ÉNERGIES
Économiser grâce à l'autoconsommation photovoltaïque

Le Gaec de Vareilles à Saint-Just (Puy-de-Dôme) a installé en 2021 une centrale photovoltaïque de 18 kWc (kilowatt crête) en autoconsommation sur sa stabulation équipée de trois robots de traite.

Économiser grâce à l'autoconsommation photovoltaïque
Avec un projet en autoconsommation à 18 kWc, seule une petite portion de la toiture est couverte. ©LD

Le Gaec de Vareilles et ses trois associés, Monique et Serge Roiron et Benjamin Cayre, ont installé en mars 2021 des panneaux photovoltaïques sur la toiture de leur stabulation afin d'autoconsommer une partie de leurs besoins et de réduire leur facture Enedis. Sans batterie, l'autoconsommation photovoltaïque n'est pas adaptée à tous les types d'exploitations. Pour être rentabilisée, la majorité de la production électrique doit être consommée en journée, car elle dépend de l'ensoleillement. Elle convient donc « particulièrement aux exploitations agricoles avec des besoins importants répartis sur la journée (robot, séchage en grange, transformation, chambre froide, ballon d’eau chaude…) », explique Thierry Roche, conseiller modernisation à la chambre d’agriculture du Puy de dôme.

Pour gagner en rentabilité, le Gaec a revu les heures de fonctionnement de son broyeur-aplatisseur, de ses malaxeurs à lisier et de son chauffe-eau pour les faire coïncider avec les pics de production électrique en journée. 

Sur 16 600 KWh produits la première année, 15 000 kWh ont été consommés par les machines de l’exploitation. Le Gaec a ainsi réduit sa facture d'électricité de 30 %, là où de nombreux exploitants ont vu le montant de leurs charges tripler en quelques mois. Le prix de revente du surplus, fixé à 0,6 €/kWh, représente quant à lui un gain négligeable à côté de l’économie réalisable grâce à l’autoconsommation. 

Avantages multiples

Plus une centrale photovoltaïque est puissante, plus sa surface de couverture est grande. Installé à 800 mètres d'altitude, Serge Roiron avait quelques craintes concernant l'implantation d'une centrale en injection, allant de 100 à 500 kWc1 en agriculture : « la totalité de la toiture aurait été couverte de panneaux et la neige aurait pu glisser au contact lisse et chaud des modules, au risque d'abîmer les chéneaux ou de s’ébouler sur quelqu'un ». Avec un projet en autoconsommation à 18 kWc, seule une petite portion de la toiture est couverte, permettant à la neige de rester accrochée. Administrativement, pas besoin de créer une société et pas de perte d’autonomie, là où la location de sa toiture à une entreprise peut obliger à faire des compromis.

Avec un coût total moyen de 27 000 € pour l’achat et l’installation d’une centrale de 18 kWc, l’investissement est bien moins lourd que celui d’une centrale en injection. Économiquement, « plus le prix de l’électricité augmente, plus l'autoconsommation est rentable », selon Serge Roiron. Benjamin Cayre ajoute : « investir dans une centrale en autoconsommation permet d'économiser dès la première année ».  En effet, seulement neuf mois après l’installation de la centrale, le Gaec a profité d'un remboursement significatif d'Enedis : « notre facture de régularisation en janvier 2022 annonçait un trop-perçu de 3 700 € », se souvient Serge Roiron.

Prise de terre

Le bétail serait particulièrement sensible aux ondes électromagnétiques, d'où l'importance de placer les onduleurs à distance des troupeaux et de réaliser une bonne prise de terre. Après avoir constaté une recrudescence des boiteries dans son troupeau, Serge Roiron a fait appel à un géobiologue pour vérifier son installation. « L'expert a détecté une remontée de courant entre la terre et le bâtiment, provoquée

 au passage de deux cours d'eau sous-terrain », explique l'éleveur. Après avoir dévié les cours d’eau, l’expert a conseillé aux éleveurs de changer l’emplacement de leur prise. D'après Thierry Roche, « il est judicieux, en particulier dans le cadre d’un projet photovoltaïque couplé à la construction d'un bâtiment, de réaliser un diagnostic technique des sols en amont du chantier afin d'optimiser l'implantation de la prise de terre ».

Vers plus d'autonomie

Équipé d'une deuxième centrale de 18 kWc depuis avril 2022, le Gaec n'aura acheté que 66 500 kWh à Enedis en décembre, contre 89 900 kWh pour l’année 2020. Actuellement, les associés réfléchissent à l’installation d’un système de récupération d’eau de pluie afin de gagner en autonomie et résilience.

Léa Durif

1. 1 kWc permet de produire entre 900 et 1400 kWh par an.