CONJONCTURE
Un contexte plutôt favorable à la production d’oléoprotéagineux

Tandis que le marché mondial de l’huile s’annonce tendu dans les prochaines années, la demande en protéines d’origines française et européenne gagne du terrain. Mais l’augmentation des charges constitue autant de freins et de signaux contradictoires.

Un contexte plutôt favorable à la production d’oléoprotéagineux
Alexis Verniau, ingénieur à Terres Inovia. ©LR/Apasec

Les marchés des oléoprotéagineux sont en pleine évolution. Malgré une stabilisation intervenue depuis le mois de juillet, les prix des engrais restent à des niveaux
nettement plus élevés qu’avant 2021. Le coût de la mécanisation subit, quant à lui, une inflation historique. Cette hausse est liée à l’augmentation des coûts des matières premières et des marges en régime d’inflation. Pour le tournesol, la récolte 2023 a été marquée par une marge brute en importante baisse, par rapport aux excellentes années 2021 et 2022. Elle reste tout de même supérieure à la moyenne 2016-2020. Selon Terres Inovia, la campagne 2024 devrait connaître une marge proche de celle de 2023. Concernant le soja irrigué, la marge a été résistante, surtout lorsque l’irrigation a été réalisée en fin de cycle et que la pression parasitaire a été contenue. Mais la forte variabilité des prix et du rendement ne permet pas d’envisager une projection pour l’année 2024. La récolte 2023 s’est donc terminée dans un contexte de forte augmentation des charges, conjuguée à des marchés en retrait. Ce qu’Alexis Verniau, ingénieur à Terres Inovia, appelle un « effet ciseau », après deux très bonnes campagnes.

Des incertitudes sur la production de soja et d’huile de palme

À l’international, la campagne de commercialisation 2023-2024 annonce une bonne disponibilité en colza et en tournesol. Malgré la guerre, la capacité d’exportation de l’Ukraine et de la Russie semble maintenue. Cette dernière a même connu une récolte de tournesol record. En Australie, la tendance est bien différente. Ce pays est lourdement impacté par la sécheresse provoquée par El Niño. « Ce phénomène climatique est une succession de grosses sécheresses et de gros orages qui impacte les productions australiennes », explique l’ingénieur. Résultat ? Une récolte de colza australien divisée par trois. El Niño fait également vivre des sueurs froides aux producteurs de soja sud-américain et d’huile de palme en Asie du Sud-Est. « L’Indonésie et la Malaisie ont peu de main-d’oeuvre pour replanter leurs palmeraies vieillissantes, ce qui va retarder la production », affirme le professionnel. La demande en biodiesel pour les transports par poids lourds connaît également une hausse au niveau mondial. Autre facteur clé : la végétalisation de l’alimentation en plein développement dans un certain nombre de pays occidentaux. Autant d’éléments qui vont tirer le marché des huiles oléagineuses vers le haut. Mais les producteurs doivent garder en tête que le plan de retrait de 75 substances actives pour les protéagineux peut être un frein à leur développement.

Léa Rochon avec Terres Inovia

Malgré une stabilisation observée depuis le mois de juillet, le coût de la fertilisation reste à des niveaux nettement plus élevés qu’avant 2021.