ENSEIGNEMENT AGRICOLE
Les écoliers ardéchois ont fait leur rentrée

Lundi 4 septembre, les 154 000 élèves de l'enseignement agricole français ont fait leur rentrée. Reportage dans deux établissements ardéchois.

Les écoliers ardéchois ont fait leur rentrée

Lycée Olivier de Serres : un lieu pour apprendre et trouver sa voie

Sous l’œil bienveillant du premier agronome de France, Olivier de Serres, dont le portrait est projeté dans l’amphithéâtre, au sein du lycée d’Aubenas, les nouveaux élèves de seconde écoutent, attentifs, le discours d’accueil de leur directeur d’établissement, Matthieu Prevost.

« Ce n’est pas un lycée comme les autres »

En guise de préambule, celui-ci, attise la curiosité des étudiants et des quelques parents venus les accompagner : « Ce n’est pas un lycée comme les autres. Nous ne sommes pas sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale, mais sous celui de l’Agriculture. Il y a ici une ouverture sur les métiers du vivant que vous n’avez pas ailleurs. Le domaine du Pradel est le deuxième site de l’établissement avec un centre de formation pour adultes, une ferme caprine d’expérimentation et une véritable exploitation agricole », détaille le directeur. De nouveaux enseignements et une approche pédagogique différente attendent ces élèves qui ont quitté leur environnement familier du collège pour celui, plus intimidant en cette journée de rentrée, du lycée.

« On a besoin de vous pour que la transition soit concrète »

Matthieu Prevost poursuit son discours en souhaitant avant tout, transmettre l’importance de l’enseignement agricole dans le paysage de l’éducation française. « Les établissements agricoles représentent 10 % de l’enseignement secondaire français. » Une des priorités est la mobilisation pour la transition écologique : « On a besoin de vous pour que la transition soit concrète. Pour montrer que l’enseignement agricole a la capacité d’agir pour l’agriculture de demain », martèle-t-il.

Avant que les élèves ne rejoignent leur classe, appelés par leurs professeurs principaux respectifs, Cyril Jaquin, président du conseil d’administration du lycée, et Fabrice Brun, député de la circonscription, tiennent à leur souhaiter la bienvenue, dans cet établissement dont ils ont arpenté les couloirs, jadis. « C’est un lieu pour apprendre et trouver sa voie. À l’heure ou l’individualisme prend le dessus, il est important de participer à la vie collective du lycée », rappelle le président du CA. Un lycée à taille humaine où 370 élèves sont accueillis dans les différents cursus. Fabrice Brun quant à lui, évoque le véritable enjeu de l’enseignement agricole: celui de "déboucher sur des métiers d’avenir. L’enjeu est le renouvellement des générations ».

« La voie agricole ce n’est pas se fermer des portes, mais s’en ouvrir »

Si l’enseignement agricole a une carte à jouer en termes de transition écologique et de relève, ce n’est pas le seul atout du lycée. Pour Glwadis et Cassandra, deux copines du collège, leur choix de se tourner vers un lycée agricole pour l’année scolaire a été motivé par la volonté de découvrir un enseignement différent de celui proposé par l’enseignement général. « On souhaite toutes deux, devenir auxiliaire puéricultrice. » Pour Matthieu Prevost « la voie agricole ce n’est pas se fermer des portes, mais s’en ouvrir. Nous avons un large panel de formations qui ne conduisent pas toutes à des métiers dédiés à la production animale », souligne-t-il. Par ailleurs, cette année inaugure le programme « Les cordées de la Réussite ». « Un label porté par le ministère de l'Éducation nationale, œuvrant pour préparer les élèves aux grandes écoles vétérinaires ou agronomes par exemple », décrit le directeur du lycée.

Dans la lignée de l’esprit novateur de l’agronome Olivier de Serres, le lycée agricole ouvrira à la rentrée 2024, un nouveau BTS métiers des services à l’environnement avec une spécialisation unique en France « Valorisation des coproduits de l’activité agricole et alimentaire », afin de répondre aux enjeux de la gestion des matières organiques.

En cette fin de matinée, les couloirs sont vides et les classes pleines. Les nouvelles recrues de l’établissement commencent leur apprentissage. Si tous n’embrasseront pas le secteur primaire, nombreux seront ceux qui construiront l’agriculture de demain.

Marine Martin

Lycée agrotechnologique : pour découvrir le monde agricole dès la 4e

Des groupes d'élèves riant aux éclats, d'autres seuls attendant discrètement dans un coin, et puis ceux venus avec leurs parents qui resteront jusqu'aux derniers instants... Après un accueil avec café et jus de fruit, c'est l'heure de passer aux choses sérieuses. Au lycée agrotechnologique d'Annonay, lundi matin, les secondes, troisièmes et quatrièmes faisaient leur rentrée. Sur le théâtre de verdure, les élèves sont réunis pour la présentation des professeurs principaux de leur classe. Pas de grand discours, quelques minutes après, ils sont déjà en classe. Seuls les quatrièmes, restent assis à l'extérieur. Pour leur première rentrée, les élèves sont appelés un à un, avant de rejoindre leur classe. « Cette année, nous avons dû ouvrir une seconde classe de 4e », explique le directeur David Ferrand. Un engouement qu'il attribue à l'accompagnement individualisé offert par l'établissement et les professeurs, « certains élèves en difficulté sont dirigés chez nous », précise-t-il. 

Une formation de Jeune sapeur pompier

Mais pour certains, en quatrième déjà, leur choix de carrière est fait. C'est le cas de Lucas, originaire de Saint-Rambert-d'Albon, qui veut devenir éleveur. Grâce aux différents modules proposés par l'établissement privé, il pourra commencer à découvrir le monde agricole, avec des cours d'agronomie ou de zootechnie. L'autre enseignement qui séduit les élèves dès la quatrième est celui de Jeune sapeur pompier, une formation donnée en complément du tronc commun pendant trois ans, de la 4e à la seconde. « On a une douzaine d'élèves », précise David Ferrand. Et pour les enseignements spécifiquement agricoles, il faut attendre la première pour entrer en Bac STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant). « On a aussi un bac pro CGEA axé élevage : ovin, bovin, caprin, ou soin animalier, et là ça peut être tout type d'animaux. On a d'ailleurs un partenariat avec le Safari de Peaugres », détaille le directeur. Et nouveauté cette année, les jeunes pourront aussi pratiquer l'agriculture et notamment apprendre à labourer sur le terrain avec l'acquisition de 5 ha de terre à Félines. 

Des jeunes très intéressés

Cet établissement qui accueille 240 élèves, propose un BTS technico-commercial et un BTSA sciences et technologies des aliments en alternance, deux formations orientées vers l'agroalimentaire. À l'avenir de nouvelles formations pourraient être créées, tel qu'un CAP aménagement du paysage en apprentissage. « Les entreprises locales recrutent dans ce secteur et, à contrario, on a des élèves du secteur qui partent pour suivre cette formation », argumente le directeur. De la 4e à la terminale, en passant par le BTS et bientôt le CAP, le lycée agrotechnologique catholique d'Annonay attire des élèves du secteur, voire même d'autres régions. « Ceux qui viennent de loin, intègrent plutôt la formation soins animaliers qui est assez peu développé. Cette année on a une élève qui vient d'Avignon », illustre David Ferrand. Pour ce directeur qui fait cette année sa deuxième rentrée, c'est un plaisir de voir la motivation des élèves qui intègrent l'établissement : « En faisant les recrutements, j'ai vu des jeunes très intéressés, souvent des enfants d'agriculteurs qui ont des projets de reprise d'exploitation très précis ». Et pour ce qui est de l'avancée des élèves dans leur cursus, le directeur est confiant : « En termes de taux de réussite, on est bien placé ».

Pauline De Deus

L'équipe pédagogique transmet les règles et valeurs de l'établissement. ©AAA_MMartin
Fabrice Brun, Cyril Jaquin et Matthieu Prévost, ont accueilli les élèves pour la rentrée 2023. ©AAA_MMartin