ENSEIGNEMENT AGRICOLE
Une rentrée scolaire en présentiel pour tous les élèves

Propos recueillis par Pierre Garcia
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ENSEIGNEMENT AGRICOLE / À l’heure de la rentrée des classes, de nombreuses incertitudes subsistent encore concernant le dispositif d’accueil prévu en cette période de crise sanitaire. Le point avec Nathalie Prudon-Desgouttes, responsable formation à la Draaf Auvergne Rhône-Alpes.

Une rentrée scolaire en présentiel pour tous les élèves
Nathalie Prudon-Desgouttes, responsable formation à la Draaf Aura. ©N_Prudon-Desgouttes

Comment a été préparé le dispositif d’accueil des élèves dans les établissements scolaires agricoles ?

Nathalie Prudon-Desgouttes : « L’objectif prioritaire pour cette rentrée est d’assurer la sécurité sanitaire des jeunes et des personnels de l’enseignement agricole. En juillet, nous avons dévoilé, en cohérence avec le ministère de l’Éducation nationale, une note de service comportant toutes les consignes sanitaires. Dans ce dispositif, nous intégrons plusieurs hypothèses en fonction d’une reprise plus ou moins active de la circulation du virus. Nous souhaitons pouvoir permettre à chaque établissement de garder une marge de manoeuvre et d’agir au cas par cas, suivant la situation. Pour autant, le principe est clair, nous souhaitons une reprise en présentiel pour tous les élèves. Du côté des effectifs, nous avons d’ailleurs craint des baisses de plus de 30 % mais, grâce à une équipe éducative performante qui a occupé le terrain et animé de nombreuses portes ouvertes virtuelles, nous prévoyons finalement une hausse des effectifs de près de 3 %. »

Quelles sont les principales dispositions contenues dans ce dispositif ?

N.P.-D. : « Dans un premier temps, nous avons mis en place des cheminements fléchés dans tous les établissements. Concernant les temps de repas, nous avons réfléchi à la mise en place de plusieurs services sur des horaires décalés pour éviter une trop grande concentration d’élèves au même endroit. Nous nous sommes aussi assurés que chaque enseignant et chaque élève soit équipé de masques. Le principe est que les élèves les portent toute la journée, sauf pour manger et dormir. À ce sujet, l’accueil d’internes est bien entendu maintenu mais nous avons travaillé à une nouvelle disposition du mobilier qui permette de mieux respecter les distances entre chacun. En fonction de l’évolution de chaque situation, nous pourrons aussi envisager une répartition différente des effectifs dans les dortoirs. En cas de cas positifs dans des établissements, c’est l’Agence régionale de santé (ARS) qui aura la charge de décider de mesures supplémentaires. »

En dehors des cours, l’accompagnement périscolaire et les contrats d’apprentissage pourront-ils se dérouler normalement ?

N.P.-D. : « La fin d’année scolaire a été très particulière et il a été demandé aux enseignants de rapidement repérer les jeunes en difficulté pour mieux les accompagner. L’État a multiplié par quatre l’enveloppe consacrée au périscolaire qui sera donc non seulement maintenu mais aussi renforcé pour combler le retard pris ces derniers mois. Concernant les contrats d’apprentissage, nous avons eu la bonne surprise de constater que les entreprises étaient très demandeuses. Cela signifie que les mesures prises par le Gouvernement dans son plan de relance portent leurs fruits. Le délai de carence pour les apprentis a d’ailleurs été prolongé à six mois pour s’adapter au contexte particulier. Cela permettra à certains jeunes de venir en cours dès le 1er septembre tout en poursuivant sereinement leur recherche de contrat d’apprentissage. »

Quelles sont les nouveautés de cette rentrée au niveau pédagogique ?

N.P.-D. : « L’enseignement général reste le socle car nous ne formons pas que des agriculteurs. Pour ce qui est de l’enseignement agricole, nous souhaitons surtout insister sur la mise en place du plan « Enseigner à produire autrement II ». Nous allons réaffirmer avec force l’importance de la transition écologique dans l’enseignement agricole. Didier Guillaume (ex-ministre de l’Agriculture, remplacé en juillet par Julien Denormandie, ndlr) nous a d’ailleurs encouragés à rendre les élèves plus acteurs de la transition agroécologique. Cela ne veut pas dire que nous faisons du lobbying. Les élèves ont l’occasion de découvrir la diversité des modèles agricoles existants mais nous souhaitons prendre notre part dans le développement d’une agriculture plus verte. Les enjeux liés à la souveraineté alimentaire se trouvent également au coeur de notre enseignement. Nous devons nous inscrire dans ce mouvement né pendant le confinement en faveur d’une alimentation locale et de qualité. Les agriculteurs ont continué de nourrir le pays pendant cette période et nous espérons, qu’à l’image des soignants, vont naître des vocations pour les métiers de l’agriculture. »

Propos recueillis par Pierre Garcia

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RÉFORME DU BAC / Les séries agricoles sont aussi concernées

À compter de la rentrée 2020, le programme d’enseignement des Bacs technologiques évolue. La série « sciences et technologies de l’agronomie et du vivant» (STAV) n’échappe pas à la règle. Cette série est destinée aux lycéennes et lycéens désireux d’exercer dans les métiers de l’aménagement d’espaces naturels, de la production agricole (élevage et cultures), de la production agroalimentaire. La réforme du bac STAV concerne l’organisation des épreuves, avec l’introduction du contrôle continu et la mise en place de cinq épreuves terminales, contre une quinzaine auparavant. Cette série permet de réaliser cinq semaines de stage en individuel et trois semaines en collectif, qui sont intégrées dans le parcours de formation. Dès la classe de première STAV, les élèves choisissent trois enseignements de spécialité. La « gestion des ressources et de l’alimentation » (6h45) porte sur la gestion, l’exploitation des ressources naturelles (eau, sols, biodiversité...) ou énergétiques (énergie électrique, mécanique, chimique...) utilisées pour la production alimentaire. La physique, la chimie, et la biologie en font partie. Le volet « territoires et sociétés » (2h30) aborde l’économie : l’entreprise, l’offre et la demande, le fonctionnement des marchés et l’organisation de société. La spécialité « technologie » (3 h) est à choisir parmi l’un des cinq domaines technologiques des secteurs d’activités suivants : aménagement d’espaces (paysager, forestier, naturel, gestion de l’eau...) ; agroéquipement (fonctionnement des équipements comme les machines agricoles) ; productions agricoles (végétale ou animale) ; services (à la personne, aux territoires ruraux et au commerce) et transformation liée à la fabrication de produits alimentaires.

Une filière pluridisciplinaire

En terminale STAV, en plus des enseignements communs à toutes les séries, il y a deux enseignements de spécialité : gestion des ressources et de l’alimentation (6h45) et territoires et technologie (4h30). L’élève continue à étudier le domaine technologique choisi en première ; les réorientations sont toutefois possibles en fin de première. Pluridisciplinaire, le bac STAV permet de poursuivre en BTS agricoles (génie des équipements agricoles, aquaculture, gestion et maîtrise de l’eau, aménagements paysagers, analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole), en DUT de biologie, en écoles d’ingénieurs, en licence ou, éventuellement, en classes préparatoires aux grandes écoles.

Sophie Chatenet