ÉLEVAGE
Mise à l'herbe : comment profiter de la précocité ?

Alors que la météo a été particulièrement douce, il s'agira cette année d'être rapide et de suivre quelques conseils pour bien démarrer la saison de pâturage.

Mise à l'herbe : comment profiter de la précocité ?
Cette année, la pousse d'herbe a été particulièrement rapide. © Conseil Élevage

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. « Et cette année, il est clair qu'on est en avance. Fin février, la pousse d'herbe avait environ 1 mois d'avance », commente Pascale Faure, Conseillère spécialisée Fourrages à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Un constat partagé par Jérôme Gachet, de Haute Loire Conseil Elevage, qui livre quelques recommandations : « Il va falloir être vigilant et réactif. Je conseille aux éleveurs de chercher à valoriser la biomasse produite par cet hiver très clément et de pratiquer une mise à l'herbe précoce pour nettoyer la pousse d'hiver et stimuler la pousse de printemps ».

Un calendrier accéléré

Or, pour cela, les éleveurs doivent accélérer le calendrier des préparatifs, qui sont incontournables pour une mise à l'herbe réussie.

Il s'agira ainsi de déterminer les lots d'animaux et de préparer les plans de pâturage. « Connaitre l'exposition de ses parcelles est primordial, précise Jérôme Gachet, de Haute Loire Conseil Elevage. Cela permet de connaître celles où la pousse sera précoce et celles où elle sera plus tardive et ainsi d'avoir un prévisionnel de pâturage optimum. » Une fois les gelées passées, il faut également préparer les parcs et les clôtures.

Avant la mise à l'herbe, il est également nécessaire de veiller à avoir des animaux en bonne santé. « Toutes les manipulations doivent être faites avant, explique Pascale Faure. Car une fois en liberté, les animaux seront beaucoup plus difficiles à attraper ». Vaccins, traitements antiparasitaires, parage des pieds... Autant d'étapes à commencer rapidement car « le calendrier va être dur à tenir. Un bon nombre d'éleveurs risquent de se faire bousculer cet année », craint Pascale Faure.

Pour ne pas se faire surprendre, ils peuvent se baser sur le Bulletin Info Fourrages publié chaque semaine par les Chambres d'agriculture. Mais il faut également surveiller ses différentes parcelles, pour ne pas louper le coche, selon Jérôme Gachet : « Si on s'y prend trop tard, on prend le risque d'une pousse d'herbe trop avancée, diminuant les performances des vaches. Il faut 12 cm d'herbe en entrée de parc. Au-delà, l'herbe risque de devenir ligneuse et moins nutritive. Et il faut sortir les animaux à 6 cm, maximum 5 cm ».

Ne pas confondre vitesse et précipitations

La précocité de la mise à l'herbe a un avantage : elle permet de ménager une bonne transition alimentaire, très progressive, avec quelques heures de sortie par jour. D'autant que cette herbe d'hiver, moins chargée en azote, prépare en douceur le rumen des animaux.

Si les conditions de début de saison de pâturage semblent bonnes, d'année en année, les exploitants agricoles font face à de plus en plus d'incertitude climatique. Si l'on ne connait pas la météo des mois à venir, « il faut être de vrais opportunistes et utiliser l'herbe quand il y en a », estime Pascale Faure, qui nuance toutefois avec un avertissement : « Certains sols ne sont pas encore ressuyés. Sur ces parcelles, il va falloir attendre un peu. » Et Jérôme Gachet d'ajouter : « Il faudra être très vigilants à la portance des sols, pour éviter le tassement sous l'effet du piétinement des animaux et la destruction de la vie des sols, qui pourraient venir entacher la saison de pâturage, voire les années à venir. » Par ailleurs, l'accélération du calendrier ne doit pas faire oublier le délai minimum (3 semaines) entre épandage de fertilisants et pâturage.