son cheval de compétition, il a réussi à se qualifier pour le régional dans la catégorie jument suitée. Il est même allé jusqu’au niveau national, à Maîche dans le Jura. « J’ai concouru avec Flanelle de Lacodre, précise-t-il. C’est une jument que j’avais achetée à Renée Ringuet. » Cette femme, très connue dans le monde du cheval de trait comtois, est d’ailleurs devenue son mentor pour les concours et au-delà. « Je suis allé chez elle plusieurs fois et souvent, elle me suit en concours », résume Valentin Gubien. Un soutien bienvenu, alors qu'à ses débuts, il s’est heurté à un milieu très fermé. « Quand je suis arrivée à Mirabel, j’ai été mal accueilli par les autres éleveurs. Seuls quelques-uns sont venus me parler... Maintenant, ça va mieux, mais je trouve que c’est dommage. On est tous là pour la même chose : relancer l’élevage, avoir des débouchés et que la race perdure ! »

L’élevage de Bériban se fait un nom

Cette année, Valentin Gubien entend franchir une nouvelle étape dans le monde de la compétition. Au concours départemental à Mirabel, l’éleveur va présenter deux comtoises de deux ans nées sur sa ferme. Pour la première fois, le nom de son élevage (de Bériban) va apparaître sur la liste des participants… Il y a de quoi être fier ! Et au-delà de sa simple satisfaction, il pense aussi aux futurs poulains qui vont naître sur sa ferme. « Mon but, c’est de sélectionner pour avoir des chevaux de qualité et surtout de me faire un nom pour qu’ils ne finissent pas à la boucherie », explique-t-il. Actuellement, il garde toutes les femelles pour le renouvellement de son cheptel d’une dizaine de bêtes. Pour les mâles, en revanche, il n’a d’autre choix que de s’en séparer pour éviter la reproduction. Souvent, Valentin vend ses mâles pour les travaux agricoles, à des maraîchers ou des vignerons, certains particuliers peuvent aussi chercher un cheval pour des randonnées ou entretenir leur terrain. Mais, même si les chevaux de trait connaissent un regain d'intérêt, il arrive qu'il ne trouve pas preneur. Et dans ces rares cas, les poulains prennent la direction de l'abattoir. « Ça fait mal au cœur, déplore-t-il. Mais je ne peux pas les garder plus d'un an ! »

En attendant de faire connaître son élevage, Valentin doit entraîner ses jeunes pouliches et les soigner pour le concours de Mirabel. Le jour J, son cousin Joris Henry, qui concourent aussi avec une pouliche née sur l'élevage, sera présent également, ainsi que toute la famille. Nulle doute que tous s'affaireront autour des juments de Bériban, pour préparer leurs crinières tressées et les pomponner telles des stars de la télé !

Pauline De Deus